Le nombre d’attaques informatiques signalées à l’ANSSI (Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information) a augmenté de 37% entre 2020 et 2021, à l’échelle nationale. En Occitanie, une hausse de la cybercriminalité a également été observée avec 11 600 faits recensés, soit une hausse de 18% en un an. Un constat établi sur la base des plaintes enregistrées par le service cybercriminalité de la gendarmerie. Sébastien Viou, directeur cybersécurité chez Stormshield (filiale d’Airbus) à Toulouse, explique ce phénomène.
Sébastien Viou, quels sont les principales cyberattaques dont sont victimes les particuliers ?
L’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI) a communiqué des statistiques qui indiquent une forte hausse des attaques aux particuliers. Nous observons une explosion des arnaques téléphoniques. Nous constatons également de nombreuses escroqueries au travers de l’envoi de mail ou SMS comprenant des liens cliquables pour récupérer des colis quand aucune commande n’a été effectuée. Nous retrouvons également des attaques ciblées dans le but de voler une adresse mail ou un numéro de carte bleue. La personne reçoit par exemple un message affirmant qu’il est nécessaire de réaliser un diagnostic sécurité de son ordinateur..., qui sera facturé 20 euros. Et finalement, c’est 5 000 euros qui seront prélevés. Une petite cybercriminalité qui, organisée en groupe, atteint rapidement une dimension industrielle.
Quelles sont les principales cibles des cybercriminels ?
Géographiquement parlant, aucune région de France n’est particulièrement visée par la cybercriminalité, pas même l’Occitanie. Effectivement, les attaques ne proviennent pas d’Occitanie, mais sont effectuées depuis les pays de l’Est, l’Afrique… Elles concernent donc tous les pays et toutes les régions, sans distinctions.
Concernant les individus ciblés, les cybercriminels visent essentiellement des personnes qui ne connaissent pas les outils de protection d’un ordinateur. Une personne âgée, par exemple, se fera plus facilement duper en répondant à un faux mail des impôts.
Quant à la grande cybercriminalité, c’est à dire les attaques au travers de logiciels d’extorsion et d’espionnage, les principales victimes restent les hôpitaux. Mais elle sont plus largement dirigées vers les entreprise. Le centre Pierre Fabre, par exemple s’est vu demander une rançon de plusieurs millions d’euros.
Par quoi se caractérise la grande cybercriminalité ?
Nous parlons là de cybercriminalité mafieuse, mise en place par des groupes dotés de moyens de plusieurs centaines de millions d’euros. Un magot constitué par les rançons et la vente des données récupérées. Pour cela, ils volent les données, et les chiffrent. Ils demandent ensuite une somme d’argent, sans quoi ils menacent de les divulguer. Et même s’ils obtiennent ce qu’ils exigent, rien les empêche de revendre les données en douce à des gouvernements ou des concurrents mal intentionnés. Il s’agit d’un véritable marché noir.
Les cyberattaques étatiques font également partie de la grande cybercriminalité. L’on y retrouve des agressions d’État à Etat, ou de services secrets à État. C’est ainsi qu’un gouvernement peut attaquer une société privée afin de voler des secrets industriels et les utiliser ensuite à ses fins. Le dernier exemple en date étant celui de la Russie qui a ciblé l’Ukraine avec des cyberattaques en déni de service (DDoS), visant à rendre inaccessible un serveur. Un stratagème mis en place dans l’objectif de faire tomber les infrastructures critiques avant l’attaque physique. Nous parlons ici de cyber-guerre.
Quels sont vos conseils à destination des particuliers pour se prémunir des cyberattaques ?
Se méfier de tout ! La moindre sollicitation est à mettre en doute. Statistiquement, il est plus souvent question d’une arnaque que d’une demande légitime. Il ne faut jamais cliquer sur les liens envoyés par SMS ou par mail.
Et pour les entreprises ?
Du côté des entreprises, elles doivent faire appel à des professionnels. Par exemple, à des intégrateurs ou des opérateurs qui ont les compétences pour accompagner une société dans sa cybersécurité. C’est la première chose à faire. Il faut également effectuer des sauvegardes déconnectées (clé USB, disque dur…) et régulières qui permettront de conserver ses données en cas d’attaque. Ainsi, les données ne seront pas corrompues.
Gabrielle Barents
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