Les propos du chef de l’État ont étonné lors de la remise du rapport Borloo sur les banlieues. Certains ont même parlé d’abandon du plan banlieues par Emmanuel Macron. Qu’en pensent les élus de terrain ?
« Je ne vais pas vous annoncer un plan ville, un plan banlieues ou je ne sais quoi parce que cette stratégie est aussi âgée que moi… On est au bout de ce que cette méthode a pu produire. » C’est ainsi qu’Emmanuel Macron a justifié sa décision de ne pas suivre les recommandations du rapport remis par Jean-Louis Borloo sur la banlieue. Mené en coconstruction avec des élus et des associations pendant près de six mois, le travail de l’ancien ministre de la Ville, à l’origine de la création de l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru), devrait quand même servir de base de réflexion aux mesures du gouvernement en faveur des quartiers défavorisés.
Pour Mickaël Nogal, député LREM de la 4e circonscription de Haute-Garonne qui englobe le Grand Mirail, il s’agit là d’une « méthode intéressante. » « Les plans banlieues se sont succédés sans qu’on puisse parler de vraie réussite. » « Ce ne sont pas les plans qui ont échoué, c’est le manque de moyens mis en face », rétorque Vincent Gibert, conseiller départemental PS. Il n’y a pas de prise de conscience des difficultés de ces quartiers populaires. »
Pourtant, aux yeux du député En Marche, il était important de casser la logique de l’enveloppe budgétaire distribuée dans l’attente d’un résultat. Dans un discours similaire à celui du gouvernement, il insiste pour rappeler que c’est l’ensemble de la politique de la majorité qui aura un impact sur les quartiers. « Il n’y a pas de mesures spécifiques aux quartiers mais l’objectif est que tout le monde bénéficie des mêmes droits », explique-t-il, citant le dédoublement des classes de CP et celui à venir des CE1 dans les quartiers populaires, la police de sécurité du quotidien qui va voir le jour, les emplois francs ou la future loi Elan sur laquelle il travaille « pour lutter contre les marchands de sommeil et l’habitat indigne ». Franck Biasotto, adjoint au maire de Toulouse et maire du quartier du Mirail, partage cet avis. Celui qui a rejoint les rangs d’En Marche se félicite de voir « des mesures pragmatiques » et notamment un ajustement de l’Anru, « qui était devenue trop technocratique. » « Les outils existent et l’idée est de se tourner davantage vers l’humain », précise-t-il.
S’il regrette « des annonces aux rabais » pour ces quartiers « qui nécessitent un engagement plus fort », Vincent Gibert souligne surtout la « grande déception et le mécontentement des élus locaux et des associations chez qui le rapport Borloo avait fait naître beaucoup d’espoir ». Élu dans le canton Toulouse 8, qui comprend les Izards, il assure que cela « va contribuer à accentuer la défiance envers les politiques dans ces quartiers ».
Paul Périé
La rédaction
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