Le bras de fer avec le gouvernement continue. Tandis que la Première ministre, Élisabeth Borne déposait ce 7 février, à l’Assemblée nationale, le texte qui prévoit de repousser l’âge de départ à la retraite à 64 ans, entre 23 000 et 80 000 personnes (selon les sources policières ou syndicales) pour grossir les rangs de la manifestation dans les rues de Toulouse.
Chants contestataires, banderoles, slogans et nuées de drapeaux ont de nouveau envahi Toulouse lors de la manifestation contre la réforme des retraites organisée ce mardi 7 février. Entre 23 000 (selon la police) et 80 000 personnes (selon l’intersyndicale) se sont ainsi réunies et ont marché de Saint-Cyprien à Jean-Jaurès. Une mobilisation moins importante que la semaine dernière pour la préfecture, équivalente pour l’intersyndicale. Objectif : faire le plus de bruit possible et obtenir le retrait du texte voulu par le gouvernement, lequel a bien l’intention d’aller jusqu’au bout, qu’importe la grogne sociale qui monte au sein de la population.
Et pourtant, dans le cortège toulousain, elle est bien présente. Ici, hors des débats qui secouent l’Assemblée nationale, se trouvent des milliers de personnes issues de tous horizons, portant les drapeaux de leur syndicat, de leur parti politique, ou brandissant des pancartes aux slogans colorés. Citons par exemple l’incontournable “Élisabeth, tu dépasses les Bornes” ou encore ‘’Opprimé.es, 1ères touchées”, et dans le même acabit “Réforme sexiste, grève féministe”.
Dans cette foule en colère se trouve Héloïse. Cette étudiante en management avoue ne pas comprendre l’obstination du gouvernement : « Les gens sont déjà accablés par l’inflation et Macron en rajoute une couche. Aujourd’hui, on est là pour lui dire ‘’Stop ! Ça suffit ! Abandonne ta réforme avant de faire exploser le pays !’’ » À ses côtés se trouve Mélissa, qui porte un drapeau du Nouveau Parti Anticapitaliste à bout de bras.
Révoltée, cette jeune infirmière lance : « Cette réforme est profondément antisociale, car elle touche les plus pauvres, les plus précaires, ceux qui exercent les métiers les plus pénibles et les femmes qui ont des carrières hachées. L’argent pour nos retraites, on peut très bien le trouver ailleurs que dans les poches des travailleurs, en taxant les superprofits par exemple. »
En remontant le cortège, nous rencontrons également Théo, qui, à 40 ans, se sent déjà épuisé par son métier. Il est couvreur-zingueur et a commencé à travailler à l’âge de 18 ans : « Je ne sais pas comment des gens comme moi pourront continuer après 60 ans alors que l’on ressent déjà les effets de la fatigue musculaire sur notre corps. Macron n’a qu’à essayer de faire ce boulot ne serait-ce qu’une journée pour voir s’il peut tirer jusqu’à 64 ans. »
Dans la manifestation, se trouvaient également des représentants de partis politiques et tous les syndicats de salariés prêts à continuer la bataille contre la réforme des retraites. Une unité, qui n’avait plus eu lieu depuis 12 ans, mais qui refait jour aujourd’hui contre un texte qu’ils jugent injuste.
À la sortie du métro Saint-Cyprien, nous rencontrons la Secrétaire générale FSU Territorial 31, Zouaouia Bossard-Refas qui, cernée de drapeaux aux couleurs de son syndicat, déclare : « Dans cette réforme, on ne prend pas en compte la pénibilité du travail, la question des carrières hachées, qui concerne surtout les femmes qui vont se retrouver avec une retraite de misère. On demande donc le retrait pur et simple de cette réforme. »
De l’autre côté du trottoir, Lise Druhet, la porte-parole du syndicat Sud Solidaires Collectivités territoriales. Pour elle, même constat, ce projet de loi doit être purement et simplement abandonné : « Le gouvernement veut faire peser sur les classes moyennes le pseudo déficit des caisses de retraite et demander aux travailleurs de faire des efforts au lieu de prendre l’argent là où il est, c’est- à-dire dans les poches des milliardaires. » Elle poursuit : « C’est non. Il doit retirer sa réforme, on continuera le combat jusqu’à la victoire. »
En tête de la manifestation se trouve la CGT et Jérôme Monamy, conseiller régional PCF de la région Occitanie et délégué de la CGT cheminot 31. Il affirme : « Aujourd’hui nous manifestons contre une réforme qui est profondément mauvaise, injuste. Travailler jusqu’à 64 est impossible pour beaucoup de gens. »
Le gouvernement souhaite pourtant aller jusqu’au bout de sa réforme. Si tel est le cas, que feront les syndicats et les partis d’opposition ? Jérôme Monamy a une idée : « Ce n’est pas la première fois que l’on se retrouve face à un gouvernement déterminé à aller jusqu’au bout. Il y a des exemples qui montrent que les mouvements sociaux peuvent le faire reculer. » Et de poursuivre : « En 2003, le Contrat de première embauche (CPE) a bien été promulgué et pourtant il n’y a jamais eu de décret d’application. » Mais cette fois-ci, la mobilisation sera-t-elle suffisante pour faire reculer le gouvernement ?
Estelle Ben-mghira
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