Ligne à grande vitesse (LGV), 3e ligne de métro, RER Toulousain, les priorités des élus de Toulouse Métropole en matière de mobilité ne sont pas les mêmes. Mais l’intervention récente du président de la République en faveur du développement des RER pousse l’opposition à exiger de la majorité qu’elle se positionne et s’engage dans le projet. L’équipe de Jean-Luc Moudenc, elle, ne souhaite pas changer d’aiguillage : la 3e ligne de métro avant tout. Toutefois, elle affirme avoir fait le nécessaire pour intégrer un éventuel cadencement des TER.
Lors du conseil communautaire de ce jeudi 8 décembre, les élus de Toulouse Métropole sont revenus sur la nécessité de désengorger l’agglomération et de passer à la vitesse supérieure en matière de mobilité… Si cet objectif est reconnu unanimement, les moyens mis en œuvre pour l’atteindre divergent entre majorité et opposition. Mais la perspective d’une éventuelle obligation du développement d’un RER Toulousain, annoncée par Emmanuel Macron, crispe les deux bords : les uns accusant les autres d’avoir raté le train. Les autres se défendant devant les uns d’avoir anticipé et de ne pas être restés à quai.
En effet, le président de la République ayant, à la surprise générale, déclaré qu’il souhaitait voir des RER se développer dans 10 métropoles françaises, les cartes sont quelque peu rebattues. Une bonne nouvelle pour l’opposition, une nouvelle contrainte imprévue à gérer pour la majorité. Dans les deux camps, la question reste toutefois la même : quel sera l’engagement financier de l’État ? Car s’il impose, il doit participer. Un principe que partagent tous les élus.
« Si nous sommes satisfaits de l’annonce du président de la République, nous restons dans l’attente d’un calendrier et d’un plan de financement », avance Karine Traval-Michelet, présidente du groupe Métropole solidaire écologique et démocratique. Position que partage son collègue du groupe des Indépendants Joseph Carles, qui espère qu’il ne s’agit pas, de la part du gouvernement, « que d’un effet d’annonce. Il faudra aider les collectivités à mettre en place ces RER, qui viennent en complémentarité des transports du quotidien. Ces derniers devant être la priorité de Toulouse Métropole ».
Et c’est le cas selon Vincent Terrail-Novès, vice-président en charge de l’économie circulaire, et président de séance en remplacement de Jean-Luc Moudenc, qui a contracté la Covid-19. Il vante la vision globale de la majorité en termes de mobilité : « Le métro, les bus, les trams, le RER… Tous ces modes de transport sont complémentaires et pas opposables comme le laisse à penser l’opposition qui place toujours le métro contre le RER, la voiture contre les transports en commun… La position de Jean-Luc Moudenc est consensuelle. »
Un consensus relatif, constate Agathe Roby du groupe Alternative pour une Métropole Citoyenne (AMC) qui rappelle qu’il y a peu, Jean-Luc Moudenc a répété qu’il ne souhaitait pas mettre un centime dans le RER Toulousain. Position tranchée qui surprend même Karine Traval-Michelet, « alors qu’aucune étude ne contredit l’utilité du RER ». Pour Agathe Roby, c’est justement là l’aveu d’un manque de vision globale. Selon l’élue d’opposition, « la majorité a mis tous ses œufs dans le même panier : la 3e ligne de métro et la Ligne à grande vitesse (LGV). Il ne reste plus un centime pour développer les autres modes de déplacement ». Et d’accuser Jean-Luc Moudenc d’être « le serial killer de la transition écologique », car Toulouse est « l’une des métropoles les plus engorgées de France, sans que cela ne pose problème ».
Des accusations que Sacha Briand, vice-président de Toulouse Métropole, en charge des finances, ne peut laisser sans suite : « Depuis 2015, nous mettons en œuvre le Plan de déplacement urbain (PDU). Nous avons ainsi augmenté le nombre de Linéo, développé l’offre de bus… Nous avons étoffé un réseau puissant de transport en commun. Et la 3e ligne de métro n’est qu’un élément de tout ce programme. Certes, l’élément phare, mais pas l’unique. » L’étude de soutenabilité budgétaire n°5 de celle-ci fera d’ailleurs toute la lumière sur le coût réel de sa construction, d’ici février 2023. Tandis que le financement du RER Toulousain lui, reste à définir.
Quant à l’accusation d’un positionnement dogmatique contre le RER, Sacha Briand précise : « Nous n’avons jamais été opposés à un cadencement des TER, car c’est de cela qu’il s’agit en réalité et non d’un RER qui bénéficierait de lignes propres. » Mieux, l’élu tient à démontrer que la Métropole a toujours orienté ses politiques de mobilité en ce sens. « Avec le Grand Projet du Sud-Ouest (GPSO) et l’arrivée de la LGV, nous allons réaménager le réseau ferroviaire au Nord de Toulouse, sans quoi les branches de circulation des trains seraient saturées et ne pourraient pas permettre le passage de trains supplémentaires comme le prévoit le projet de “RER Toulousain” », explique le grand argentier de la Métropole. De même, il cite les cinq connexions au réseau TER permises grâce à la 3e ligne de métro comme celle de la ligne de TER allant à Auch avec Colomiers.
Mais pour la majorité, chacun doit prendre ses responsabilités. « Tisséo et Toulouse Métropole ne demandent rien à personne pour gérer les transports en commun de l’agglomération car elles assument leurs responsabilités. Et tout le monde doit en faire autant. Dans le dossier du RER, chaque collectivité doit être responsable de ce en quoi elle est compétente », lance Sacha Briand, à l’attention de la Région, du Département et de l’État. Un raisonnement qui justifierait la non-participation de Tisséo et Toulouse Métropole au projet de RER Toulousain… Mais qui ne tient pas selon Agathe Roby : « La Métropole n’est pas compétente en matière de LGV et cela ne vous a pas empêché d’y investir une centaine de millions d’euros. Mais cela ne vaut plus pour le RER ?… »
En attendant une annonce claire et définitive du gouvernement, qui trancherait la question du RER Toulousain, le projet reste dans l’expectative, tandis que les travaux de 3e ligne de métro vont être lancés le 15 décembre prochain. Et Sacha Briand le confirme : « Elle entrera en service en 2028 ! »
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