Ce 27 juillet, lors d’une table ronde organisée par la commission des affaires économiques du Sénat sur la “Zéro artificialisation nette”, Annette Laigneau a exprimé ses craintes face à ce dispositif. Pour la vice-présidente de Toulouse Métropole, il pourrait faire fuir Airbus.
Ce volet de la loi Climat et Résilience n’emporte pas l’adhésion. La commission des affaires économiques du Sénat organisait une table ronde sur le sujet du dispositif ZAN ce mercredi 27 juillet 2022. Pour rappel, la loi Climat et Résilience, adoptée en août 2021, a posé un objectif de “Zéro artificialisation nette” (ZAN) à l’horizon de 2050.
Ce dispositif demande aux communes et intercommunalités de réduire de moitié la consommation d’espaces dans les dix ans à venir. En clair, les territoires doivent densifier le bâti au lieu de s’étaler. Sauf que l’application de la ZAN pose problème, notamment au sein de Toulouse métropole.
«L’objectif du “Zéro artificialisation nette” est à la fois ambitieux et vertueux, mais il divise. Les communes qui veulent construire ne comprennent pas cet objectif global. Cela génère des divisions et des frustrations entre les élus», rapporte Annette Laigneau, vice-présidente de Toulouse Métropole, chargée de l’urbanisme et des projets urbains, et intervenante lors de la table ronde.
Certaines communes de la métropole devront effectivement abandonner des projets de construction au détriment d’autres. De même, le dispositif ZAN risque de freiner la réindustrialisation du territoire à en croire Annette Laigneau.
«On construit difficilement des usines les unes sur les autres. La densification dans ce domaine-là est compliquée», souligne la vice-présidente de Toulouse Métropole. Elle prend notamment en exemple le constructeur aéronautique Airbus, fleuron de l’industrie locale.
«Il gère son patrimoine industriel de manière à ne pas laisser des hangars vides. Mais malgré cela, Airbus a des besoins. Ils ont été chiffrés à une centaine d’hectares pour developper l’avion décarboné», indique Annette Laigneau. Elle poursuit : «Si Airbus n’a pas les 100 hectares, il part à Hambourg». La temporalité imposée par le ZAN est également source d’inquiétude.
«Le délai imparti est très court. Il y a tellement d’inconnus et de confusions sur tous les sujets. Il faudrait un peu de temps pour bien caler ce que nous devons faire et comment le faire. Actuellement, nous sommes totalement dans le flou», dénonce Annette Laigneau.
Face à cela, Sophie Primas, présidente de la commission des affaires économiques, assure : «La première urgence pour nous va être de retarder les échéances». Elle indique également qu’un groupe de travail est en train d’être mis en place pour assurer la coordination entre les élus locaux et le ministre de la Cohésion des territoires Christophe Béchu.
Héloïse Thépaut
Formée à l'ISJT, Héloïse Thépaut est passée par La Tribune et l'Opinion Indépendante avant de rejoindre le Journal Toulousain en 2022.
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