Alors que les élections municipales approchent, les communistes veulent fédérer les partis de gauche à Toulouse. Ils travaillent ainsi à un projet commun pour la Ville rose.
Un peu plus d’un an avant les élections municipales, les communistes de Haute-Garonne (PCF 31) se mettent en ordre de bataille à Toulouse. Mais Pierre Lacaze, membre du conseil municipal de la Ville rose, prévient, l’heure n’est pas encore à la construction d’une liste. « Il faut d’abord construire un projet commun avec les autres forces politiques de gauche. Nous allons donc rencontrer le Parti socialiste, les Ecologistes, la France Insoumise, le Parti radical de gauche, Place publique et le Mouvement républicain et citoyen pour en discuter, avant de parler casting », indique l’élu avant de former le souhait d’un « projet à la hauteur pour Toulouse » qui serait présenté « avant l’été 2025 ». Pierre Lacaze veut voir grand. Pas question, donc, de se limiter à la durée du prochain mandat. « Nous voulons un projet qui porte loin et prépare l’avenir de 2026 à 2050. Quand Moudenc ne veut que préserver. C’est le titre de ses vœux », relève-t-il. Pour lui, le maire fait preuve de « trop d’immobilisme ».
Et ce, alors que Toulouse va devenir la troisième ville de France, comme ne manque pas de le souligner l’élu. « C’est l’affaire de quelques années », estime-t-il. À l’approche de cette échéance, les membres du Parti communiste souhaitent ainsi travailler sur la création d’arrondissements et de mairies de quartier à Toulouse, à l’instar de ce qui est fait à Paris, Marseille et Lyon. « Nous allons solliciter l’expérience de nos collègues de gauche dans ces villes, puis en parler avec les comités de quartier avant de porter cette proposition précise », annonce Pierre Lacaze. Les communistes, d’ailleurs, comptent également faire appel à leurs militants et aux associations pour construire leur projet pour la ville. « Il faut remettre du dialogue dans ces élections », appuie Emma Save, secrétaire fédérale de la jeunesse communiste. Dialogue qui, selon le PCF 31, se fait trop discret à Toulouse. « Il y a un manque conséquent sur la démocratie participative. Souvent, Jean-Luc Moudenc a fait des propositions projet par projet, avec des budgets insuffisants par quartier et sans cohérence avec les problèmes d’urbanisme et de mobilité », déplore Pierre Lacaze.
Concernant la mobilité, justement, l’élu appelle de ses vœux « une structure commune réunissant le département, la région, la métropole et la ville, pour faire face aux enjeux des transports ». « Il y a eu insuffisamment de travail de coopération entre ces collectivités », pense le conseiller municipal. Outre le développement des transports, les membres du PCF 31 à Toulouse veulent « tendre vers la gratuité des transports, notamment pour les plus jeunes et les seniors ». « Il y avait eu, sous Pierre Cohen, un tarif jeune. Mais il n’a fait qu’augmenter depuis et les gratuités avaient disparu pour les seniors », regrette Pierre Lacaze qui veut s’inspirer de ce qu’a pu faire Montpellier qui a mis en place la gratuité des transports fin 2023. « Nous allons demander un retour d’expérience pour savoir ce que cela permettrait à Toulouse », informe-t-il. Toujours sur la question des mobilités, les communistes, qui ont « toujours été pour le métro », veulent « finir la troisième ligne en allant plus vite que Jean-Luc Moudenc et en faisant mieux ».
Dans son projet, le PCF 31 prévoit également le « maintien des services publics ». « Pas assez de crèches ont été créées sous les mandats de Jean-Luc Moudenc et les crèches familiales, qui étaient des gardes à domicile publiques, ont été supprimées », dénonce l’élu qui s’oppose également aux suppressions de postes, notamment celles prévues dans les bibliothèques municipales. « Les agents m’ont indiqué que cela allait rendre leurs services extrêmement compliqués », rapporte Luc Ripoll secrétaire départemental du PCF 31 avant de pointer du doigt les décisions de Jean-Luc Moudenc. « Il a été le premier maire d’une grande ville à signer avec l’État une limitation des dépenses de fonctionnement de la ville. Cela a conduit, dès 2018, à des politiques d’austérité qui, aujourd’hui, mettent les employés territoriaux de la ville et de la métropole en grande difficulté », juge Luc Ripoll.
Les communistes veulent par ailleurs mettre en place l’encadrement des loyers, construire davantage de logements sociaux, donner plus de moyens à l’éduction et aussi, plus étonnant, mettre l’accent sur la sécurité. « Nous portons des idées qui ne sont peut-être pas forcément populaires à gauche. Mais, pour nous, il faut garantir la sécurité de chacun à toute heure de la journée et partout à Toulouse, que ce soit dans la rue ou les transports », justifie Emma Save qui souhaite le déploiement d’agents de sécurité sur les quais du métro ou dans certaines lignes de bus. Pierre Lacaze évoque également des médiateurs. Mais face aux « meurtres à armes à feu » et au « narcotrafic », il rappelle que « la sécurité doit être assurée par la police nationale » à Toulouse. Il déplore ainsi « le manque de réponse de l’État » à ce sujet. « Peu de moyens ont été mis », considère-t-il avant de noter que « Jean-Luc Moudenc ne proteste pas assez sur le manque de policiers nationaux » dans la Ville rose.
Autant d’enjeux autour desquels les communistes espèrent donc rassembler les autres partis de gauche à Toulouse pour les municipales. « Et si nous sommes tous d’accord sur le contenu du programme, nous nous mettrons d’accord sur la liste », annonce Pierre Lacaze qui veut éviter ce qu’il s’est passé en 2020 où trois listes de gauche s’était présentée. Déjà, plusieurs chefs de file se sont annoncés à gauche, tels que Régis Godec ou Isabelle Hardy, et les communistes en désigneront également. « Il faudra discuter de la tête de liste et sur sa capacité à rassembler », prévoit l’élu. Il évoque, notamment, Carole Delga, qui, selon un sondage de La Tribune, arrive en tête des personnalités de gauche qui pourraient battre Jean-Luc Moudenc aux prochaines élections. Mais rien n’indique qu’elle souhaite se présenter.
Toutefois, si cela fait maintenant plus de dix ans que la gauche a quitté la tête de la Ville rose, les communistes sont confiants. D’après eux, « il y a une véritable occasion pour elle de revenir en gestion ». « La droite est affaiblie. Jean-Luc Moudenc s’use, puisque, au-delà de ses mandats de maire, ça fait près de 40 ans qu’il est aujourd’hui élu à Toulouse », note Pierre Lacaze avant de rappeler que le maire s’est « lancé en campagne très tôt ».
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