Depuis quatre ans, Atmo Occitanie mesure les taux de concentrations de pesticides dans l’air dans cinq départements de la région. Voici un premier point sur les zones les plus contaminées et les types de molécules les plus fréquemment observées.
Vignes, colza ou arbres fruitiers… les cultures dominantes des différents départements d’Occitanie ont un impact notable sur les concentrations de pesticides mesurées dans l’air. Afin d’évaluer les conséquences de la pollution liée à l’activité agricole sur notre environnement, Atmo Occitanie a suivi l’évolution de la qualité de l’air ambiant dans 11 sites ruraux de la région, repartis sur 8 départements. Si la plupart des sites ne sont surveillés que depuis 2020, cinq d’entre eux font l’objet d’une campagne d’observation ayant démarré sur l’année agricole 2018-2019 (correspondant à une période saisonnière de croissance des végétaux). C’est le cas du Lauragais en Haute-Garonne, de l’Aude, du Gard, des Pyrénées-Orientales et du Tarn-et-Garonne. De quoi dégager quelques tendances sur l’impact de l’agriculture sur la qualité de l’air en Occitanie.
Sans surprise, le premier enseignement de ces travaux de surveillance est relatif au caractère systématique des pollutions agricoles. Aucun des territoires surveillés n’étant épargné. « Les résultats des campagnes 2019-20 ont montré la présence de pesticides dans l’air ambiant sur l’ensemble des environnements étudiés », alerte l’observatoire régional de l’air avant de préciser que son enquête n’inclut pas, sur cette période, de zones urbaines ni de prairies. « Atmo Occitanie prévoit d’échantillonner à nouveau les environnements urbains, où les concentrations observées étaient supérieures à certains environnements agricoles lors de la campagne 2018-19 », précise toutefois l’organisme.
Par ailleurs, Atmo Occitanie relève qu’en 2019-20, « les concentrations cumulées de pesticides mesurés sur chacun des sites ont été plus importantes que celles observées lors de la campagne précédente ». Des variations quantitatives (concentrations), qualitatives (typologie des pesticides les plus utilisés) mais aussi territoriales qui peuvent s’expliquer par la nature de l’activité agricole locale dominante (viticulture, arboriculture ou grandes cultures céréalières).
Sur la campagne de surveillance 2019-2020, Atmo Occitanie a identifié 27 types de pesticides différents sur les 86 molécules recherchées. Dans le détail, l’observatoire à recensé 11 fongicides, 9 herbicides et 7 insecticides.
Et c’est dans le Tarn-et-Garonne, département marqué par une plus grande variété de types de cultures, que les résultats ont révélé « le plus grand nombre de pesticides différents quantifiés [ainsi qu’une] grande diversité des substances mesurées dans les échantillons ».
Par ailleurs, à contrario d’une tendance générale, le Lauragais et Gard sont les deux seuls territoires ou le nombre de molécules différentes quantifiées augmente entre les périodes 2018-2019 et 2019-2020, malgré la réduction du panel de molécules recherchées (passé de 103 à 86 sur les même périodes).
Parmi les pesticides les plus fréquemment identifiés en Occitanie, Atmo a recensé trois fongicides (Folpel, cyprodinil et spirocamine), deux herbicides (pendimethaline et métolachlore) et un insecticide (le Lindane). Trois de ces substances se démarquent par leur usage intensif. Ainsi, le fongicide Folpel, particulièrement utilisé dans les région viticoles pour lutter contre les champignons ou parasites comme le mildiou et l’oïdum présente des concentrations cumulées (autour de 350 nanogrammes par mètre cube d’air [ng/m3]) nettement supérieures à tous les autres pesticides.
En comparaison, le pendimenthaline et le métolachlore, deux herbicides ayant les taux de concentrations cumulés les plus importants après le Folpel, avoisinent respectivement les 150 ng/m3 et 60 ng/m3. À noter que le Lindane fait partie des molécules les plus fréquemment identifiées dans l’air en Occitanie bien que son usage comme insecticide soit interdit depuis 1998. « Les concentrations mesurées, relativement faibles, ne sont pas liées à un usage mais à une rémanence de la substance active dans l’environnement », explique Atmo Occitanie.
En raison de sa forte densité de parcelles viticoles, les agriculteurs audois sont amenés à user plus massivement de fongicides comme le Folpel pour protéger leurs vignes. Ainsi, dans l’Aude, la concentration cumulée de ce fongicide dans l’air sur les sites surveillés (252 ng/m3) durant l’année 2019-2020 s’avère 5 à 10 fois supérieure aux sites contrôlés dans les autres départements d’Occitanie (53 ng/m3 dans le Gard ou 23 ng/m3 dans le Tarn et Garonne). De manière plus générale, l’Aude présente des concentrations de pesticides dans l’air (toute molécules confondues) plus de quatre fois supérieures aux niveaux médians relevés dans le reste de la France.
En revanche, sur cette même période, les concentrations cumulées de Folpel relevées dans le Gard, un département également viticole, n’ont pas dépassé les 53 ng/m3. Les fortes variations d’usage de ce fongicide entre territoires mais également d’une année sur l’autre peuvent s’expliquer, selon Atmo Occitanie, par « des conditions météorologiques exceptionnelles (chaleur, humidité) ayant entraîné la propagation de la maladie du mildiou sur les parcelles viticoles, et un usage en proportion de traitement sur les vignes ».
Par ailleurs, lors de la période 2019-2020, le Tarn-et-Garonne était champion de l’usage de Pendimethaline et du Métolachore, deux herbicides. Leur concentration atteignait alors respectivement 90 ng et 32 ng par m3 d’air dans ce département où la culture arboricole est dominante. Dans le Lauragais, second plus important consommateur d’herbicides, ces concentrations sont estimées à 45 ng/m3 pour le Pendiméthaline et 27 ng/m3 pour le Métolachlore.
Enfin, les taux mesurés sur les sites d’observations dans les autres départements sont significativement moins importants. Les Pyrénées-Orientales étant le département ou les concentrations cumulées de pesticides ont été les plus basses des sites d’Occitanie surveillés durant la période 2019-2020.
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