Fusion. Alors qu’elle vient d’annoncer le futur élargissement de son périmètre, la communauté d’agglomération pourrait s’affirmer comme un contre-poids plus important à Toulouse métropole. D’autant que certains sujets comme l’élaboration du Scot divisent déjà les deux territoires.
Au 1er janvier prochain, le Muretain Agglo devrait intégrer ses voisines Axe Sud et Coteaux du Savès et de l’Aussonnelle. Passant ainsi de 90 000 à 120 000 habitants et devenant la troisième force intercommunale de la grande région. De quoi peser davantage dans les débats avec Toulouse métropole ? «La question n’est pas arithmétique», coupe d’emblée André Mandemement, maire PS de Muret et président de la communauté d’agglomération. Il n’empêche. Comptant parmi les territoires à la plus forte croissance démographique de tout l’Hexagone (2 % par an), le Muretain veut afficher ses ambitions.
«Nous avons besoin de conserver emploi dans nos communes pour ne pas envoyer tous les habitants sur le périphérique vers des zones de travail concentrées», lance l’élu. Un moyen de rappeler que l’intercommunalité est en désaccord avec sa grande voisine sur la question du développement économique. Au point qu’elle a voté contre la révision du Schéma de cohérence territoriale (Scot). Et demandé purement et simplement sa sortie du Smeat, le syndicat mixte chargé de l’élaboration de ce document majeur fixant les grandes stratégies d’aménagement.
« Réfléchir avec le Sicoval »
«Les relations avec Toulouse Métropole sont plutôt bonnes sur un certain nombre de sujets comme les transports, mais elles sont plus tumultueuses dans d’autres domaines. André Mandement et Jean-Luc Moudenc aiment souffler le chaud et le froid», souligne un observateur de la vie politique locale. Pour autant, cet élargissement du Muretain est accueilli «avec bienveillance» par Sacha Briand. «Il est intéressant de s’adresser à un acteur unique, de taille critique et avec une forte capacité d’implication.», note le vice-président de la métropole en charge des finances. Des propos corroborés par le député socialiste Christophe Borgel : «Cela donne une cohérence nouvelle. Axe Sud était une communauté un peu ”entre-deux”. Dorénavant, nous aurons le Sicoval au sud-est de la métropole et le Muretain au sud-ouest.»
Mais très vite, les divergences politiques reprennent le dessus. Le Républicain Sacha Briand, qui assure que cette fusion a été «opérée au forceps sous le regard bienveillant du conseil départemental» – elle a été menée volontairement et ne figurait pas dans le projet de refonte des intercommunalités par le préfet –, appelle la communauté d’agglomération à «réfléchir avant tout à son projet de territoire». Et Christophe Borgel de dégainer également : «Si chacun des acteurs joue le jeu, il n’y a aucune raison que les discussions ne soient pas fructueuses. Mais si Toulouse métropole traite tous les sujets comme le prolongement de la ligne B du métro vers Labège, on ne va pas aller loin.»
Les rapports tendus que la métropole entretient avec le Sicoval forcent en effet à s’interroger sur ses futurs liens avec le Muretain. Et sur la possibilité d’une entente entre les deux ”petits”, à majorité de gauche. «Le Sicoval nous ressemble. Demain, nous aurons à réfléchir avec lui sur ce que nous pouvons faire ensemble», appuie d’ailleurs André Mandement. Mais notre observateur de la vie politique de nuancer ces positions affichées : «Malgré les divergences, les élus savent aussi être pragmatiques pour leur territoire.»
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