Le taux de participation aux élections régionales et départementales est historiquement faible. Chez les jeunes, le taux d’abstention s’élève à 87% lors du premier tour. L’association Les Engagés tente de faire renaître un esprit républicain chez les moins de 30 ans. Rencontre avec Alexis Costa, Coordinateur des Engagés Toulouse.
Qu’est-ce que l’association Les Engagés ?
Les Engagés, c’est un mouvement qui a été lancé en 2017 suite au fort d’abstention par rapport aux élections législatives. Le président national qui est Grégoire Cazcarra a pour objectif de sensibiliser la jeunesse. Donc les moins de 30 ans à l’engagement. Que ce soit un engagement politique, associatif, mais on va encore plus loin avec l’engagement entrepreunarial. Nos actions sont différentes, avec le Covid, on fait quand même pas mal de visio puisqu’on ne pouvait plus se rassembler. Ça passe par des conférences, comme des débats d’idées. On est quand même principalement axé sur la politique, c’est notre ADN. Ainsi, on explique le rôle d’un élu que ce soit d’un maire, d’un député, d’un conseiller départemental, d’un conseiller régional. On explique aussi le rôle d’une institution comme le rôle du Conseil départemental et le rôle du Conseil régional par exemple.
Nous sommes présents dans plusieurs villes de France, notamment Toulouse, mais aussi Bordeaux, Paris, Nancy, Lille. Et nous aurons bientôt de nouvelles antennes, car nous avons remarqué un engagement de plus en plus fort.
Ça veut dire que les jeunes ne sont pas assez engagés ?
L’engagement, c’est très large. Je pense que notre génération est effectivement engagée, mais nous n’avons pas la même forme d’engagement que la génération de nos parents ou de nos grand-parents. On le voit notamment avec les élections départementales et régionales. Il y a un fort taux d’abstention. Peut-être que les jeunes ne se sentent pas représentés à travers ces élections, à travers les différents candidats. Mais nous sommes aussi mal informés sur le rôle de ces différentes institutions. Pourtant, elles sont très importantes, le Conseil départemental, c’est quand même principalement les aides sociales, ça passe aussi par la gestion des collèges, et même des sapeurs-pompiers. Notre génération n’a pas cette notion.
Personnellement, qu’est-ce que ça vous fait quand vous voyez de tels chiffres concernant le taux d’abstention ?
Effectivement, il n’y a pas eu de sursaut républicain lors des régionales. Honnêtement, ça me fait mal au cœur. Un citoyen dès sa majorité devient acteur de cette vie démocratique. Là, on s’aperçoit que la démocratie subit une défaite.
D’après vous, comment on en est arrivé là ?
On ne va pas se mentir, il n’y a pas que les moins de 30 ans qui ne votent pas. Il y a de manière générale, des gens qui ne se sentent plus vraiment représentés à travers des partis. Ça ne date pas d’hier, ça fait déjà quelques années que les Français ne font plus confiance aux politiques.
Pourquoi particulièrement les jeunes ?
Les jeunes sont l’avenir de la société, et ils n’ont plus du tout la même conception de la politique. En ayant discuté avec des jeunes, j’entends souvent « Ce ne sont que des escrocs, on ne peut pas leur faire confiance ». Pour eux, la démocratie, ce n’est pas seulement aller voter. C’est aussi installer des débats, de faire une sorte de convention citoyenne. Je pense que la Ve République reste quand même une très bonne idée, il ne faut pas la changer. Mais c’est vrai qu’il y a de plus en plus de jeunes qui souhaiteraient pourquoi pas changer de régime ou faire une nouvelle République. C’est un avis comme un autre. Ils pensent que les politiques devraient être plus proches du peuple et notamment de notre génération.
Mais alors qui est-ce qui est responsable de cette situation ? Les citoyens et notamment les jeunes ou les hommes politiques ?
Ce sont les deux. Notre pays est riche en histoire, on n’a pas fait la révolution pour rien. On prône la démocratie tout le temps avec la liberté d’expression. Au final, les politiques perdent la confiance de l’électorat dans la mesure ou ce n’est que promesse. Et à côté, les électeurs ont un ras-le-bol. Donc c’est peut-être aussi pour faire passer un message.
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