Insatisfait du périmètre de la mesure d’aide au paiement des congés payés annoncée la semaine dernière par le gouvernement, le député Modem de la Haute-Garonne, Jean-Luc Lagleize, a enjoint la ministre du Travail à « combler les trous dans la raquette ».
« Une copie intéressante mais qui doit être complétée. » Voilà en substance l’appréciation que souhaitait partager Jean-Luc Lagleize, le député Modem de la Haute-Garonne, à Élisabeth Borne, la ministre du Travail. En effet, lors de la séance des questions au gouvernement de l’Assemblée nationale, ce mardi 8 décembre, le parlementaire a invité le gouvernement à renforcer la prise en charge par l’État des congés payés accumulés par les salariés lors de leurs périodes de chômage partiel. Notamment en l’étendant aux commerçants, artisans et, de manière plus générale, aux petites et moyennes entreprises.
En effet, la ministre du Travail a annoncé, ce mercredi 2 décembre, la prise en charge par l’État de dix jours de congés payés, pour les entreprises les plus lourdement impactées par la crise sanitaire. Mais, selon Jean-Luc Lagleize, ce dispositif, limité aux sociétés pouvant justifier d’une baisse d’activité de plus de 90 % pendant les périodes d’état d’urgence sanitaire ou d’une interruption partielle ou totale d’une durée supérieure à 140 jours, est trop contraignant et ciblé. « Cette nouvelle aide touche beaucoup de personnes. Mais, de part les seuils qui sont mis en place, elle est restreinte aux secteurs d’activité de la restauration, de l’hébergement et de l’événementiel », regrette le député.
Pourtant, de nombreuses autres filières sont confrontées à la même problématique. Et si toutes n’ont pas connu des pertes aussi spectaculaires que les restaurateurs ou les acteurs culturels, beaucoup de petites et moyennes entreprises sont fragilisées par la crise. « Le paiement de ces jours de congés, notamment au moment où pourrait se profiler une légère reprise, mettrait en danger les plus petites entreprises. Chez un commerçant, par exemple, la masse salariale est ce qui coûte le plus cher », alerte Jean-Luc Lagleize. Une situation d’autant plus regrettable qu’elle pourrait réduire à néant les efforts consentis par l’État pour sauvegarder l’emploi.
« Beaucoup de sociétés ont joué le jeu et ont conservé leurs salariés. Mais il y a trois ou quatre semaines, elles ont découvert qu’elles accumulaient une dette sociale importante. Beaucoup de commerçants, d’artisans et de petits entrepreneurs sont alors venus m’interpeller sur le fait qu’ils allaient être obligés de licencier, parfois immédiatement », précise Jean-Luc Lagleize qui a donc relayé leur inquiétude sur les bancs de l’Assemblée. À cette occasion, celui-ci a engagé la ministre du Travail à réfléchir à « un autre mécanisme pour aider des entreprises de taille plus modeste qui ne demandent peut-être pas les 10 jours mais un soutien pour assumer ces congés ».
Néanmoins, Jean-Luc Lagleize rappelle que son intervention ne s’inscrit pas dans une démarche d’opposition mais de relais et de contrôle de l’action du gouvernement sur le terrain. « Les aides qui ont été mises en place par le gouvernement sont exceptionnelles. Mais la situation est inédite et il est donc normal qu’il y ait des trous dans la raquette. Après avoir été interpellé par les citoyens, je fais remonter les besoins pour que le dispositif soit le plus complet et universel possible. Je ne fais que mon job de député », défend Jean-Luc Lagleize.
En intervenant publiquement, celui-ci s’est donc essentiellement assuré que le message a été entendu par la ministre du Travail ainsi que par Bercy et le Premier ministre. Ce dernier étant chargé des arbitrages en la matière. Et, si cela s’avère nécessaire, le député de la Haute-Garonne s’engage à relancer « en off » le gouvernement, dès la semaine prochaine.
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