Comme à Toulouse, sept communes de la métropole doivent attendre pour connaître leur prochain maire. À Colomiers et Tournefeuille, les candidats ont suspendu leur campagne le temps de laisser passer la crise sanitaire. Cette interruption va-t-elle avoir un impact sur le scrutin ?
Sur les 37 communes de la métropole toulousaine, huit doivent attendre le second tour des élections municipales pour connaître le nom de leur prochain maire. C’est notamment le cas à Colomiers et Tournefeuille. Mais face à la situation sanitaire, le Gouvernement a fait le choix de reporter cette deuxième partie du scrutin. Une décision nécessaire et unanimement saluée par les candidats qui ont tous suspendu leur campagne. Mais l’exceptionnelle abstention fait planer un doute sur la sincérité des résultats et ce délai inédit entre deux tours d’une élection municipale pourrait avoir des conséquences sur la suite du processus électoral. Entre un premier tour difficilement interprétable et un calendrier qui reste à préciser, la situation est un peu confuse.
À Colomiers, c’est la liste de coalition socialiste (PS), écologiste (EELV) et communiste (PC) de la maire sortante Karine Traval-Michelet qui est arrivée en tête (42,1%) de ce premier tour marqué par un taux d’abstention de 57% dans la commune. Un résultat « satisfaisant » mais « déjà loin » pour la candidate à sa propre succession qui refuse de se projeter dans la suite de la campagne. « Le contexte sanitaire a balayé les préoccupations et les enjeux des municipales. Dans ce contexte nous n’avons aucun contact avec d’autres listes », explique Karine Traval-Michelet qui privilégie toutefois l’option d’un maintien sans fusion : « Je suis dans une perspective de stabilité avec mon programme et mon équipe. » Sa seule inquiétude : d’éventuelles polémiques liées au nouveau calendrier : « Il faut trouver les modalités les moins contestables pour qu’il n’y ait pas de recours potentiels, de circonstance ou d’opportunité. »
Face à elle, l’écologiste-insoumi (LFI) Patrick Jimena s’interroge sur la pertinence d’avoir maintenu le premier tour et se dit partisan de son annulation. « Avec ce taux d’abstention inédit pour des municipales, ce scrutin n’est pas vraiment sincère et ne reflète pas le paysage politique columérin », juge-t-il. Pour lui, ce deuxième tour « déconnecté du premier », pose une question constitutionnelle majeure. Et la date annoncée de juin lui paraît précipitée : « Dans trois mois, la crise sanitaire ne sera pas réglée. La campagne risque d’arriver comme un cheveu sur la soupe. » D’autant qu’à son avis, le contexte politique en sera profondément bouleversé. « Ce sera un quitte ou double à un seul tour où les enjeux de transition énergétique, de santé ou de souveraineté alimentaire reprendront le dessus. »
Damien Labordes, le candidat Les Républicains soutenu par La République en Marche (LREM), lui, est suspendu à la décision du Gouvernement et refuse de se positionner. « Un retrait pur et simple, le maintien ou une fusion… Pour le moment, rien n’est exclu », déclare-t-il en précisant qu’aucun choix ne sera arrêté avant un retour à la normale. « On ne peut pas avoir un débat politique serein en période de crise », précise-t-il avant d’interroger la sincérité du vote au premier tour. « Les gens ont-ils voté pour un projet ou ont-ils voté coronavirus ? Dans cette situation, la prime au sortant a été quintuplée. On ne change pas un capitaine dans la tempête », analyse-t-il avant de constater que « 30 000 maires élus au premier tour, c’est un record dans la Ve République ».
À Tournefeuille, c’est le maire sortant socialiste Dominique Fouchier qui est en position de force, avec 41,6% des votes exprimés, pour aborder le deuxième tour des municipales. Mobilisé par la gestion de l’épidémie, celui-ci n’a pas pu répondre à notre sollicitation. Sur son site officiel de campagne, celui-ci annonce cependant avoir suspendu sa campagne et observe « une participation historiquement basse qui rend les analyses assez difficiles ».
Une décision également prise par son principal rival, Laurent Soulié, la tête de liste LREM qui comptabilise 37,2% des suffrages. « Il est trop tôt pour parler du second tour. La nouvelle campagne démarrera en temps voulu », affirme-t-il. Malgré la faible participation, celui-ci juge les résultats représentatifs et se dit « favorable à leur sanctuarisation ». Même s’il reconnaît que cela pose une question constitutionnelle.
Injoignable, le candidat de la Liste citoyenne de Tournefeuille, Stéphane Mériodeau, a confirmé quant à lui sa présence au second tour via un communiqué diffusé sur les réseaux sociaux, dès le lendemain du scrutin. Obtenant 13 % des voix, celui-ci appelait alors au report du second tour pour des raisons sanitaires mais également démocratiques, car « une très faible participation mettrait en péril la légitimité du scrutin ».
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