À l’initiative du collectif Démocratie ouverte, la présidente de la Région Occitanie a cosigné une lettre ouverte au chef de l’État. Des propositions pour que le Grand débat national soit transparent et aboutisse à des mesures concrètes.
« Je souhaite alerter le président de la République sur les dangers d’une instrumentalisation du Grand débat national, au profit du parti En Marche ou d’une vision égocentrique, jupitérienne si certains préfèrent. » Carole Delga ne mâche pas ses mots pour expliquer ce qui l’a amenée à signer une lettre ouverte à Emmanuelle Macron, aux côtés d’une centaine de Gilets jaunes, représentants de mouvements écologistes et associatifs, acteurs de la société civile, chercheurs et citoyens, tous réunis au sein du collectif Démocratie ouverte.
« Le peuple ne demande pas un champion, un líder máximo, comme le souhaitent certains extrémistes dangereux, ou un performeur, mais une reconnaissance, une attention sincère. La République est en jeu, on ne peut jouer avec une mise en scène, aussi cosmétiquement réussie soit-elle en apparence », enfonce la présidente de la Région Occitanie. Ainsi, dans son courrier, le collectif propose de mettre à la disposition de tous une boîte à outils (plateformes délibératives en ligne, méthodes d’animation, décryptages, etc.) afin que « le Grand débat ne soit pas un moment isolé après lequel on reviendrait aux pratiques politiques traditionnelles ».
Pour garantir la « légitimité et l’efficacité » de la consultation nationale, les signataires suggèrent deux mesures au chef de l’État. La création d’un observatoire indépendant qui étudierait les dispositifs et les méthodes utilisées dans les débats et alerterait de leurs dysfonctionnements éventuels. Et la mise en place d’une assemblée citoyenne tirée au sort, chargée de hiérarchiser les propositions, en vue d’ élaborer un référendum à choix multiples.
En Occitanie, de telles consultations ont eu lieu, pour le nom de la Région ou pour définir le pacte pour une alimentation durable : « La démocratie représentative doit laisser plus de place à la démocratie participative », soutient Carole Delga, citant également en exemple le récent référendum irlandais qui a abouti à l’abrogation de l’amendement constitutionnel interdisant l’interruption volontaire de grossesse. Selon elle, nous traversons « un mouvement sociétal de fond qui doit amener une réponse de modification profonde des pratiques de démocratie ».
Philippe Salvador
Philippe Salvador a été reporter radio pendant quinze ans, à Toulouse et à Paris, pour Sud Radio, Radio France, RTL, RMC et BFM Business. Après avoir été correspondant de BFMTV à Marseille, il est revenu à Toulouse pour cofonder le magazine Boudu.
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