Treize ans après le crash du vol AF 447 entre Rio et Paris, la compagnie Air France, et le constructeur de l’avion, Airbus, sont jugés pour homicide involontaire.
C’est un procès très attendu. Celui de l’accident le plus grave subit par une compagnie aérienne française. Treize ans après le crash du vol AF 447 entre Rio et Paris, la compagnie Air France et le constructeur de l’Avion, Airbus, sont jugés pour homicide involontaire. L’audience se déroule au tribunal correctionnel de Paris à partir de ce lundi 10 octobre. Elle doit durer neuf semaines, jusqu’au 8 décembre, ce qui laisse présager un important défilé d’experts.
À ce jour, les responsabilités de chacun ne sont toujours pas déterminées. Les deux partenaires commerciaux ont été mis en examen en 2011. Dix ans après le crash, en 2019, ils ont bénéficié d’un non-lieu décidé par les juges d’instruction du tribunal de grande instance de Paris. Mais il a ensuite été invalidé deux ans plus tard par la chambre de l’instruction après un appel des parties civiles. Airbus et Air France vont une fois de plus tenter de prouver qu’ils ne sont pas responsables, quitte à se défausser sur les pilotes.
Le 1er juin 2009, un Airbus A330 d’Air France faisant un vol entre Rio et Paris s’est abîmé en mer à mi-chemin entre le Brésil et le Sénégal, 3h45 après avoir décollé de l’aéroport Antonio-Carlos-Jobim. Douze membres d’équipage et 216 passagers, de 33 nationalités différentes, ont perdu la vie.
Des débris et des corps ont rapidement été repérés. En revanche, l’épave de l’Airbus d’Air France n’a été localisée qu’en avril 2011, et les boîtes noires avec, ce qui a permis aux enquêteurs de mieux comprendre le déroulement de l’accident.
L’enregistrement des voix dans la cabine de pilotage révèle que le drame s’est déroulé en seulement quatre minutes. Tout bascule à 2h10 du matin, après que le commandant de bord aux 11 000 heures de vol quitte le cockpit pour se reposer. Les deux autres pilotes, moins expérimentés, sont seuls aux commandes lorsque les sondes Pitot, chargées d’indiquer la vitesse de l’avion, se givrent, puis cessent de fonctionner dans une zone orageuse. Résultat : les informations transmises au cockpit sont incohérentes et le pilote automatique se désactive. Une alarme signe le décrochage de l’appareil. En panique face à des instruments dont il ne comprend pas les messages, un des pilotes tire sur la manche, ce qui a pour effet de cabrer l’Airbus de plus en plus, jusqu’à la chute.
Le problème des sondes était connu. Dans son arrêt de renvoi, la cour d’appel considère qu’il existe des charges suffisantes contre Air France qui se serait abstenue « de mettre en œuvre une formation adaptée [et] l’information des équipages qui s’imposait », « ce qui a empêché les pilotes de réagir comme il le fallait ». Aussi, Airbus a « sous-estimé la gravité des défaillances des sondes anémométriques équipant l’aéronef A330, en ne prenant pas toutes les dispositions nécessaires pour informer d’urgence les équipages des sociétés exploitantes et contribuer à les former efficacement ».
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