Allons-nous vers un effacement de Toulouse ? C’est en tout cas ce que craint François Briançon. Ce dernier, qui remplace François Piquemal depuis sa démission du conseil municipal, et d’autres élus de l’opposition de Toulouse ont fait part de leurs inquiétudes pour la Ville rose lors de la première assemblée de l’année.
Les élus du conseil municipal se réunissaient pour la première fois de l’année ce vendredi 10 mars. Un premier conseil marqué par l’arrivée de François Briançon (PS). Il remplace François Piquemal, élu du groupe Alternative municipaliste citoyenne (AMC), qui a décidé de se consacrer à son mandat de député. Ce dernier a ainsi démissionné en décembre dernier du conseil municipal. Si le maire de Toulouse Jean-Luc Moudenc a salué l’arrivée de François Briançon, celui-ci ne s’est pas laissé amadouer. L’élu, qui a l’habitude des joutes politiques puisqu’il a été élu à la municipalité en 1995 et réélu en 2008 et 2014, n’a en effet pas été tendre avec la majorité pour son retour.
Selon lui, elle doit en faire plus. « Notre ville devrait être beaucoup plus ambitieuse pour lutter contre la fracture sociale toulousaine qui persiste et s’intensifie, beaucoup plus volontaire contre le réchauffement climatique, beaucoup plus offensive pour redistribuer du pouvoir d’achat aux habitants », souligne François Briançon. Face à ces propos, Pierre Esplugas-Labatut, adjoint au maire et porte-parole du groupe majoritaire Aimer Toulouse, a tenu à rappeler certaines mesures mises en place « pour atténuer la rigueur de la crise énergétique et économique » comme la création de la mutuelle communale pour les seniors, le développement d’aides pour la rénovation énergétique des logements ou encore le remplacement d’un véhicule polluant.
Mais l’élu de l’opposition appelle à un « changement de braquet ». « Malgré l’excellence économique, universitaire, culturelle, sportive et l’engagement des Toulousains, je pense que si une grande impulsion, si un sursaut n’est pas rapidement donné, le risque pour Toulouse est une certaine forme d’effacement », craint François Briançon. Il demande ainsi « des politiques publiques innovantes, ambitieuses, courageuses ». « Toulouse sera bientôt la troisième ville de France. Elle doit s’inscrire dans une nouvelle dynamique, au risque de sortir de cette lourde et dure période durablement affaiblie », estime le conseiller municipal.
Pierre Esplugas-Labatut a alors voulu « rassurer » François Briançon. « Toulouse n’est pas en voie de déclassement », assure l’élu. Et de rajouter : « Dans un récent classement publié par Le Journal du Dimanche sur les métropoles les plus attractives, Toulouse est classée dans les premières. Donc, pour le déclassement, on repassera ». Jean-Luc Moudenc, de son côté, souligne : « Toulouse constitue un des territoires les plus dynamiques du pays. Je rappelle que lors du précédent mandat nous avions investi 4,5 milliards d’euros. Nous avons prévu d’en investir plus de 7 milliards lors de ce mandat. C’est dire la mesure de notre ambition dans des domaines extrêmement variés ».
Parmi ces domaines : l’éducation. « Les écoles sont le premier poste d’investissement sur le mandat. Pour rappel, un demi-milliard d’euros leur a été consacré sous les deux mandats. Dix groupes scolaires ont été construits entre 2014 et 2020, 11 le seront entre 2020 et 2026 et 21 opérations d’extension auront été menées, si bien que rien n’aura jamais été autant fait sur les écoles que durant nos deux mandats », indique Pierre Esplugas-Labatut à Antoine Maurice, président du groupe d’opposition Toulouse Écologiste, Solidaire & Citoyenne (TESC). Comme François Briançon, ce dernier trouve que la majorité ne fait pas assez, et particulièrement dans les écoles.
Pour justifier ses dires, l’élu d’opposition s’appuie sur l’Observatoire des écoles lancée par son groupe. « Avec plus de 300 réponses obtenues et un retour sur 101 écoles, nous voyons beaucoup de points noirs, notamment sur l’inadaptation au dérèglement climatique de nos écoles, la vétusté des locaux et les moyens humains comme l’encadrement du périscolaire », liste l’élu. Mais Pierre Esplugas-Labatut ne trouve aucune légitimité à cet observatoire. « C’est tout sauf un organe indépendant, composé d’experts avec une vue impartiale, tant ont été proposées des questions du type, je cite : “Comment évaluez-vous l’état de vétusté des bâtiments de votre école ?”. De telles questions sont naturellement orientées », signale-t-il. Antoine Maurice se satisfait toutefois d’avoir obtenu la tenue en juin 2023 d’une réunion sur la stratégie pluriannuelle dans les écoles « dont la majorité parle, mais dont nous ne voyons pas les actes ».
Commentaires