Ce lundi 30 mai 2022, les élus d’opposition de Montauban ont refusé de siéger lors du conseil municipal pour dénoncer un réaménagement « antidémocratique » de la salle qui accueille l’assemblée.
Depuis son retour dans la salle du conseil municipal, après deux ans de délocalisation due au Covid-19, les 11 membres de l’opposition de Montauban siègent autour d’un îlot composé de deux tables et encerclé par les élus de la majorité. Une nouvelle disposition que Brigitte Barèges, la maire Les Républicains de la ville, justifie par l’augmentation de l’effectif de l’assemblée (passé de 45 à 49 conseillers lors des dernières élections), mais que l’opposition désapprouve. Ce lundi 30 mai, lors de la dernière séance, les élus des trois groupes de gauche ont refusé de siéger afin de dénoncer une situation « stigmatisante » et « antidémocratique ».
Dès le conseil du 19 avril puis dans un courrier adressé au maire de la ville Brigitte Barèges deux jours plus tard, les élus d’opposition ont fait part de leur surprise et de leur mécontentement face à ce nouvel agencement dont ils jugent qu’il constitue une entrave au débat. « Nous nous retrouvons ceinturés de près par la majorité. Il y a vraiment une volonté de nous stigmatiser », déplore Arnaud Hilion, conseiller municipal au sein du groupe Alternative pour Montauban.
« Brigitte Barèges ne peut pas nous empêcher de nous consulter sur l’avancée des débats »
Arnaud Hilion, conseiller municipal socialiste à Montauban
D’autant que les membres de l’opposition ont été répartis sur deux tables distinctes et qu’il leur est impossible de communiquer librement. « Lorsque je me suis levé pour échanger avec ma collègue de l’autre table, Brigitte Barèges m’a demandé de rejoindre ma place. Pour se justifier, elle a ironiquement répondu que nous étions “au centre du jeu” et que nous devions “travailler nos questions en amont”. C’était un rappel à l’ordre ouvertement vexatoire et antidémocratique. Brigitte Barèges ne peut pas nous empêcher de nous consulter sur l’avancée des débats », ajoute l’élu socialiste.
Des griefs que Brigitte Barèges juge déplacés et qu’elle considère comme des faux-fuyants. « Ce sont des simagrées. Des arguties pour se dérober au débat du jour sur la laïcité », préfère interpréter Brigitte Barèges qui admet que cet aménagement n’est pas optimal. Sans toutefois, à ses yeux, poser un souci de démocratie. « La salle est exiguë, je l’accorde. Mais nous ne pouvons pas pousser les murs et nous avons fait au mieux. Il ne faut pas y voir de volonté d’humiliation. Cette disposition est la même pour le conseil communautaire et cela ne pose pas de problème. D’ailleurs, cette configuration fait que les membres de l’opposition sont tellement bien placés qu’ils plus proches de moi que certains de mes élus », insiste la première édile. Cette dernière assure également que la construction d’une nouvelle salle, plus grande, est prévue. Sans toutefois, pouvoir donner de véritable délais. Une façon, pour Arnaud Hilion, de « renvoyer le sujet aux calendes grecques ».
« Nous ne pouvons pas pousser les murs »
Brigitte Barèges, maire de Montauban
Face à cette absence de réaction et de considération, les élus d’opposition projettent désormais d’interpeller la préfète du Tarn-et-Garonne afin que celle-ci rappelle la maire de Montauban à ses obligations. « La jurisprudence interdit un traitement différencié des élus, qu’ils soient de la majorité et de l’opposition », rappelle Arnaud Hilion qui n’envisage pas, pour le moment, un recours devant le tribunal administratif. « Nous ne voulons pas accentuer encore la judiciarisation de la vie politique montalbanaise. Nous sommes avant tout dans une situation qui doit pouvoir se résoudre avec un peu de bon sens ». Dans le cas contraire, l’opposition pourrait refuser à nouveau de siéger aux prochaines assemblées.
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