Imaginée à Toulouse, l’application Helpicto a pour objectif de faciliter, à l’aide d’images ou de pictogrammes, la communication entre les personnes atteintes de troubles du langage et leur entourage.
« Helpicto est une application qui facilite la communication entre les personnes que nous appelons “verbales” et celles qui ne le sont pas », explique simplement Anthony Allebée, directeur de Corpus Solutions. Une entreprise basée à Toulouse, dédiée au développement de l’application.
Tout à commencé il y a plusieurs années, lorsque Carine Mantoulan, docteure en psychologie et directrice de l’association InPacts31 (qui accompagne les personnes présentant un trouble du spectre autistique (TSA)), rencontre des difficultés au cours d’une séance avec Arthur, l’un des adolescents avec qui elle travaille.
Ce jour-là, la communication est difficile. La psychologue essaie alors de discuter avec l’adolescent à l’aide d’un classeur qui contient une collection de pictogrammes. Mais certaines vignettes se perdent, d’autres ne correspondent pas. Une idée germe : créer une version numérique de cet outil.
Carine Mantoulan prend alors contact avec Anthony Allebée, spécialiste informatique. Ensemble, ils imaginent une première version de l’application Helpicto, lancée en 2018, et créent la société Corpus Solutions pour développer le projet.
L’application Helpicto a deux fonctionnalités essentielles. D’une part, elle permet aux personnes malentendantes, atteintes de troubles autistiques, de trisomie, de dysphasie ou d’aphasie (troubles du langage), de s’exprimer plus facilement.
Grâce à une banque d’images, de pictogrammes ou de photographies, mis bout-à-bout, ces derniers peuvent aisément exprimer des demandes ou des émotions. « Les images sont un langage universel », ajoute Anthony Allebée.
Les vignettes peuvent par exemple correspondre à des actions, comme manger, marcher, boire. Mais aussi être enrichies avec des photos de proches, de lieux, d’objets personnels.
D’autre part, elle fonctionne « comme un traducteur », résume-t-il. Grâce à l’intelligence artificielle, les paroles des proches ou les aidants sont “traduites” à l’aide de pictogrammes pour faciliter la compréhension.
Certaines difficultés peuvent toutefois apparaître quant à la mémorisation des images et à leur interprétation. C’est pourquoi l’entreprise propose trois niveaux d’utilisation. Le premier, “simple”, met à disposition un nombre limité d’illustrations élémentaires pour que la personne soit à l’aise avec le dispositif. Le second, “intermédiaire”, propose plus d’options, comme l’expression d’actions. Puis le troisième, “complet”, permet de formuler des phrases plus complexes, classifier les pictogrammes, etc. « L’objectif est de permettre à ces personnes de s’ouvrir au monde », poursuit Anthony Allebée, lui-même père d’une petite fille dysphasique.
Téléchargeable sur smartphone, tablette ou ordinateur, l’application peut être utilisée dans le cadre familial, comme institutionnel. « Certaines familles me confient avoir le plaisir de retourner au restaurant par exemple. Puisqu’avec Helpicto, ils peuvent aisément présenter les menus, expliquer ce qu’il y a dedans, sans générer de nervosité chez l’enfant ou l’adulte handicapé », renchérit-il.
En France, une quarantaine de structures l’utilisent déjà. La Croix-Rouge et l’Adapei en font partie. Au total, cette application, payante, cumule plus de 4 300 téléchargements.
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