La Ville de Toulouse et la Métropole viennent d’annoncer simultanément, sur les réseaux sociaux, la mutualisation de leurs outils de communication : comptes et sites internet. Une mesure logique pour l’exécutif, mais qui pose un problème de “mélange des genres” pour l’opposition.
« À partir du mardi 8 novembre 2022, le compte Twitter de Toulouse Métropole est mutualisé avec celui de Toulouse et devient Toulouse-Mairie et Métropole. Pensez à mettre à jour vos abonnements. » C’est par ce message, publié sur Twitter, que la majorité municipale et métropolitaine a annoncé la mutualisation de ses réseaux de communication. Un post similaire figure également sur le compte Facebook de la collectivité, invitant les internautes à s’abonner à la page “Mairie de Toulouse”. « Cette mutualisation s’inscrit dans la logique de la fusion des sites Web toulouse.fr et toulouse-metropole.fr en un site unique Toulouse Mairie-Métropole qui sera mis en ligne en novembre », explique la Mairie… ou la Métropole. Du coup, on ne sait plus très bien.
Et c’est justement cette « confusion des genres » qui pose problème à certains élus de Toulouse Métropole. D’abord, à ceux qui ne semblent pas au courant, comme Patrick Jimena, conseiller métropolitain, membre du groupe Toulouse métropole en commun, et conseiller municipal de Colomiers. Lui, pense d’abord à un canular : « Ce n’est pas possible ! Ce serait faire croire aux habitants de l’agglomération que Toulouse décide de tout pour les 37 communes qui composent la Métropole ! » Il estime qu’une collectivité ne peut pas communiquer pour une autre, que les deux entités mènent des politiques différentes, et qu’il est ainsi dangereux de laisser penser le contraire.
Et il y a ceux qui avaient eu l’information mais qui n’y avaient pas porté d’importance, à l’image de Marc Péré, conseiller métropolitain du groupe d’opposition Alternative pour une Métropole Citoyenne (AMC), et maire de l’Union. Comme nous l’a précisé Nicolas Misiak, élu à la Mairie de Toulouse, en charge de la modernisation de l’administration et l’évaluation des politiques publiques, « cette mutualisation des outils de communication a été présentée lors du dîner des maires le 14 mars 2022 ». Ce que reconnaît volontiers Marc Péré, présent à ce rendez-vous. Mais ce dernier regrette que l’information ait été donnée « entre la poire et le fromage ». « Je me souviens que le sujet a été abordé vite fait. J’ai d’ailleurs pensé que nous en reparlerions en Conseil, pas que le projet était lancé », se souvient le maire de L’Union.
Dans les faits, « la refonte des sites Internet a été lancée au début du mandat de Jean-Luc Moudenc », précise Nicolas Misiak. Il s’agissait de trouver une solution pour réduire le fameux “mille feuilles administratifs”. « Aujourd’hui, lorsqu’une personne doit effectuer des démarches administratives, elle ne sait pas si elle doit se rendre sur le site de la Mairie ou de la Métropole. En fusionnant les deux sites, ce problème ne se pose plus. L’internaute aura accès à une sorte de guichet unique », traduit l’élu.
C’est donc dans un objectif de simplification des démarches administratives que la mutualisation des sites Internet, et dees outils de communication plus largement, de la Municipalité de Toulouse et de la Métropole a été réalisée. L’idée n’étant pas de fondre les deux sites, mais d’en créer un nouveau, “Toulouse Mairie-Métropole”. Plus interactif et intuitif avec une entrée unique aux 70 services en ligne proposés par la Mairie de Toulouse et Toulouse Métropole. Dans un même temps, les comptes des réseaux sociaux des deux entités fusionneront également. A partir du 8 novembre, c’est le compte de la Mairie de Toulouse qui relaiera les informations.
Si la majorité fait valoir « l’approche “servicielle” et non administrative » de l’opération, et affirme avoir soumis ce nouvel outil aux usagers à travers un sondage en ligne auquel 1 500 habitants de la Métropole ont répondu, des élus de l’opposition n’y voit là qu’une « démarche pour le moins cavalière ». « C’est une manière pour la Mairie de Toulouse de tirer la couverture à elle. Certes, la Ville rose est la ville centre de la Métropole, mais elle n’est pas seule. Et c’est faire bien peu de cas des 36 autres communes qui constituent la Métropole », analyse Patrick Jimena.
« Par cette mutualisation des outils de communication, la majorité de Jean-Luc Moudenc alimente la confusion, elle brouille les frontières entre la Ville de Toulouse et la Métropole », estime de son côté Marc Péré. « Et d’ailleurs, qui va financer cette fusion ? La Mairie ou la Métropole ? » s’interroge-t-il. L’élu d’opposition a du mal à comprendre comment le fonctionnement d’une collectivité qu’est la Mairie de Toulouse peut s’adapter à celui d’un Établissement public de coopération intercommunale (EPCI) qu’est Toulouse Métropole. « Tout ça est-il bien légal ? » poursuit-il.
Pourtant d’autres l’ont déjà fait. En effet, à Brest, Rennes ou encore Strasbourg, cette fusion des outils de communication est effective. « C’est la tendance », observe Nicolas Misiak, « c’est juste un pas de plus vers la métropolisation ». Une démarche entreprise il y a déjà plusieurs années. Dès 2009, sous le mandat de Pierre Cohen, il a été fait le choix de la mutualisation de nombreux services comme les ressources humaines, la commande publique, les affaires juridiques, les systèmes d’information… Ceci dans le but de réaliser des économies de fonctionnement. Ainsi, la communication interne et la direction de la communication de la Mairie de Toulouse et de la Métropole sont assurées par les mêmes personnels.
Mais ce « pas de plus » crispe certains élus de la Métropole :
Bonjour,
— Aymeric Deheurles (@AymDeheurles) October 26, 2022
Pourquoi fusionner la gestion de la communication des 37 communes derrière celle de la commune de Toulouse ? Balma, Blagnac, Pibrac ou Saint-Jory, ce n’est pas Toulouse…
Cette confusion entre Toulouse et Toulouse Métropole me paraît dangereuse.
« Même si les équipes sont les mêmes, la communication des deux entités doit être différente », explique Patrick Jimena, qui fait remarquer-là une « contradiction majeure de Jean-Luc Moudenc ». « Ce dernier enjoint régulièrement à l’opposition de ne pas aborder de sujets toulousano-toulousains lorsque nous sommes en conseil métropolitain… », se souvient l’élu.
Afin que tous les élus siégeant à la Métropole aient accès à la même information et appréhendent au mieux la démarche, l’exécutif a prévu de présenter le nouveau site Internet lors du prochain conseil communautaire qui aura lieu le 8 décembre prochain. « Et bien nous y serons attentifs », rétorque Marc Péré, « et nous demanderons un débat et un vote sur le sujet ». Il estime que les 133 élus de la Métropole, représentants des 37 communes membres, devraient pouvoir s’exprimer. Mais il n’est pas prévu, semble-t-il, de solliciter l’avis des élus, d’autant que la mutualisation des sites Internet et des comptes sur les réseaux sociaux auront déjà été opérés.
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