Budget par habitant, nombre de kilomètres aménagés ou parcourus, voies les plus fréquentées et accidentologie… L’agence d’urbanisme de Toulouse publie le premier observatoire de la pratique du vélo dans la grande agglomération toulousaine.
Il était temps de faire un « point d’étape sur la pratique du vélo ». Ce à quoi s’est attelée l’Agence d’urbanisme et d’aménagement de l’aire métropolitaine de Toulouse (AUAT). Son premier observatoire du schéma directeur cyclable, commandité par l’opérateur des transports publics Tisséo, doit suivre la mise en œuvre et évaluer les effets des politiques publiques mises en place en faveur du vélo. « Cet observatoire est une première brique, le top départ de notre travail. Ce qui peut être frustrant, c’est que nous ne pourrons calculer les évolutions que dans les années qui viennent », reconnaît Bastien Fochesato, chargé de projets à l’AUAT. Gouvernance, pratique, équipements cyclables… En outre, les auteurs du rapport préviennent, en préambule, que « ce travail d’observation intervient lors d’une année inédite ! Le télétravail massif et les restrictions de déplacement connus en 2020 ont eu un impact direct sur les pratiques, mais aussi sur le déploiement des investissements publics opérés dans l’agglomération toulousaine ».
Des investissements logiquement en baisse, l’an dernier, de 16% par rapport à 2018, à 22,785 millions d’euros, soit 21,7 euros par habitant. Un chiffre trop bas, quelle que soit l’année de référence, selon Boris Koslow, le président de l’association Deux pieds deux roues. « Tisséo chiffre à 500 000 euros le coût d’un kilomètre d’aménagement. C’est quatre fois moins qu’à Nantes. Le budget voté à Toulouse peut paraître important, mais, en réalité, il est largement sous-estimé. » Selon l’opérateur des transports publics, le nombre de kilomètres d’aménagements cyclables proposé à l’échelle du Plan de mobilité (114 communes), progresse depuis 2016, avec près de 1350 kilomètres en 2020. L’AUAT fait remarquer que sur ce total, les plus de 200 km sensés correspondre au niveau Réseau Express Vélo, n’en respectent pas encore les normes, notamment parce qu’il doit s’agir d’itinéraires continus.
L’application Géovélo, un dispositif de géolocalisation alimenté par ses contributeurs, indique de son côté que les trois quarts du réseau sont « séparés physiquement de la circulation automobile avec un aménagement hors chaussée » (pistes cyclables et voies vertes). Et que « 27% des voiries peuvent être considérées comme inconfortables à vélo ». Les données recueillies par Géovélo font également état de 247 000 kilomètres parcourus dans l’aire urbaine toulousaine en 2020, soit 68% de plus qu’en 2019. « Cette augmentation s’explique par la hausse du nombre d’utilisateurs de l’application » prévient l’Agence d’urbanisme. Les axes les plus fréquentés sont le canal du Midi, le pont Saint-Michel et le pont Pierre-de-Coubertin, les allées Charles-de-Fitte, la rue de Metz et les voies cyclables du bord de la Garonne. « Si ces voies sont plébiscitées, c’est parce que ce sont les plus sécurisées », relève Boris Koslow.
329 accidents impliquant un vélo ont eu lieu ces 4 dernières années sur le territoire, dont 76 en 2020. Dans plus de 8 cas sur 10, c’est une automobile qui est en cause. « Les cinq décès comptabilisés cette année sont survenus au niveau d’échangeurs. Cela montre qu’il y a un réel manque de sécurité sur ce que l’on appelle les ruptures urbaines : franchissements du périphérique, de voies rapides, de voies d’eau, etc. » Les vols de vélo, eux, sont au nombre de 3 368 en 2020, sur les communes de Toulouse, Blagnac, Colomiers et Tournefeuille, soit une augmentation de 2% sur un an. Les vols concernant des vélos à assistance électrique passe de 10 à 14%, « une évolution en corrélation avec l’essor des ventes à l’échelle nationale », ajoute l’AUAT.
Parmi les enseignements de l’observatoire, force est de constater que les 12 km de coronapistes créés dans Toulouse Métropole au début de la crise sanitaire ont rencontré leur public. « Cela a donné une visibilité majeure à la pratique du vélo pour les déplacements quotidiens et c’est bien le signe que lorsque les pouvoirs publics créent des infrastructures pour le vélo, les utilisateurs s’en emparent pleinement », en déduit Bastien Fochesato. Pour finir, l’AUAT rappelle qu’au baromètre des villes cyclables de 2019, Toulouse se classe 8e sur 11 dans les communes françaises de plus de 200 000 habitants, avec un ”climat vélo plutôt défavorable”, d’après les 7000 contributions collectées.
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