Ce jeudi 19 mai, Sébastien Vincini annonçait sa démission du poste de premier Secrétaire fédéral du Parti socialiste de Haute-Garonne via une lettre ouverte aux militants. Une décision qu’il justifie, alors qu’il conserve ses fonctions nationales. Interview.
Sébastien Vincini, Pourquoi avez-vous pris la décision de démissionner ?
Pour plusieurs raisons. Il faut savoir passer la main. Je fais partie de ceux qui ont œuvré pour le parti depuis de nombreuses années et, depuis quelques temps, j’ai pris d’autres responsabilités au sein du PS. Je suis de ceux qui ont travaillé à mettre le Parti socialiste au cœur de la gauche et cela m’a pris beaucoup de temps. Aujourd’hui, j’ai envie de m’impliquer davantage dans la reconstruction du parti, de sa ligne doctrinale… Pour cela, je veux retrouver le contact avec les gens pour mieux comprendre les maux de notre société.
« Et puis être secrétaire fédéral implique de faire souvent la synthèse, on doit parfois se contenir, contenir sa propre liberté d’expression. Je crois beaucoup à ce beau soleil de l’unité comme disait Jean Jaurès, mais il est aussi important de porter mes propres choix, sans bien sûr devenir sectaire ».
Que répondez-vous aux militants du parti qui estiment que le moment est peut-être mal choisi ?
Les militants ont très bien compris la démarche. Moi-même, je suis un vrai militant, et je suis pleinement engagé dans les législatives, un combat de quatre semaines. Cependant, aujourd’hui, je regarde à plus long terme. Il fallait me dégager du temps pour me concentrer sur mes missions nationales. Toutes ces fonctions font beaucoup pour un seul homme ! (rires)
François Briançon assurera votre intérim jusqu’au prochain congrès du parti…
C’est un homme très expérimenté, la personne qu’il fallait avec qui je travaille très souvent. Il a toute sa légitimité de par son implication à mes côtés. Nous sommes donc très en phase avec nos engagements.
Qu’est-ce que votre démission change pour les élections législatives à venir les 12 et 19 juin ?
Pas grand chose. Je me bats pour que le maximum de candidats du parti soient élus. Je vais continuer de leur apporter mon soutien. Les quatre prochaines semaines y seront dédiées. J’essaye d’amener tout ce que je peux au travers de mes fonctions. Ensuite, viendra le temps de se poser pour réfléchir au futur du parti.
Vous dites vouloir vous “confronter aux problèmes du quotidien” dans la lettre ouverte à vos militants. Par quoi cela va se traduire?
Cela signifie “être auprès des gens”. Il y a beaucoup de souffrance, de rejet, de défiance envers les transitions qui s’opèrent au sein de notre société. L’abandon, le repli sur soi, la malbouffe… autant de sujets pour lesquels je ne suis pas sûr que nous employions les bonnes méthodes. Ma fonction d’élu local me permet d’avoir une approche différente. Avec un score de 1,7% à la dernière élection présidentielle, nous constatons que nous n’avons pas bien saisi les aspirations des électeurs. Nous devons donc réfléchir à de nouvelles orientations, de nouvelles propositions.
Avec cette défaite historique à l’élection présidentielle, il est temps de reconstruire le PS. Par où faut-il commencer ?
Il faut s’ouvrir et rester dans le dialogue avec le reste de la gauche. Les partis de gauche ne peuvent plus se permettre de réfléchir dans leur coin, chacun de leur côté, en cherchant chacun un héros. Le Parti socialiste a besoin de retrouver les accents de ceux qui ont voulu changer les choses.
Il est nécessaire de remettre à plat des chantiers sur la table comme l’immigration, les transitions écologiques et numériques : il faut redéfinir nos axes. Aujourd’hui, un électeur aura du mal à définir les trois axes du Parti socialiste. Nous n’avons pas su marqué. Nous n’avons pas conquis les cœurs. Notre organisation appartient au XXe siècle, il faut pouvoir évoluer et se transformer. Nous sommes à la croisée des chemins.
Propos recueillis par Robin Lopez
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