L’ancienne résidence étudiante de Jolimont à Toulouse est actuellement occupée par 63 personnes qui forment une colocation éphémère, en attendant le début des travaux de rénovation du bâtiment. Ce projet, nommé Phoebus, a débuté en octobre et durera 11 mois.
Depuis le mois d’octobre et jusqu’à la rentrée prochaine, 63 personnes âgées de 20 à 37 ans, dont des réfugiés, des étudiants et des personnes en situation de handicap, forment une grande colocation temporaire au sein de l’ancienne résidence étudiante Castel Caravelle dans le quartier Jolimont à Toulouse. Ce projet, initié par l’association spécialisée dans l’habitat temporaire Caracol, porte le nom de “Phoebus” et devrait donc durer 11 mois.
Avant que les colocataires ne s’y installent, le bâtiment de 3 000 mètres carrés a d’abord été racheté par l’entreprise spécialisée dans le renouvellement urbain Novaxia. À terme, cette société parisienne a pour objectif de rénover les locaux et d’en construire de nouveaux afin de transformer l’ensemble en une toute nouvelle résidence étudiante de 7 000 mètres carrés cette fois-ci.
Mais dans l’attente des travaux, qui devraient débuter au mois d’octobre prochain, Novaxia a mis les 63 appartements vides et habitables à disposition de l’association Caracol pour que des personnes puissent y loger. C’est chose faite : l’ensemble des appartements, allant du studio au T2, de 17 à 30 mètres carrés, sont aujourd’hui occupés par 63 colocataires.
« Un des premiers objectifs de ce projet est de créer un espace de cohabitation et d’échanges à l’échelle d’un immeuble », explique Élisa Desqué, directrice du pôle projet social de Caracol. Et ça tombe bien, puisque le bâtiment est équipé d’une bibliothèque, d’une salle de sport, mais aussi de huit pièces communes. « Ces dernières sont fréquemment utilisées pour organiser des activités collectives, comme des repas, des ateliers artistiques, des cours de langues ou de musique », se réjouit Élisa Desqué.
Grâce à ces événements socio-culturels et sportifs, les habitants se côtoient et rencontrent aussi des personnes extérieures qui interviennent dans l’organisation des activités. « Des affinités se sont crées dès le lancement des sessions d’échanges », ajoute Marion Bingler, gestionnaire du site pour l’association Caracol. Ce qui permet aux habitants d’entretenir de bonnes relations avec le voisinage. « Parfois, nous nous croisons dans le hall, nous discutons et nous finissons par dîner ensemble. Je ne sais pas si je vais les revoir après la colocation, mais ça nous permet de passer de bons moments », confie Karine*, une des habitantes.
D’autres acteurs associatifs participent également au fonctionnement du projet. La vingtaine de personnes réfugiées qui logent dans le bâtiment sont accompagnées par l’association Habitat et Humanisme de Midi-Pyrénées, notamment pour trouver une solution de logement pérenne quand la colocation sera terminée. Aussi, les cinq personnes en situation de handicap sont suivies par l’association d’accompagnement et de soutien Esperluette.
Ce projet tente de pallier au manque de logements dans la ville. « Le marché locatif est tellement tendu à Toulouse que c’est un parcours du combattant pour une personne réfugiée qui souhaite trouver un habitat correct », déplore Élisa Desqué. La situation est similaire pour les étudiants ou les personnes handicapées qui ont peu de revenus. « Pourtant, il existe des millions de mètres carrés vides qui pourraient être occupés par ce genre de projet temporaire », poursuit-elle.
Caracol s’appuie sur l’article 29 de la loi ELAN, qui autorise l’occupation encadrée et provisoire de logements vacants, pour proposer temporairement un toit à moindre prix. Les participants au projet Phoebus paient entre 75 et 200 euros de loyer par mois, en fonction de leur situation.
Quant aux conflits au sein du bâtiment, ils concernent les mêmes sujets que les colocations traditionnelles : les tâches ménagères. Les habitants de l’immeuble s’occupent eux-mêmes des poubelles, de l’entretien des pièces communes et du hall de 300 m2. Alors, ils s’organisent avec un système de planning pour savoir qui doit nettoyer quoi et quand. « Comme dans chaque coloc, certains sont plus investis que d’autres, ce qui peut parfois générer des tensions », décrit Marion Bingler.
Les nuisances sonores font également l’objet de querelles. « Certains habitants souhaitent faire la fête, d’autres ont besoin de plus de calme, donc ça coince parfois », glisse la gestionnaire du site. Toutefois, « le reste du temps, le groupe dégage une très bonne énergie. Dans l’ensemble, tout se passe bien », ajoute-t-elle.
Une maison intergénérationnelle et inclusive, similaire à Phoebus, va prochainement ouvrir ses portes à quelques centaines de mètres, au sein du futur éco-quartier Guillaumet. Ce nouveau projet, nommé “Envol’Toit”, devrait voir le jour d’ici 2025. Il est porté par les associations Habitat et Humanisme Midi Pyrénées et Esperluette. Des séniors, des personnes en situation de handicap, des réfugiés, des étudiants français ou étrangers pourront s’y installer.
« Le projet Phoebus est une expérimentation en vu de la construction de cette nouvelle maison partagée. Les habitants en situation de handicap présents dans la colocation testent ce modèle d’habitat autonome et en colocation, pour savoir si l’offre leur convient vraiment ou non », ajoute Élisa Desqué. Et cela semble être le cas. « Ils sont plutôt satisfaits de pouvoir vivre en autonomie, et surtout de participer à la vie en collectif. Eli, atteint de trisomie 21, s’ouvre beaucoup aux autres habitants par exemple », termine Marion Bingler.
*Karine n’a pas souhaité la mention de son nom de famille dans cet article.
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