Le Tarn-et-Garonne fait partie des départements de France où les jeunes font le moins d’études supérieures, notamment à cause de leurs origines sociales et de la rareté des emplois qualifiés sur le territoire, selon un rapport de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee).
« Le Tarn-et-Garonne est le septième département de France métropolitaine où les jeunes sont les moins diplômés », révèle l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) dans son dernier rapport. Les chiffres sont clairs : en 2019, près d’un quart des habitants du département, âgés entre 15 et 29 ans, n’a pas de diplôme, ou maximum, un brevet des collèges.
La plupart des jeunes qui ont poursuivi leurs études après le collège se sont orientés vers des filières professionnelles, que ce soit en Bac pro ou en CAP. 14% de ceux qui ont obtenu un Baccalauréat général n’ont pas intégré le supérieur, alors que la moyenne nationale est de 5%. « Très peu se tournent vers les filières sélectives telles que les classes préparatoires aux grandes écoles », des masters ou des diplômes d’ingénieur, poursuit l’Insee.
Pourquoi les jeunes du Tarn-et-Garonne ne poursuivent pas leurs études, ou du moins, choisissent des cursus plus courts ? Selon l’Insee, ce phénomène est lié aux origines sociales. Le département compte en effet de nombreuses familles d’ouvriers et d’agriculteurs. Ce dernier secteur, qui emploie plus de 6% des actifs sur le territoire, ne nécessite pas de hauts niveaux de diplômes. Il en est de même pour les nombreux emplois saisonniers proposés sur le territoire : 5 000 postes sont pourvus chaque année, notamment pour travailler dans les vergers, vendanger ou castrer le maïs.
Le Tarn-et-Garonne est également un carrefour entre les autoroutes A20 et A62. Les activités de transport routier, d’entreposage, comme de commerce, y sont fortement développées et « offrent aussi des emplois souvent peu qualifiés », commente l’Insee.
Les jeunes n’ont donc pas besoin de faire de longues études pour trouver un emploi dans le Tarn-et-Garonne. L’accès au monde du travail est même plus facile pour ceux qui ont suivi des cursus courts (CAP, BTS) que pour ceux qui ont un niveau Bac +5 ou plus. Au niveau régional, c’est également le cas en Ariège et dans les Pyrénées-Orientales.
« Ce phénomène peut s’expliquer par la rareté d’emplois en phase avec la qualification des plus diplômés dans ces départements. Faciliter l’obtention d’un diplôme (de Bac +2 à +4) pour tous les jeunes ayant décroché du système scolaire sans qualification semble donc l’enjeu prioritaire pour favoriser leur insertion professionnelle, plus qu’une élévation du niveau de ceux qui sont déjà diplômés du supérieur », ouvre comme piste de réflexion l’Insee. L’installation prochaine d’une école de la deuxième chance à Montauban s’inscrit dans cette droite ligne, par exemple.
Contrairement à ceux qui ont un niveau de diplôme compris entre Bac +2 et bac +4, les jeunes sans diplômes sont les plus éloignés de l’emploi. Dans le Tarn-et-Garonne : « les deux tiers d’entre eux sont au chômage ou inactifs », note l’Insee. Une raison supplémentaire pour les encourager à poursuivre leur scolarité.
Le département possède une offre de CAP et de Bac pro diversifiée dans les secteurs de l’agriculture, l’hôtellerie, la restauration, le commerce, la coiffure, l’esthétique, la mode, la mécanique, la carrosserie, la logistique et le BTP. À contrario, l’offre d’études dans le supérieur se concentre dans les domaines de la santé, de la gestion, du droit, du management, de la communication, de l’édition, des arts appliqués et du commerce. « Le déficit d’enseignement supérieur, qui n’offre pas de proximité pour les familles les plus fragiles, contribue à limiter l’ambition des élèves et de leurs parents », remarque Pierre Roques, directeur académique des services de l’Éducation nationale du Tarn-et-Garonne.
« Au total, un peu plus de 2 000 jeunes sont inscrits en études supérieures à Montauban. C’est 2,5 fois moins qu’à Albi, qui bénéficie de la présence de formations rares ou d’excellence à recrutement national alors que les jeunes qui étudient dans le Tarn-et-Garonne résident très majoritairement dans le département », analyse l’Insee, qui suggère que l’offre post-bac doit, elle aussi, se développer, afin de rendre plus attractif le territoire pour les jeunes.
Un constat partagé par Chantal Mauchet, préfète du Tarn-et-Garonne. D’autant qu’elle déclare que le département s’apprête à entrer dans « une nouvelle ère », remplie de « transformations majeures ». Avec, notamment, la construction de la ligne à grande vitesse (LGV) entre Toulouse et Bordeaux, de la nouvelle gare TGV multimodale à Montauban-Bressols, connectée à l’A62 par un nouvel échangeur autoroutier, et, à proximité, d’un centre hospitalier départemental entièrement neuf.
À cela s’ajoute le renfort de l’offre touristique, porté par la création d’un centre d’art contemporain à l’abbaye de Beaulieu-en-Rouergue et l’installation d’un centre de conservation archéologique. De plus, « 300 millions d’euros sont actuellement investis pour assurer la modernisation de la centrale de Golfech, capable de produire la moitié de l’électricité nécessaire à une région comme l’Occitanie », complète la préfète. Il lui apparaît donc « essentiel » que les décideurs – pouvoirs publics, monde économique, acteurs de la formation – préparent ensemble, dès à présent, « l’adéquation entre les capacités des jeunes actifs et les besoins productifs de demain ».
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