Élaboré par l’association Voix de traverse, le projet Espace d’espèces met gratuitement à disposition des auditeurs dix documentaires sonores à aller écouter dans différents endroits de Toulouse pour découvrir la nature et les espèces sauvages qui habitent la ville.
Ce sont des voisins et voisines plutôt discrets, avec lesquels nous cohabitons sans même nous en rendre compte. Plantes de trottoir, oiseaux de gouttières, lichens, figuiers, chauve-souris… L’espace urbain abrite une foule d’espèces sauvages que l’association Voix de traverse, spécialisée dans la création sonore, a eu la riche idée de mettre en lumière à travers le projet Espace d’espèces.
« Nous constatons, comme tout le monde, un intérêt grandissant pour la nature en ville mais de manière un peu globale, pas vraiment incarnée. Nous avons donc choisi 10 espèces, les plus diversifiées possibles ( insectes, mammifères, oiseaux, végétaux, milieux naturels…), pour raconter leurs histoires, leurs mutations, le rapport que nous entretenons avec elles. Et à travers tout cela, interroger la gestion écologique de la ville », explique Aurélien Caillaux, coauteur de ce travail avec Lucie Combes.
Disponibles depuis quelques jours, 10 mini documentaires sonores d’une dizaine de minutes sont donc à télécharger ou à écouter directement et gratuitement en ligne sur la plateforme numérique d’Espace d’espèces. Fruits d’un an de recherches, menées en collaboration avec l’association Nature en Occitanie et le Museum de Toulouse, partenaires scientifiques de l’opération. Originalité du projet, chaque pastille correspond à un lieu précis de Toulouse et a fait l’objet d’un véritable travail de création artistique, avec une voix-off s’adressant aux auditeurs comme s’ils étaient sur place. Le tout enrobé dans une atmosphère sonore particulière pour plonger les auditeurs en immersion.
Ainsi, chaque documentaire peut être écouté de chez soi mais aussi directement sur le lieu indiqué. « Si l’auditeur se prend au jeu, nous avons mis en ligne des conseils d’écoute avec la position ou le contexte le plus favorable pour se rendre sur place », indique Aurélien Caillaux. Le mieux est, par exemple, d’attendre le printemps, pour écouter l’histoire sur les hirondelles qui font leurs nids, quai de Tounis. De même, pour espérer observer des perruches à collier, c’est de nuit qu’il faut se rendre aux abords du métro Jeanne d’Arc. Quant aux plantes de rue et autres herbes folles, les initiateurs du projet conseillent un grand mur végétalisé près de l’hôpital La Grave. Si celles-ci n’ont pas été piétinées ou arrachées.
« Nous ne garantissons rien, plaisante Aurélien Caillaux. Certaines espèces dont nous racontons l’histoire ont seulement pu être observées par le passé ». C’est le cas, notamment, du sanglier. Souvenez-vous, en 2011, une femelle avait semé la pagaille dans le Virgin Megastore de la rue Alsace-Lorraine. Une des pastilles retrace en détail le parcours de cette folle épopée. « Malgré l’idée que la ville s’est construite en détruisant la nature, ces incursions montrent que la nature sauvage ne disparaît pas. Au contraire, elle s’éclate dans l’espace urbain, car il y a moins de pesticides, pas de prédateurs et toute la diversité alimentaire qu’il faut. Nous, citadins, ne sommes pas tous seuls », souligne le réalisateur.
Ces pastilles sonores mêlant vulgarisation scientifique, création artistique et sensibilisation écologique sont ainsi une parfaite occasion de voir la ville autrement, carte en main et casques aux oreilles. Lorsque les conditions sanitaires le permettront, Espace d’espèces pourra faire l’objet de balades avec des prêts de boîtiers audio. Et à l’avenir, les réalisateurs comptent bien poursuivre leur travail et ainsi enrichir leur cartographie sonore des espèces sauvages à Toulouse.
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