Pour son cinquième reportage sur les initiatives inspirantes de protection de l’environnement en Amérique latine, l’équipe de l’association toulousaine Rêv-Earth est allée à la rencontre des porteurs du projet Rogitama Biodiversidad, en Colombie, où 29 hectares de pâturages ont été transformés en refuge de biodiversité.
Dans le monde, l’agriculture est à elle seule responsable de 90% de la déforestation. Depuis 1990, 420 millions d’hectares de forêts ont été engloutis sous la pression des exploitations agricoles. C’est dans ce contexte que le terrain qui accueille aujourd’hui le projet Rogitama Biodiversidad, dans la région de Boyacá en Colombie, avait été rasé afin d’être transformé en pâturages pour l’élevage bovin. Une grande perte pour la biodiversité et les espèces endémiques privées d’un habitat naturel indispensable.
C’est dans les années 80 que Roberto Chavarro et sa famille décident d’acheter ces 29 hectares de pâturages pour replanter des arbres et, ainsi, restaurer l’écosystème original. Quarante ans plus tard, ce lieu est devenu une réserve pour la faune et la flore. Des oiseaux en péril viennent s’y réfugier et de nouvelles espèces y sont découvertes par les scientifiques. L’équipe de l’association toulousaine Rêv’Earth est allé à la rencontre des acteurs de ce projet de reforestation.
En suivant les travaux de Charles Darwin sur les lombrics, la famille Chavarro tente tout d’abord de redonner vie au sol. Le projet commence par l’intégration massive de déchets organiques chaque semaine pendant 3 ans pour augmenter la concentration de lombrics et ainsi favoriser la pénétration des racines dans le sol, l’infiltration de l’eau, la circulation de l’air en profondeur, et le réchauffement du sol.
« Les photos d’avant et d’aujourd’hui sont bluffantes ! On peut voir très clairement l’amélioration de la qualité du sol. La terre était blanche et pauvre et maintenant elle est noire et est remplie de vers de terre », expliquent les deux réalisateurs.
Cette fertilisation du sol a permis de préparer le sol à la reforestation et à la régénération de l’écosystème. Initiée avec la plantation d’arbustes exotiques présents dans les pépinières locales puis prolongée avec celle des espèces endémiques, la reforestation du terrain en fait, aujourd’hui, un refuge pour la biodiversité.
On y retrouve 182 espèces d’oiseaux, dont une multitude de colibris, mais aussi la Paruline du Canada qui est en péril et qui migre sur ce site pour passer l’hiver. De nombreuses études ont été faites sur les lieux et d’autres trésors végétaux ont été découverts. Notamment sur 8 arbres qui abritent, à eux seuls, 161 espèces de lichens, dont 50 nouvelles pour la Colombie et 3 nouvelles pour la science.
Roberto, le père de famille, aimerait voir naître ce type de projet un peu partout dans le monde. Le travail est intense et demande de l’assiduité, mais les bénéfices sont nombreux si les arbres et l’écosystème sont bien protégés et entretenus. Les espèces animales, végétales et fongiques intègrent les lieux et soutiennent la qualité de l’air, la régulation climatique, la purification de l’eau, la pollinisation et la prévention des érosions.
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