Selon la 3e édition du baromètre de l’éducation, 85% des jeunes en Occitanie ont subi au moins une forme de violences scolaires. Des violences multiformes, infligées par des élèves du même âge principalement, et aux conséquences graves. Si le phénomène est de plus en plus connu du public, la parole reste encore toutefois tabou pour les victimes.
85 % des jeunes en Occitanie ont subi au moins une forme de violences à l’école lors de leur scolarité. C’est en tout cas ce que révèle la 3e édition du baromètre de l’éducation des Apprentis d’Auteuil avec OpinionWay. Cette enquête, réalisée auprès de 1 543 personnes âgées de 15 à 20 ans du 18 au 28 août dernier, dont 210 en Occitanie, a pour thème les violences en milieu scolaire.
Ces dernières se révèlent être surtout des violences verbales comme des insultes ou des moqueries (68%), mais aussi psychologiques (51%) et physiques (34%). Dans le détail, 30% des jeunes ont été victimes de harcèlement moral, 19% de sexisme, harcèlement sexuel ou violences sexuelles, 13% ont subi des coups et 7% ont participé à des jeux dangereux comme le jeu du foulard.
Ces violences à l’école touchent autant les filles que les garçons et se concentrent principalement au collège. Elles interviennent toutefois dès l’école maternelle. Les causes ou éléments déclencheurs des violences dans le milieu scolaire sont multiples. « Il y a l’influence du groupe, les mauvaises fréquentations ou encore le contexte familial compliqué. Aucun facteur ne va expliquer ces violences », détaille Hugues Cazenave, président d’OpinionWay.
Mais les réseaux sociaux les accentuent. En Occitanie, 79% des jeunes déclarent effectivement que les réseaux sociaux contribuent à renforcer la violence à l’école et 56% disent avoir vu y circuler des photos ou vidéos humiliant des jeunes de leur établissement. D’après le sondage, le manque de moyens et de formation du personnel sont aussi en cause dans la multiplication des violences.
Ces violences sont principalement infligées par des jeunes du même âge. Mais les adultes en sont également les auteurs. Selon les jeunes interrogés, 31% des adultes violents seraient des enseignants. Julien, élève de 6e au collège Sainte-Claire à Dieupentale dans le Tarn-et-Garonne, a ainsi subi dans son ancienne école des « humiliations et du harcèlement de la part de deux institutrices ».
« Cela lui a causé des crises d’angoisse. Il avait la boule au ventre avant d’aller à l’école et a décroché scolairement », explique sa mère. Les conséquences des violences à l’école sont en effet nombreuses. « Elles sont multiples et graves : une baisse de la confiance en soi, un décrochage scolaire voire une phobie scolaire, mais aussi des effets néfastes sur la santé physique », indique Hugues Cazenave.
Si Julien a réussi à parler du harcèlement scolaire dont il était victime, ce n’est pas le cas de tous les jeunes. « La parole reste tabou pour une partie non négligeable des enfants », souligne le président d’OpinionWay. Ainsi, près d’un jeune sur cinq en Occitanie ne parle à personne des violences qu’il a subies. Lorsqu’ils se confient à ce sujet, ils le font surtout auprès de leurs amis (64%) et parents (61%) et plus rarement auprès de la direction de l’établissement (36%).
« C’est un chiffre qui nous interpelle en tant qu’organisme de mission éducative. Notre devoir est de faire en sorte que la parole émerge. Sans paroles, il n’est pas possible de traiter ce phénomène des violences », estime Pascale Lemaire-Toquec, directrice des ressources éducatives et de l’accompagnement métier à la fondation Apprentis d’Auteuil.
Pour lutter contre les violences, les jeunes estiment qu’il faut davantage de sensibilisation et des sanctions plus sévères. « Si un acte est contraire à la loi, il faut évidemment des sanctions. Mais ce n’est pas la solution miracle. Au-delà de ça, il faut des actions de sensibilisation », souligne Pascale Lemaire-Toquec. Des expérimentations ont ainsi lieu dans des établissements, notamment au lycée La Cadène, près de Toulouse.
« Notre méthode vise à développer l’empathie de l’intimidateur (harceleur, NDLR). Nous fixons un rendez-vous avec lui et lui demandons s’il a remarqué que sa cible ne va pas bien. Nous lui demandons d’être vigilant et le revoyons quinze jours pour le questionner à nouveau et estimer son évolution », détaille Émilie Chiandetti, éducatrice. Une méthode jugée « non blâmante ». Toutefois, l’équipe du lycée sanctionne si elle ne voit pas d’effet.
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