Une famille de merles bleus s’est installée sur une falaise dans le Parc national des Pyrénées, à 1500 mètres d’altitude. Une observation inédite de cet oiseau originaire du Sud de l’Europe qui pourrait être une manifestation du dérèglement climatique.
On l’avait déjà observé dans les parages. Mais l’installation d’une famille de merles bleus dans les Pyrénées, est un fait nouveau qui interroge sur le changement climatique. En effet, ce passereau méditerranéen est plutôt habitué des climats chaleureux du Sud de l’Europe et du nord de l’Afrique. Or, au printemps dernier, des gardes-moniteurs du Parc national des Pyrénées ont pu observer, pour la première fois, un phénomène de nidification de cette espèce dans un renfoncement rocheux d’une falaise à 1500 mètres d’altitude.
« Cette espèce peut-être observée de temps à autres dans les parc. Mais c’est très rare. Sur le siècle dernier, les observations se comptent sur les doigts d’une main. Là, ce qui est particulièrement notable, c’est d’observer un cas de reproduction à cette altitude », confirme Christophe Cognet, chef du service connaissance au Parc national des Pyrénées. En mai dernier, le merle bleu a même été surpris transportant des lézards gris destiné à nourrir des jeunes. Un indice supplémentaire d’une possible reproduction.
Les scientifiques s’interrogent donc sur les raisons qui ont poussé le Merle bleue à venir goûter l’air de la montagne. A-t-il trouvé des conditions devenues favorables à son développement ? Fuit-il des zones devenues inhospitalières ? S’est-il naturellement adapté à des climats plus rigoureux ? « Il est difficile, aujourd’hui, de tirer des conclusions sur des cas particuliers. Mais, ce qui est sûr, c’est que le changement climatique va dans le sens de ces évolutions. Par ailleurs, ce qui peut nous alerter, c’est que nous identifions beaucoup d’espèces qui remontent depuis le sud. Cela crée un faisceau d’indices qui nous fait penser à un possible réchauffement », tempère le responsable scientifique du Parc.
En effet, depuis quelques années, les ornithologues locaux observent une faune, notamment des oiseaux, qui arrivent d’Espagne ou d’Afrique. Par exemple le Petit duc, un hibou de la taille d’un merle, observé du côté de Luz-Saint-Sauveur, des Élanions blancs, un petit rapace, ou encore la Libellule pourpre d’Afrique. « L’Élanion blanc arrive d’Afrique. Il a d’abord colonisé la péninsule ibérique et maintenant il colonise le territoire français », détaille Christophe Cognet.
Au-delà du caractère singulier de ces observations, l’arrivée de ces nouveaux habitants interroge aussi sur l’impact de telles évolutions sur l’écosystème pyrénéen. « Il faut voir comment ces nouveaux arrivants s’adaptent. Mais il y a forcément une concurrence avec des espèces locales. Tant qu’il s’agit de peu d’individus il n’y a pas de problème », avertit le responsable du parc qui s’inquiète aussi du sort des espèces indigène « qui remontent en altitude ».
En effet, un dérèglement climatique brutal pourrait avoir des conséquences sur la faune locale. « Cela dépendra de la rapidité du changement et de la capacité d’adaptation des espèces. Aujourd’hui, nous observons principalement ces évolutions sur des oiseaux ou des insectes car ils ont une capacité de dispersion et de migration plus grande. Les mammifères terrestres, eux, ne peuvent pas faire des grands sauts », ajoute-t-il.
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