Carole Delga s’est-elle rendue coupable d’une manœuvre électorale illégale en appelant à utiliser les transports en commun régionaux pour « barrer la route à l’extrême droite », celle-ci ayant elle-même exceptionnellement décidé leur gratuité lors du week-end électoral ?
En deux tweets, Carole Delga a fait basculer ce qui devait être une mesure d’incitation citoyenne en manœuvre jugée antidémocratique par ses détracteurs. En effet, ce dimanche 17 avril, dans deux messages publiés sur le réseau social Twitter à quelques secondes d’intervalle, la présidente de la région Occitanie a fait la promotion de sa mesure exceptionnelle instaurant la gratuité des transports régionaux pour les électeurs se rendant à leur bureau de vote pour le second tour de l’élection présidentielle avant de lancer un appel à faire barrage à l’extrême droite. Une consigne politique qu’elle lie elle-même, dans un fil de discussion, à l’avantage offert aux électeurs de la région.
« Dimanche prochain, tous aux urnes pour barrer la route à l’extrême-droite. Allez-y en train ou en car liO : Occitanie, c’est gratuit ! #2ndtour », a partagé Carole Delga sur son compte twitter. Un message accompagné d’éléments de communication de la région Occitanie relatifs au dispositif exceptionnel de gratuité des transports.
Un mélange des genres relevé par de nombreux internautes qui estiment que la présidente de la région utilise les « biens et deniers publics à des fins électorales », mais également par des responsables du Rassemblent national qui ont interpellée l’élue. Le maire RN Louis Aliot a, par exemple, directement interpellé l’élue et qualifié la situation d’« utilisation des transports publics et donc des moyens publics à des fins électorales ». Une accusation reprise par Jean-Paul Garraud, le président du Groupe Rassemblement National Occitanie qui a menacé la présidente de « signaler ces faits au procureur ».
Dans la litanie des commentaires suscités par ce post, certains utilisateurs du réseau n’ont pas hésité à faire la comparaison avec des pratiques émanant de « pays totalitaires ». D’autres encore, ont déploré le manque de neutralité de la présidente de la région Occitanie ou se sont interrogés sur le caractère démocratique et légal d’une telle démarche.
Suite à cette polémique et à un signalement, la Commission nationale de contrôle de la campagne électorale en vue de l’élection présidentielle (CNCCEP) s’est saisie de l’incident. Contactée par notre rédaction, la CNCCEP a confirmé que le rapporteur est actuellement en train d’étudier le dossier, mais n’a pas formulé de commentaires sur les faits.
En effet, l’organe chargé de veiller au bon déroulement de la campagne attend la fin du scrutin pour rendre public son avis. Un rapport général faisant la synthèse de toutes les infractions constatées durant la campagne devrait être publié une quinzaine de jours après le deuxième tour de la présidentielle.
De son côté, la Région revendique avoir déployé cette mesure afin de favoriser la participation du plus grand nombre au second tour de la présidentielle, sans considération partisane ni discrimination. « Cette mesure tarifaire, directement liée aux compétences de la région, ne favorisera aucun candidat en particulier puisque tous les usagers ayant la qualité d’électeur pourront bénéficier de cette gratuité sans aucune considération politique. Le principe constitutionnel d’égalité des usagers est donc parfaitement respecté en l’espèce », se défend la collectivité qui affirme que cette mesure ne relève d’aucun détournement de fonds.
Par ailleurs, la Région insiste sur le fait que la campagne de communication informant les usagers de cette mesure n’est « contraire à aucune disposition du code électoral (…) puisqu’elle ne fait référence à quelque programme ou quelque candidat que ce soit ». Une nuance sur laquelle devra se pencher la CNCCEP afin de déterminer si le tweet du 17 avril de la présidente de la région doit être considéré ou non comme constituant un élément de la campagne de communication adressé aux usagers et si la mention « barrer la route à l’extrême droite » doit être interprété comme une consigne de vote.
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