La Tarnaise Myriam Joly, pour qui tout a débuté avec un élevage de chèvres angora, est aujourd’hui à la tête d’un atelier de confection textile florissant : Missegle. Retour sur le parcours atypique de cette cheffe d’entreprise que le Journal Toulousain a choisi de mettre en valeur en cette journée internationale des droits des femmes.
« Ce qui me rend la plus heureuse, c’est que nos salariés viennent travailler avec le sourire », confie Myriam Joly, la créatrice de Missegle, un atelier de confection textile à Burlats dans le Tarn. Cette entreprise, qui fabrique et commercialise des chaussettes, des pulls et des accessoires en fibres naturelles, a fêté ses 40 ans en 2023. Une aventure qui débute dans les années 1980, lorsque Myriam Joly, son diplôme d’ingénieur agronome en poche, décide de devenir éleveuse. « Quand je suis sortie de l’école, j’ai eu envie de m’installer avec une production qui me permettrait de faire de la vente en direct », raconte Myriam Joly. Elle opte alors pour des chèvres.
Mais celle qui a une passion pour le chant et le tricot ne choisit pas n’importe lesquelles : des chèvres angora afin de produire de la laine mohair.« La France en consommait beaucoup, mais n’en produisait pas un kilo », rapporte-t-elle. Elle traverse alors l’Atlantique pour aller en chercher aux États-Unis, l’un des seuls pays producteurs à l’époque, précisément au Texas. Son cheptel constitué, Myriam Joly, tout juste âgée de 26 ans, s’installe à la ferme de Missegle dans le Tarn, son département natal, pour commencer son élevage. À l’instar de son grand-père. « Il avait des vaches et cultivait la vigne dans le Gaillacois », informe-t-elle.
Partie de rien, la Tarnaise devient alors l’une des premières productrices de mohair en France. Non sans rencontrer quelques difficultés sur son parcours. « L’élevage de chèvres angora, des animaux fragiles car sensibles aux parasites, n’est pas simple. J’ai par ailleurs dû convaincre des industriels de me louer leurs outils pour transformer ma laine en textile. Ce qui n’était pas du tout habituel à l’époque », rapporte-t-elle. Autant de difficultés qui ont « toutes été des stimulants pour avancer », confie Myriam Joly à qui « on demande souvent si être une femme est un handicap ».
« Je crois que ça l’est, mais surtout dans nos têtes », estime celle qui a eu la chance de croiser sur sa route des gens qui l’ont aidée. Quand d’autres ont pu la freiner. « En 2007, j’ai voulu reprendre un atelier de tricotage de chaussettes qui avait fait faillite. Tout le monde m’a dit que j’étais complètement folle. Le made in France n’était absolument pas dans l’air du temps et le textile était au plus bas à ce moment-là ». Mais Myriam Joly a préféré suivre son instinct et est ainsi passée d’un élevage de chèvres à une entreprise textile. « Pour moi, il n’était pas possible de ne pas fabriquer des produits chez nous », souligne-t-elle.
Et son intuition a été bonne puisqu’elle est désormais à la tête d’une « entreprise florissante de 55 salariés », aux côtés de deux de ses fils, Olivier et Gaëtan, qui l’ont rejointe dans l’aventure. « Après être partis à Paris, ils sont finalement revenus à Castres », sourit-elle. En 2012, Missegle devient ainsi une entreprise familiale. « Même si cela me réjouit, ce n’était pas ma volonté première. Avant tout, je voulais que mes fils fassent ce qu’ils aiment et soient épanouis », révèle celle qui s’est d’ailleurs appliquée ce mot d’ordre elle-même. Myriam Joly, qui a voué 40 ans de sa vie à son entreprise, s’apprête maintenant à passer le flambeau à ses deux fils.
Toutefois, la Tarnaise qui a créé, avec ses trois enfants, un fonds de dotation afin de « travailler au verdissement du textile », souhaite maintenant s’investir sur les enjeux écologiques. Myriam Joly s’oppose ainsi farouchement à l’autoroute A69 entre Toulouse et Castres. « C’est une aberration. On coche toutes les mauvaises cases avec cette autoroute qui va coûter cher à tout le monde et n’est pas utile. Nous n’avons pas besoin d’être reliés à la métropole à l’heure où nous nous déplaçons de moins en moins », juge celle qui n’a pas fini de se mobiliser pour son territoire...
Commentaires
DAN le 23/02/2025 à 18:32
Madame,
Je viens de vous entendre à la radio sur une émission de France inter (samedi 16 mars. 18H20) .
Je voulais vous saluer et vous dire toute mon admiration pour les valeurs que vous avez mises en avant dans votre entreprise et que vous avez si justement retransmises dans cet interview.
Bonne continuation.
Véronique