Alors que les militants de Génération.s et de Place publique ont largement validé la première mouture d’un accord avec le PS aux élections départementales en Haute-Garonne, leur allié naturel Europe Écologie Les Verts a décliné la proposition. Des choix contradictoires qui recomposent l’équilibre des alliances à gauche.
« En rendant public l’existence et le contenu de l’accord, le parti socialiste est peut-être allé un peu vite », regrette Pascal Barbier membre de la coordination locale d’Europe Écologie Les Verts (EELV). En effet, malgré l’avancée des discussions, la perspective d’une alliance étendue des forces de gauche en Haute-Garonne pour les élections départementales, prévues en mars prochain, paraît compromise.
Ce dimanche 6 décembre, les membres du Pôle écolo, une plateforme politique réunissant, entre autres, Génération.s, Place publique (PP) et EELV, devaient se prononcer sur une première mouture d’un accord avec le Parti socialiste (PS), visant à élaborer une large liste de rassemblement. Si les adhérents de Place publique et du mouvement lancé par Benoît Hamon ont très largement voté en faveur de l’accord, ceux du parti écologiste ont préféré décliner l’offre.
Dans les rangs de Génération.s (85%) comme de Place publique (92%) qui ont voté l’accord a une écrasante majorité, les conditions proposées par le Parti socialiste ont été bien accueillies. Elles invitaient même à l’optimisme. « Les négociations prennent un très bon chemin. Le parti socialiste est ouvert et fait de vraies propositions. Tant sur le plan programmatique que sur l’équilibre dans la constitution de la liste », se félicitait ainsi Thibaut Cazal, le coordinateur des Jeunes Génération.s en Haute-Garonne, avant d’apprendre la décision d’EELV de refuser la proposition du PS.
Sans être définitivement acté, un arrangement semblait pourtant se dessiner autour d’une répartition offrant 14 places aux mouvements issus du Pôle écolo (EELV, PP et Génération.s) et respectivement trois pour le PRG et le PCF. Le PS conservant 34 candidats.
Malgré plusieurs mois de travail commun, afin de fonder les bases d’une union des forces de gauche et écologistes, les routes des principaux membres du Pôle écolo semblent, aujourd’hui, se séparer. En effet, les adhérents de Place Publique comme de Génération.s ont fait le choix de continuer le travail avec les signataires de l’accord avec le PS. Et cela, malgré l’absence de leur allié naturel écologiste. « La raison d’être de notre mouvement est précisément d’œuvrer à l’union de la gauche. Dans cette logique, il y a nécessairement une prime à l’ouverture », analyse Rudy Boss, le co-référent départemental de Place publique.
Une vocation rassembleuse que l’on retrouve dans les rangs de Génération.s. « Nous pouvons déplorer un partenaire de moins. Mais, quoi qu’il arrive, nous nous engagerons avec la liste qui proposera le meilleur programme d’union », garantit Thibaut Cazal. Celui-ci assure toutefois que les échanges se poursuivront avec EELV. Le parti écologiste restant un « interlocuteur privilégié ».
En revanche, lors d’un vote qui proposait divers scenarii allant de la candidature autonome à l’alliance avec le PS ou La France insoumise, les adhérents du parti EELV ont décliné la proposition d’accord soumise par la majorité sortante. Un refus essentiellement motivé par un manque de garanties sur l’engagement dans une transition écologique à la mesure de leurs attentes.
« Nous ne voulions pas nous contenter de promesses et donner un blanc seing sur la gouvernance et le programme. Aujourd’hui, nous devons être dans l’affirmation de l’urgence environnementale et d’une politique écologiste fondamentale, radicale et de rupture. Or, le Parti socialiste n’a pas été assez convaincant à ce niveau », explique Pascal Barbier. Pourtant, le parti écologiste se refuse toujours à partir sous sa propre étiquette et ne désespère pas de rassembler. « EELV ne s’engagera pas seul, mais avec ceux qui veulent bien partir avec nous », confirme Pascal Barbier.
Si la perspective d’une large alliance locale réunissant en son sein les composantes majeures de la gauche (socialistes, verts et insoumis) semble compromise, les différents mouvements assurent maintenir les discussions et ne pas désespérer de limiter le nombre de candidatures. Avant tout, comme le rappelle Thibaut Cazal, pour « faire barrage aux libéraux et empêcher que le département ne bascule à droite ou à l’extrême droite ».
MàJ : Le 17/12/2020 à 11h26
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