Un nombre de sympathisants en sensible érosion. Une sociologie électorale désormais très éloignée de l’image ouvrière traditionnelle. Le PS se trouve à un carrefour majeur et la récente étude de la Fondation Jean-Jaurès ne fait que le confirmer. En Haute-Garonne, les figures socialistes appellent à une remise en question.
Nicolas Tissot et Sébastien Vincini« Le PS est dans une situation aussi difficile que celle de son ancêtre, la SFIO, à la fin des années 1960. » Ce constat sévère est signé du premier secrétaire fédéral du parti en Haute-Garonne, Sébastien Vincini. Si ce dernier se veut optimiste, estimant que « la phase de reconstruction a débuté », l’étude publiée le 24 octobre par la Fondation Jean-Jaurès confirme l’état d’urgence dans lequel est plongé le mouvement socialiste. Selon ce cercle de réflexion réputé proche du PS, le nombre de sympathisants a fondu en quelques années. 22% des Français se disaient en accord avec les idées du parti à la rose en 2012. Ils ne sont plus que 9% aujourd’hui.
« Nous avons perdu notre audience en même temps que nous abandonnions des pans entiers de notre idéologie », regrette Nicolas Tissot, ancien cadre socialiste local, qui a rendu sa carte début octobre. « Le PS accueillait des opinions très diverses, autour de valeurs humanistes. Des valeurs qui s’étiolent, comme lors du débat sur la déchéance de nationalité. Il n’est plus un parti de masse ni le mouvement central de la gauche. La tradition socialiste en Haute-Garonne nous protège encore. Mais pour combien de temps ? »
La Fondation Jean-Jaurès va même plus loin : « Les sympathisants socialistes ne sont plus des électeurs socialistes (seulement 25% d’entre eux ont voté pour Benoît Hamon en 2017, ndlr). » Une réalité qui tient à la sociologie du noyau restant de citoyens proches du PS. Selon l’étude, le sympathisant-type en 2018 serait issu des classes moyennes supérieures et aurait plutôt le sentiment d’avoir « réussi sa vie ». Au rang de ses priorités, il placerait la sécurité, l’immigration et la compétitivité des entreprises devant les aides sociales. « Cela fait peur », lâche Nicolas Tissot.
Au jeu de la concurrence entre partis, difficile en tout cas pour le PS d’être compétitif sur ces thématiques que d’autres mouvements ont érigé en principal moteur. Ce qui fait dire à Sébastien Vincini : « Cette crise de sociologie électorale date de 2002. La gauche est totalement fragmentée. La première urgence est d’identifier les nouvelles grilles de lecture, d’entendre les douleurs contemporaines. Le PS doit reconquérir ceux qui l’ont quitté, ceux qui ne s’intéressent plus à la politique et qui ont perdu confiance. Il n’a pas vocation à s’occuper uniquement de ceux qui vont bien. »
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