L’entreprise Solar Paint, basée à Toulouse, propose de recouvrir les toits des bâtiments publics, industriels ou commerciaux d’une peinture blanche athermique pour faire baisser leur température intérieure d’en moyenne cinq degrés. Une solution économique, mais surtout écologique, non négligeable dans la lutte contre le réchauffement climatique.
Des toits peints en blanc pour faire baisser la température intérieure des bâtiments. Voici la solution proposée par Solar Paint, une entreprise basée à Toulouse qui développe, depuis trois ans, une peinture athermique (non-conductrice de chaleur), baptisée Solar Coat.
Cette dernière est blanche, car la nuance « absorbe moins la chaleur que les couleurs foncées. Il fait moins chaud à l’intérieur d’une voiture blanche qu’à l’intérieur d’une voiture rouge, par exemple », explique Michel Rouault, fondateur de l’entreprise Solar Paint.
De plus, la composition chimique de la peinture, à base d’eau et de fragments de verre recyclés, permet d’augmenter la réflexion des rayons du soleil à hauteur de 92 %. Cela signifie que la quasi-totalité des rayons rebondit sur la surface, et donc, que la chaleur ne pénètre presque pas à l’intérieur des bâtiments sur lesquels la peinture est appliquée.
Selon des études menées par la société Solar Paint, l’application du Solar Coat sur les toits permet de baisser la température de cinq degrés en moyenne à l’intérieur des locaux, et d’économiser ainsi jusqu’à 15 % de la consommation énergétique des bâtiments. « C’est un gain non négligeable, lorsque l’on sait que les propriétaires de grandes surfaces dépensent en moyenne 500 000 euros par an en énergie (électricité, chauffage, mais aussi climatisation) », appuie Michel Rouault.
Un coût financier, mais également un coût environnemental. « Les bâtiments commerciaux ou industriels construits dans les années 1980 sont de véritables passoires thermiques », déplore le fondateur de Solar Paint : « Si nous souhaitons baisser rapidement les émissions de CO2 en économisant efficacement de l’énergie, il est urgent de se concentrer sur ces grands bâtiments, très énergivores, dont les toitures représentent 500 millions de mètres carrés en France ».
Plus de 100 000 mètres carrés de toits ont d’ores et déjà été repeints sur le territoire métropolitain, à l’image, en Occitanie, du magasin Leclerc d’Albi, de celui du Boulou ou encore de la société Paprec à Lansargues.
« L’ensemble des ingrédients utilisés dans la composition de la peinture provient de France », assure Michel Rouault. À l’exception de la résine, permettant de souder les composants entre eux, qui est produite au Maghreb.
Solar Coat est entièrement fabriquée en Ariège par le fabricant français de peinture Maestria. Ce dernier a participé à la mise au point de sa composition, qui a nécessité plus d’un an de recherches et 400 000 euros d’investissement, du début de l’année 2020 à février 2021. Date à laquelle le premier bâtiment de France, à savoir le magasin Leclerc de Perpignan Sud, s’est revêtu de la peinture athermique.
« Son application est simple et peu coûteuse. Il suffit de préparer la surface, comme lorsque nous peignons un mur, puis d’y appliquer deux couches. Son prix s’élève de 16 à 22 euros du mètre carré. Il varie en fonction de l’état du toit et des travaux préalables nécessaires à son application, qui peut se faire sur n’importe quelle surface », détaille Michel Rouault.
L’entreprise offre ensuite une garantie de dix ans. Toutefois, il semblerait que la peinture reste efficace plus longtemps, sans entretien spécifique. « Nous avons observé que le pouvoir réfléchissant de Solar Coat ne diminuait que très peu au bout de 20 ans, grâce à des tests de vieillissement accéléré réalisés dans un laboratoire indépendant », poursuit le fondateur de l’entreprise, sans davantage de visibilité sur le plus long terme.
Pour développer cette peinture, Michel Rouault s’est inspiré des tendances américaines. En effet, lors d’un voyage aux États-Unis, il a remarqué que les toits de certains grands centres commerciaux, comme certains immeubles, étaient peints en blanc. « Là-bas, 90 % des toitures du géant de la grande distribution Walmart sont équipées de peintures réflectives par exemple », explique-t-il.
À son retour, en 2013, le fondateur de l’entreprise Solar Paint s’est donc penché sur le marché français. « Aucune entreprise n’utilisait encore la technique américaine du cool roofing (toit froid, en français) », constate-t-il. Un an plus tard, Michel Rouault décide donc de lancer des recherches, en partenariat avec Maestria, afin de trouver la recette la plus efficace et élaborer une peinture réflective 100 % fabriquée en France.
En réalité, les Américains n’ont rien inventé, puisque cette méthode est utilisée depuis l’Antiquité. « Les Grecs couvraient leurs maisons de chaux blanches, car ils avaient déjà compris que les couleurs foncées absorbent davantage la chaleur des rayons du soleil que les couleurs claires », raconte Michel Rouault. Une pratique ancienne, donc, qui permet encore aujourd’hui de former des boucliers thermiques, efficaces dans la lutte contre le réchauffement climatique.
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