Pyrénées-Orientales : quel plan pour lutter contre la sécheresse ?

Ce mercredi 22 mai, le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, a dévoilé son plan de résilience de l’eau pour lutter contre la sécheresse dans les Pyrénées-Orientales. Sept projets ont notamment été évoqués lors de sa visite à Canet-en-Roussillon.

Le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, a dévoilé ce mercredi 22 mai à Canet-en-Roussillon, le plan de résilience de l’eau afin de lutter contre la sécheresse dans les Pyrénées-Orientales. Ce programme vise à répondre à la diminution de l’eau disponible pour les activités humaines, une problématique pressante dans cette région qui souffre depuis deux ans d’importants épisodes de sécheresse.

Un phénomène qui se fait de plus en plus ressentir à travers toute la France comme l’indique le ministre en s’adressant aux habitants du département : « Vous vivez déjà le manque d’eau, mais nous devons également l’imaginer pour le reste du territoire français qui ne tardera pas à être touché. » Ainsi, selon Christophe Béchu, le plan de résilience de l’eau a deux vocations principales : « Apporter des solutions immédiates et faire en sorte d’avoir un démonstrateur de solutions dans les Pyrénées-Orientales. »

Le plan de résilience de l’eau du ministre

Ce programme s’articule notamment autour de cinq axes principaux :

1. Répondre à la crise hydrique actuelle.
2. Mieux connaître et planifier la gestion des ressources en eau.
3. Éviter le gaspillage de l’eau.
4. Optimiser la disponibilité de la ressource.
5. Structurer la gouvernance et la gestion de l’eau.

Le plan pour lutter contre la sécheresse dans les Pyrénées-Orientales

Le ministre en a ainsi profité pour annoncer qu’une enveloppe « minimum » de 10 millions d’euros allait être allouée à sept projets étudiés pour lutter contre la sécheresse dans les Pyrénées-Orientales. Ils seront alors financés à hauteur de 50% chacun par l’agence de l’eau, les fonds hydrauliques et les aquaprêts. Avec cette enveloppe, Christophe Béchu prévoit notamment d’améliorer la réutilisation des eaux usées : « Il y a une vraie utilité à être capable de réutiliser les eaux usées, notamment pour les apports en eau pour la profession agricole et la sécurisation des réseaux. » Il envisage notamment l’aménagement de trois sites :

• Argelès-sur-Mer : le centre de traitement local déjà existant rejette 2 millions de m³ d’eau en mer chaque année. Le projet vise à améliorer la qualité de l’eau traitée pour l’irrigation agricole et à créer un réseau de transfert de 14 kilomètres pour irriguer 583 hectares de terres.
• Saint-Cyprien : la station d’épuration rejette 2,1 millions de m³ d’eau dans le canal d’Elne. Le projet améliorera la qualité de l’eau pour des usages diversifiés, notamment pour les espaces verts et les terres agricoles.
• Canet-en-Roussillon : le projet prévoit de traiter 1,6 million de m³ d’eau annuellement rejetée, pour des usages techniques tels que le lavage des voiries.

Des actions seront également menées sur les infrastructures d’adduction, qui permettent de transporter l’eau, de la manière suivante :

• Fleuve l’Agly : sécurisation et optimisation des réseaux d’irrigation sur 50 kilomètres, visant des économies d’eau et une sécurisation des usages.
• Perpignan : amélioration du canal historique de 30 kilomètres pour irriguer 3 000 hectares de terres agricoles et alimenter le lac de Villeneuve-de-la-Raho.
• Corbère : création d’une télégestion sur le canal de Corbère pour une meilleure allocation de l’eau et l’amélioration de l’irrigation.
• Ille-sur-Têt : rénovation des réseaux d’eau potable pour réduire les pertes et améliorer l’efficacité de l’utilisation de l’eau.

Les projets à l’étude contre la sécheresse

En marge de ces annonces, le ministre a également fait part du lancement de plusieurs études pour des projets d’envergure, dont :

• L’extension du réseau Aqua Domitia pour acheminer l’eau du Rhône jusqu’aux Pyrénées-Orientales.
• La création d’un adducteur pour le remplissage de la retenue de Villeneuve-de-la-Raho depuis la Têt.
• La mise en place d’un réseau d’irrigation pour 350 hectares de vignes dans les Aspres.

Par ailleurs, Christophe Béchu a souligné la nécessité de mieux piloter les besoins en eau, d’éviter les « guerres de l’eau » et de lutter contre les fuites. Il a ainsi abordé le sujet sensible des pertes d’eau, en annonçant des mesures pour lutter contre ce phénomène : « Nous allons généraliser la télérelève pour éviter de prélever plus que ce dont on dispose. La guerre aux fuites est lancée dans neuf communes où le taux de fuite est supérieur à 35%. » Pour mieux gérer les besoins en eau, il a également souligné l’importance de la coopération intercommunale : « La moitié des communes sont isolées dans les Pyrénées-Orientales, ce qui est clairement un facteur de fragilité. Nous devons promouvoir des groupements et la mutualisation des ressources pour réagir efficacement lorsqu’il y a un problème. »

Et pour terminer, Christophe Béchu prévoit une augmentation des prix : « Il faut des évolutions tarifaires pour avoir des tarifs qui convergent vers ceux en vigueur dans les autres territoires français. »

Réaction du Conseil départemental des Pyrénées-Orientales

Après la visite et les annonces du ministre, Hermeline Malherbe, présidente du Conseil départemental des Pyrénées-Orientales a souhaité réagir : « 10 millions d’euros, est-ce suffisant ? Non ! Mais c’est une première étape essentielle. Je ne peux que saluer les premières annonces, car le ministre a repris les propositions partagées du territoire et portées au premier chef par le Département des Pyrénées-Orientales. Nous attendons maintenant des preuves de ces engagements. » Elle poursuit : « La réalisation de ces projets est concrète, puisque nous les portons, les financements le sont moins ! Avec les élus du Département, nous n’avons jamais arrêté d’accompagner les collectivités sur l’eau potable et l’assainissement, autant sur l’appui technique que financier. »

Elle termine alors en déclarant : « La réponse n’est pas seulement française mais européenne ! La sécheresse s’installe durablement dans le bassin méditerranéen : l’Espagne, Chypre, Malte, l’Italie, la Roumanie, la Grèce… »