Lieu de culte iconique du Gard, l’abbatiale Saint-Gilles est devenue un incontournable sur les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle, grâce à la légende de son saint patron et son emplacement stratégique.
Depuis un millénaire, l’abbatiale de Saint-Gilles (Gard) attire les curieux foulant les chemins vers Saint-Jacques-de-Compostelle. Au fil des siècles, les innombrables pèlerins se pressent autour de cet édifice religieux, où le corps de l’ancien moine repose. La popularité de ce lieu, au cœur du pèlerinage, est telle qu’une ville est érigée à cet endroit, et prend le nom de Saint-Gilles.
Au Moyen Âge, la ville accueillait tellement de pèlerins, venus de l’Europe entière, qu’une monnaie exclusive y a été créée pour marchander sur place. Encore aujourd’hui, beaucoup viennent y admirer son église, inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco, sur les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle. Mais alors, pourquoi l’abbatiale de Saint-Gilles est-elle si prisée des pèlerins ?
Tout d’abord, la popularité du lieu tient à la légende du saint patron qui repose dans la ville. À l’origine, Saint-Gilles, dit “L’Ermite”, a vécu dans l’actuel Gard, entre le VIIe et VIIIe siècle. Un jour, il a été pris au cœur d’une chasse royale alors qu’une biche pourchassée était venue se réfugier auprès de lui. Touché par une flèche, l’Ermite aurait demandé au roi wisigoth de construire un monastère sur les lieux, en guise de dédommagement. Par la suite, l’Ermite aurait donné tous ses biens aux pauvres, avant de devenir moine.
Environ un siècle après la mort de Saint-Gilles, le monastère devient un lieu de culte dédié à l’homme d’Église, devenu très populaire dans la région et au-delà. Vénérées par les Églises catholique et orthodoxe, les reliques liées aux pèlerins et conservées dans le monastère, ainsi que la grande prospérité de la région, attirent alors de nombreux visiteurs. Au XIIe siècle, une nouvelle église, qui deviendra l’abbatiale Saint-Gilles, est érigée face à l’afflux inattendu de fidèles.
De style roman provençal, le bâtiment impressionne par son architecture. Parallèlement, son escalier en Vis, vestige de l’ancienne église, est considéré comme une prouesse technique pour l’époque. Il est encore visible au milieu des ruines et attire des tailleurs de pierres curieux. Cependant, la nouvelle abbatiale de Saint-Gilles ne sera pas épargnée par les conflits locaux. Elle sera grandement endommagée au fil du temps. Presque détruit au XVIe siècle, l’édifice sera partiellement reconstruit, puis connaîtra une restauration générale entre 1842 et 1868.
Si la légende de Saint-Gilles a fortement aidé à rendre la ville populaire auprès des pèlerins, ce n’est pas la seule raison. Entre autres, le lieu est installé à un carrefour entre différentes routes de pèlerinage. D’abord, la ville se situe sur la via Tolosana vers Saint-Jacques-de-Compostelle, un chemin incontournable pour les pèlerins du Sud de l’Europe.
Aussi, les croyants venus d’Île-de-France ou du Nord de l’Hexagone passaient en nombre pour se rendre en Espagne. Pour cause, la ville se trouve aussi sur le chemin vers Rome et le Vatican. De plus, la commune se situe sur le chemin de Régordane (GR®700) et diverses randonnées la reliant au Puy-en-Velay. Enfin, installé en Camargue et à proximité du Petit-Rhône, Saint-Gilles abritait un port où se retrouvaient marchands, pèlerins et croisés, avant même que le monastère ne prenne place. Ainsi, l’emplacement stratégique et la popularité de la légende qui entoure la ville et son église abbatiale ont imposé Saint-Gilles comme un passage obligé sur les chemins de Compostelle.
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