A Toulouse, comme ailleurs, les discothèques ont rouvert leurs portes en février dernier. Elles étaient fermées depuis janvier 2022, car jugées propices aux contaminations par la Covid-19. Impatients, les professionnels du secteur espéraient refaire le plein de clients. Bilan trois mois après leur réouverture.
« La fréquentation des discothèques de Toulouse est revenue à son niveau d’avant Covid. Ce n’est pas le cas dans tous les établissements, mais la grande majorité de l’affluence est de retour ». C’est le constat fait par le président de l’Union des métiers et des industries hôtelières (Umih) en Haute-Garonne et gérant de la discothèque toulousaine “Le Purple”, Ivo Danaf. Il ajoute : « Les gens avaient envie de sortir et d’oublier cette période anxiogène pour toute la population ». Un avis partagé par le gérant du “Dowtown Factory” et vice-président de l’UMIH 31, Philippe Belot : « Au moment où nous avons rouvert l’été dernier, en juillet-août, il est vrai que nous avons enregistré une plus grosse fréquentation. Normalement, cette période est calme, mais après deux ans de fermeture des discothèques, les jeunes étaient de sortie à Toulouse. Il y a eu un effet immédiat. Maintenant, nous sommes revenus à la normale. Passer les deux mois d’euphorie tout a repris son rythme classique ».
Pour rappel, ces établissements, parmi les plus sinistrés par la pandémie, auront ainsi gardé portes closes dix semaines, après une première période de 16 mois d’inactivité forcée du début de la crise sanitaire jusqu’en juillet 2021.
Si les gérants de boîtes de nuit se réjouissent d’avoir retrouvé leur clientèle, les longues fermetures dont ils ont fait l’objet durant ces deux dernières années, ont des conséquences financières, comme l’explique Ivo Danaf : « L’État a un peu rattrapé les pertes. Par contre, nous avons perdu 18 mois de bénéfices, ce qui est énorme ». De son côté, Philippe Belot comptabilise une perte estimée à « 20 % de chiffre d’affaires pour une seule année. Cela a été compliqué et véritablement difficile pour nous ».
Selon les professionnels de la nuit, au niveau national, 30 % des établissements ont fermé définitivement. Toulouse et la Haute-Garonne sont moins touchés. Si certaines discothèques ont pu “survivre” grâce aux aides de l’État, cela n’est pas suffisant pour Philippe Belot : « Au total, nous cumulons 20 mois de fermeture sur 24 mois. Cela a rendu les choses extrêmement difficiles sachant que les aides sont arrivées avec du retard. L’année 2020 a été extrêmement dure. Nous n’avons commencé à toucher des aides qu’en fin d’année. Nous nous sommes sentis véritablement abandonnés et cela continue puisque nous avons ouvert mi-février et que l’on nous promet toujours une aide pour les 15 premiers jours de février. Pour l’instant, nous n’avons absolument rien reçu ».
Les gérants des établissements de nuit ne voient pas « comment rattraper les pertes. Il faudra entre trois et cinq ans », constate Ivo Danaf. Pour le patron du “Purple”, « il ne faudrait pas que les restrictions sanitaires soient à nouveau rétablies. En effet, nous avons bien constaté que les établissements les plus touchés et systématiquement fermés lorsque l’épidémie repart, sont toujours les boîtes de nuit ».
Après la longue fermeture, les gérants de ces établissements font face à une nouvelle problématique. En effet, le fléau des piqûres en boîtes de nuit a également constaté à Toulouse. « C’est une grosse inquiétude. Il faut redoubler de vigilance. Nous devons former le personnel à surveiller en permanence et surtout à informer les clients. Il faut être prudent lorsqu’un client dit se sentir “bizarrement”. Si une personne ne se sent pas bien, elle doit s’adresser directement à un personnel de sécurité ou un barman pour que l’on puisse l’aider rapidement », indique Ivo Danaf. Il conclut : « C’est un pur acte de malveillance délibéré. C’est réellement inquiétant ».
Liliana Brel
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