Attaques. À Cugnaux, nouvelle et ancienne majorité se déchirent. Une chose est certaine : leur calculatrice n’est pas la même.
Par Julien Davenne.
C’est une pratique devenue coutumière, presque traditionnelle. À chaque changement de majorité municipale, l’équipe arrivante commande un audit. Invariablement, le résultat est sans appel. Les caisses sont vides, la gestion des sorties calamiteuse et la ville exsangue. À Cugnaux, la tradition est respectée. Quand il est arrivé aux affaires en 2001, Philippe Guérin n’a pas tardé à s’y soumettre. Le résultat lui a permis d’épingler son prédécesseur, Michel Aujoulat, en dénonçant son manque de rigueur. Aujourd’hui, c’est lui, battu aux dernières municipales, qui est dans le viseur et c’est le nouveau maire, Alain Chaléon, qui a le doigt sur la gâchette. Objet central du règlement de comptes, le Pôle multiculturel, voulu et construit par l’ancien maire. Il devait recentrer les activités culturelles de la ville, moderniser l’offre en dotant la ville d’un équipement architectural d’envergure. Le bâtiment est là, mais la coquille est vide et risque de le rester. Hervé Marty, directeur général des services, prend soin de préciser qu’il est « sans obédience et au dessus de la mêlée. » Pourtant, c’est en sniper qu’il ajuste l’ancien maire, en parlant d’un « projet absurde et sans contenu, mal financé et mal monté. » Dans la foulée, il cible aussi l’héritage sans épargne, le train de vie excessif, la dette importante, en grande partie imputable aux 15 millions du Pôle culturel. Pourtant, l’ancien maire n’en démord pas, la ville n’aurait supporté qu’un tiers du coût global. Il y avait moyen de minorer l’impact en vendant du foncier. Les subventions étaient actées. Son projet était viable, nécessaire aussi. Comme les choses ne sont pas assez compliquées, c’est l’autre Guérin, Pierre, ancien colistier de Philippe, qui en remet dans la culasse. Pour celui qui préféra se désolidariser de l’ancien maire en raison de la dérive financière liée au Pôle multiculturel. Le projet était surdimensionné et, ajoute t-il : « Si le maire m’avait écouté, on n’aurait pas ce bordel. » Trop tard. Le bâtiment est construit et s’il est encore ceint de barrières de chantier, c’est un fossé qui s’est creusé. La municipalité ne fera aucun aménagement en 2015, manière de rester cohérente en criant haut et fort son refus d’engager de nouvelles dépenses. Mais après ? Après, ne restera plus qu’à compter les abattis et à présenter l’ardoise. Tous le savent et le disent : « Un bâtiment vide coûte. » Il faut garder, chauffer, entretenir. Par ailleurs, les deux autres salles de la ville sont anciennes et nécessitent des investissements. Si le sort de la salle de spectacle, qui devait à terme compléter le projet, a du plomb dans l’aile, il ne fait pas de doute qu’in fine, le Pôle culturel trouvera son usage et ses usagers. Au fil de la conversation, Philippe Guérin se fait un peu amer. Il déplore le manque de vision collective, les tendances de la nouvelle équipe, qu’il suspecte de privilégier les intérêts particuliers au détriment du collectif. Après la grande illusion des studios de cinéma, Cugnaux déchante encore. Le terrain d’aviation est une friche, le Pôle culturel une jachère. Avec 400 nouveaux habitants par an, la ville devra faire face à des besoins croissants. En attendant, elle attend.
La rédaction
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