Face à un blocage politique persistant, le conseil municipal d’Esparsac (Tarn-et-Garonne) a été dissous par décret en Conseil des ministres. Deux ans de tensions et d’impossibilité de gouverner ont conduit à cette décision rare. Une délégation spéciale assurera la gestion de la commune en attendant de nouvelles élections.
C’est une décision rare mais devenue inévitable : le conseil municipal d’Esparsac, petite commune du Tarn-et-Garonne, a été officiellement dissous par décret en Conseil des ministres ce mercredi 9 avril. La mesure prend effet ce vendredi 11 avril. En cause : une situation de blocage institutionnel qui paralyse la vie municipale depuis près de deux ans.
Le préfet du Tarn-et-Garonne explique que cette décision exceptionnelle « tire les conséquences des dysfonctionnements […] qui entravent la bonne administration de cette commune ». Malgré plusieurs tentatives de médiation conduites par le préfet, ni le budget 2024 ni le compte administratif 2023 n’ont pu être votés, faute de consensus au sein du conseil.
Le point d’achoppement remonte à l’élection municipale partielle du 9 janvier 2022. À l’issue d’un scrutin organisé pour pourvoir les sept sièges laissés vacants par une cascade de démissions, c’est l’équipe d’opposition, menée par Jean-Denis Garcia et Geneviève Havard, anciens adjoints de la maire Annie Dupuy, qui a raflé l’ensemble des postes. Résultat : la majorité s’est retrouvée en minorité, avec seulement quatre élus contre sept pour l’opposition.
Cette situation inédite a rapidement plongé le conseil municipal dans une impasse. « L’équipe d’opposition a imposé de déterminer le nombre d’adjoints à trois afin de suivre au plus près la vie de la commune », écrivait alors Annie Dupuy dans un communiqué. Une décision qui, d’ordinaire, revient à la majorité municipale, que la maire n’avait plus. Si Annie Dupuy conserve officiellement son fauteuil, sa marge de manœuvre est devenue très étroite.
Le climat délétère à Esparsac est aussi le fruit de tensions personnelles et politiques de longue date. Les nouveaux élus du 9 janvier 2022 ont reçu le soutien actif d’Odé Guirbal, ancien maire de la commune, avec qui Annie Dupuy entretient des relations houleuses.
Face à l’incapacité du conseil à fonctionner, une délégation spéciale de trois membres sera nommée dans les huit prochains jours par le préfet du Tarn-et-Garonne. Elle sera chargée d’assurer la gestion de la commune jusqu’à l’organisation de nouvelles élections, prévues dans un délai de trois mois.
En attendant, Esparsac entre dans une période transitoire, dans l’espoir de restaurer un climat politique apaisé et une administration municipale pleinement opérationnelle. Mais à l’évidence, la reconstruction ne se fera pas sans efforts ni compromis.
Severine Sarrat
Au journal depuis 2008, elle en connaît tous les rouages. D’abord journaliste polyvalente, puis responsable des pages économiques, elle est aujourd’hui rédactrice en chef.
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