À seulement 15 ans, Stéphane* vient de créer son propre comité, nommé “Les Jeunes avec Stéphane”, pour lutter contre le harcèlement scolaire et le cyberharcèlement. Ayant lui-même été victime de ce fléau, cette initiative fait écho à son histoire.
« L’injustice et la violence me mettent en colère », confie Stéphane*. À seulement 15 ans, ce lycéen originaire de Caussade, dans le Tarn-et-Garonne, vient de créer le comité “Les Jeunes avec Stéphane”, pour venir en aide aux adolescents victimes de harcèlement scolaire et de cyberharcèlement.
Présent sur les réseaux sociaux, notamment Instagram et twitter, ce collectif a pour ambition de soutenir et d’échanger avec les jeunes qui subissent des violences au quotidien, qu’elles soient physiques ou verbales. « Nous recevons environ cinq nouveaux messages de personnes en détresse chaque jour. Notre objectif est de les accompagner, de leur montrer qu’ils ne sont pas seuls, en discutant avec eux, en leur donnant des conseils, notamment celui de prévenir leur entourage, puis en partageant nos propres expériences, étant donné que la quasi-totalité des bénévoles du comité ont eux-mêmes été victimes de harcèlement », avoue le jeune homme. Des rencontres physiques peuvent également être organisées, sous réserve d’une autorisation parentale.
Aujourd’hui, une trentaine de bénévoles font partie des “Jeunes avec Stéphane”, dont le jeune homme, lui-même, est le président. En outre, « nous recherchons encore des personnes qui souhaitent nous rejoindre, pour accompagner les victimes et faire connaître le collectif », précise l’adolescent.
Le comité travaille en lien étroit avec le Point Information Jeunesse Caussade et le lycée de la commune dans lequel Stéphane est scolarisé. « Nous aimerions aussi collaborer des avocats ou encore des psychologues, pour pouvoir orienter les victimes vers ces professionnels dans les cas les plus graves », ajoute le lycéen.
Des randonnées vont prochainement être organisées pour permettre aux adolescents harcelés de prendre l’air, de se vider l’esprit, d’échanger avec d’autres camarades et de partager un instant convivial. « Ce sera un moment de bienveillance où chacun pourra être tel qu’il est vraiment », assure Stéphane.
Une initiative qui fait écho à son histoire, ayant lui-même été victime de harcèlement au collège. « J’ai commencé à subir les premières moqueries en sixième à cause de mon acné sur le visage. On m’appelait “le boutonneux”, “la calculatrice”, “le complexé” », raconte-t-il. De nature réservé, l’adolescent n’en a parlé à personne. « Je ne connaissais même pas la définition de ”harcèlement”, donc je ne me rendais pas compte de ce que je vivais. Les agresseurs aussi ne savaient pas ce qu’ils faisaient », ajoute le jeune homme.
Un an plus tard, les attaques ont pris une tout autre forme. Stéphane a subi des violences physiques. Il s’est alors confié à ses proches, qui sont intervenus auprès de son établissement scolaire. « La direction m’a réclamé des preuves, que je n’avais pas. Alors j’ai demandé à mes amis de me filmer quand les autres m’insultaient ou me menaçaient de mort », explique-t-il. Une fois les vidéos transmises à l’administration, « les harceleurs ont simplement été convoqués ».
Stéphane a changé de collège mais a de nouveau été harcelé. Sur les réseaux sociaux et par téléphone, cette fois-ci. « C’était la pire des choses. J’étais complètement angoissé », se souvient le lycéen. Il ajoute avoir eu de la chance d’être bien entouré, mais est conscient que ce n’est pas le cas de tous les adolescents. Stéphane estime d’ailleurs qu’il existe un réel manque d’associations de proximité dans le Tarn-et-Garonne pour accompagner les victimes de harcèlement qui ne peuvent en parler autour d’eux. Lui, a contacté le 3018 (numéro national contre les violences numériques) après ces agressions. Mais il estime que cela n’a pas été suffisant pour l’aider.
C’est pourquoi cet épisode l’a poussé à créer “Les jeunes avec Stéphane”. « Personne ne mérite d’être jugé ou insulté. Le comité veut combler ce manque et être présent aux côtés des victimes », martèle l’adolescent.
*Stéphane n’a pas souhaité la mention de son nom de famille dans cet article.
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