Le procès de l’accident d’un bus scolaire percuté par un TER à Millas dans les Pyrénées-Orientales est suspendu au quatrième jour d’audience. La conductrice, accablée par les questions, s’est effondrée en larmes.
Nadine Oliveira s’est effondrée en larmes. La conductrice du bus scolaire percuté par un TER à Millas, dans les Pyrénées-Orientales en 2017 a craqué durant un interrogatoire dans l’après-midi du jeudi 22 septembre. Les avocats des parties civiles sont revenus sur son « trou noir », ce laps de temps qui sépare les secondes avant le choc et le moment où elle reprend connaissance. La présidente du tribunal a dû suspendre l’audience.
Depuis lundi 19 septembre, ce procès hors norme se tient à Marseille. Le 14 décembre 2017, il est un peu plus de 16 heures lorsque le car, qui ramène une vingtaine d’ados dans les villages du coin, est percuté sur le passage à niveau numéro 25 à Millas. L’état du véhicule témoigne de la violence du choc. Il est littéralement coupé en deux. Six collégiens ont trouvé la mort. Dix-sept ont été grièvement blessés. Ils ont eu des ITT allant de deux à 180 jours. Le procès doit durer trois semaines.
La conductrice de 52 ans est jugée pour homicides et blessures involontaires. Depuis ses premières auditions, elle raconte la même version. Elle maintient que la barrière du passage à niveau était ouverte lorsqu’elle s’est approchée. La matinée du quatrième jour d’audience a été consacrée à plusieurs enquêtes. Dans l’après-midi, le tribunal s’est notamment penché sur sa consommation de médicaments.
Nadine Oliveira a repoussé toutes les hypothèses. Quand le procureur Michel Sastre souligne qu’elle franchissait ce passage à niveau huit fois par semaine depuis trois mois sans avoir jamais vu un train, elle répond : « Il n’y a pas de routine, la barrière était ouverte, je suis catégorique. » Lorsque la présidente Céline Ballérini évoque un « micro-endormissement », elle est catégorique : « Non, j’étais en forme, pas fatiguée. »
Un expert s’est étonné que la conductrice ait freiné au passage à niveau et n’ai pas accéléré pour échapper au train. La présidente interpelle la conductrice : « Vous avez entendu. Pourquoi vous n’avez pas accéléré ? » Sa réponse est simple : « La barrière était levée. »
Lorsque son « trou noir » est évoqué, elle raconte en sanglot : « Je me réveille en sursaut, et là, je ne sais pas si j’ai déposé les enfants et je sais qu’il y a un problème. J’ai l’impression de voir la scène d’en haut, les hélicoptères, les cris des enfants… La dernière chose dont je me souvienne, c’est la barrière ouverte. » Les pleurs se sont faits de plus en plus importants. L’audience reprendra lundi 26 septembre.
Bryan Faham
Bryan Faham écrit pour le Journal Toulousain depuis 2021. Formé à l’ISJT, il est passé par le France-Guyane, 20 minutes, La Tribune et Freshr.
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