Le premier conseil de Toulouse métropole de l’année 2021 a été animé par des débats autour de la présentation du rapport Développement durable pour 2020 et des orientations budgétaires. Des discussions de politique générale qui ont porté tant sur le fond que sur la forme.
Le premier conseil métropolitain de l’année 2021 s’est ouvert sur deux débats de politique générale qui promettaient des discussions houleuses sur le fond comme sur la forme. En effet, les vice-présidents de Toulouse Métropole François Chollet et Sacha Briand devaient respectivement présenter le rapport Développement durable et les perspectives chiffrées permettant d’animer les échanges sur les orientations budgétaires. Sur ces deux dossiers, l’opposition a dénoncé un manque de transparence et s’est inquiétée d’une sous évaluation des enjeux liés à la crise environnementale comme économique.
C’est une première fois, au moment de la lecture du rapport sur le Développement durable pour l’année 2020, que l’opposition a soulevé la question de la sincérité des documents présentés. Ainsi, Maxime Le Texier, élu au sein du groupe Alternative pour une métropole citoyenne, a regretté « l’escamotage d’un indicateur majeur ». En effet, le rapport ne présente pas de données relatives au volume ou à l’évolution des émissions de Gaz à effets de serre sur le territoire de la métropole. « C’est normalement la première ligne et la plus importante d’un tel rapport », a-t-il précisé.
Une absence que François Chollet justifie par la volonté de faire un point sur les actions mises en œuvre. « C’est une photographie en temps réel. Les indicateurs ne sont pas réunis en début de rapport mais ils sont répartis dans le texte. Tous ne sont pas présents car ce rapport ne dresse pas la liste exhaustive de ces actions », a justifié François Chollet. Par ailleurs, selon lui, la question des émissions des Gaz à effet de serre doit être traitée dans un autre cadre, celui du Plan climat énergie air territorial.
Et c’est précisément cette forme de « catalogue d’actions » proposée dans ce rapport que dénonce Antoine Maurice, coprésident du groupe d’opposition Métropole écologiste et citoyenne pour des territoires solidaires (MECTS). « Il y a des actions menées mais elles ne sont pas à la hauteur des enjeux environnementaux », constate-t-il avant d’exhorter Jean-Luc Moudenc à aller plus loin et « ne pas se contenter de labellisations à minima ». Que ce soit en matière de rénovation énergétique des bâtiments, d’évolution du réseau cyclable ou de projets agricoles, celui-ci déplore un manque d’ambition et craint que la métropole n’atteigne pas les objectifs affichés.
Une inquiétude partagée par Pascal Boureau, conseiller métropolitain. « Nous avons le devoir et les moyens de mettre le curseur encore plus haut », affirme ce dernier avant de proposer d’inscrire le principe de la transition environnementale dans le plan de relance de l’État. « Nous sommes et serons au rendez-vous avec des actions construites et cohérentes », balaie François Chollet qui promet, entre autres, d’augmenter la cadence des rénovations énergétiques pour atteindre 7 500 par an.
Dans un deuxième temps, la conseil métropolitain devait engager le débat sur les orientations budgétaires. Encore une fois, après une présentation liminaire effectuée par Sacha Briand, vice-président en charge de la modernisation de la collectivité et des finances, l’opposition s’est plainte de la difficulté d’accéder aux informations essentielles à la bonne tenue des discussions. « J’ai rarement vu un document avec aussi peu de chiffres, d’orientations et de perspectives. J’aurai attendu quelques données sur l’imposition des ménages, les grands projets de la mandature à venir ou sur les recettes prévues », a ainsi déploré Marc Péré, maire de l’Union et coprésident du groupe Alternative pour une métropole citoyenne.
Une attaque injustifiée selon Jean-Luc Moudenc, le président de Toulouse métropole qui justifie l’aspect technique et concis de la présentation de son élu par la volonté, précisément, de permettre le débat et l’élaboration collective du budget. « Ne pas exposer d’orientations prédéfinies est une marque de respect pour mes collègues. On ne peut pas laisser un vice-président décider seul des orientations budgétaires. En ne présentant que les données financières et techniques indispensables, le vice-président aux finances fait du collectif. Qui pourrait le lui reprocher ? », interroge-t-il.
Sur le fond, Marc Péré s’est également inquiété des risques de surendettement auxquels s’expose la collectivité. Notamment avec le spectre d’une baisse des recettes fiscales prévisibles si la crise économique se prolonge. Des craintes partagées par Michèle Bleuse du groupe MECTS et même par Karine Traval-Michelet, pourtant signataire du Pacte de gouvernance avec la majorité, une feuille de route signée en début de mandat qui engage des élus de diverses sensibilités autour d’une majorité dite de projet. « Un rapport plus alarmiste aurait été plus adapté et plus honnête » a ainsi reconnu la deuxième vice-présidente de Toulouse métropole et présidente du groupe Métropole solidaire, écologique et démocratique.
En effet, les élus d’opposition reprochent à la majorité de miser sur une reprise rapide et un retour, trop incertain à leurs yeux, à une situation économique d’avant-crise. « Un déni de la réalité », selon Michèle Bleuse qui rappelle que les conséquences économiques les plus marquantes se feront sentir en 2021 et 2022 et qu’il est peu probable « que nous revenions à la normale d’hier ou d’avant hier ».
Une attitude « de décliniste fervent » émanant d’une « gauche extrême un peu réac », voire d’une « classe bobo assise sur ses privilèges » et partisane d’une « écologie punitive » pour Sacha Briand. En effet, celui-ci reproche aux élus écologistes de considérer les risques encourus par la métropole, notamment la baisse de l’épargne, comme étant structurels quand lui préfère « espérer qu’ils soient conjoncturels ». « Nous ne savons pas quelle sera la durée de la crise. Mais, plutôt que de souhaiter la disparition de l’avion et de l’industrie aéronautique, nous espérons un retour à la dynamique et à l’économie d’avant la crise », ajoute-t-il. Une divergence de points de vue qui dessine d’ores et déjà les grandes lignes des arbitrages pour l’année 2021.
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