J-10. Alors que les élections approchent à grands pas, le JT va à la rencontre de ceux qui abordent la politique autrement. Pour les déficients visuels, l’acte de vote demeure difficile. Si la situation évolue, aucun dispositif n’est véritablement mis en place pour les aider.
«Pendant cette campagne, on parle beaucoup du physique de Macron. Je suis curieuse et j’ai donc demandé à mon entourage de me le décrire. Ils me l’ont dépeint comme un bel homme aux yeux bleus. Mais au final, ces précisions ne changeront rien à mon vote ni à ce que je pense.» Mado, jeune retraitée de l’industrie du textile, sait d’ores et déjà pour qui elle votera.
«J’écoute beaucoup la radio, les voix mais ce qui compte ce sont les programmes», raconte cette bénévole de l’association Valentin Haüy. Maud, une autre volontaire, partage son idée. «Je voterai pour celui qui défendra toutes les questions qu’on se pose sur le handicap et les retraités. Ne pas les voir ou savoir à quoi ils ressemblent ne me dérange pas du tout. Il peut arriver qu’avec les voix, je perçoive la personnalité du candidat mais c’est rare».
Chez beaucoup de mal ou non-voyants, seules les idées et les valeurs comptent. Mais tous insistent sur les difficultés auxquelles ils sont confrontés lorsqu’ils doivent accomplir leur devoir de citoyen. «Mes parents m’accompagnent dans l’isoloir, ils me lisent les noms et m’aident à glisser le bulletin dans l’enveloppe. Ensuite, je me débrouille pour le déposer dans l’urne. Mais ça m’interroge, comment vais-je faire quand ils ne seront plus là ? Et puis en termes de secret du vote, ce n’est pas optimum», assure Corinne, animatrice “français et anglais” au sein de l’association Unadev (Union nationale des aveugles et déficients visuels).
Si les associations locales n’ont pas écrit aux différents partis politiques, l’APAJH (Association pour Adultes et Jeunes Handicapés) a appelé les candidats à s’engager pour le droit de vote universel avec son pacte handicap 2017-2022. Car, comme beaucoup de personnes handicapées, les déficients visuels se sentent exclus de cette campagne. «À aucun moment, il n’a été question des handicapés et des mal voyants. On entend plus parler des affaires de Fillon», regrette Thierry, un animateur de l’Unadev.
Pourtant, le 22 décembre dernier, un décret relatif à l’élection du président de la République au suffrage universel a été modifié afin de rendre les campagnes plus accessibles pour les personnes en situation de handicap. Dorénavant, la profession de foi des candidats devra être déposée sous la forme d’un texte imprimé, d’un enregistrement sonore et d’une version électronique compatible avec un logiciel de lecture d’écran.
Comme l’a souligné Ségolène Neuville, secrétaire d’État chargée des personnes handicapées et de la lutte contre l’exclusion, «le programme des candidats doit être accessible aux aveugles et mal voyants qui souhaitent en prendre connaissance par Internet.» Une avancée qui, pour l’heure, ne s’est traduite par aucun dispositif particulier pour les non et mal voyants dans les bureaux de vote. «J’aimerais tant qu’un jour nous ayons des bulletins en braille», espère Thierry.
Émilie Lopes
La rédaction
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