Les députés ont adopté définitivement, ce mardi 5 avril, la réforme qui modifie les règles de la campagne présidentielle. Le texte prévoit une équité des temps de parole, un système de parrainage plus transparent, une comptabilisation des primaires dans les dépenses électorales… des propositions que de nombreux petits partis jugent préoccupantes.
Gérard Bapt, député de la deuxième circonscription de la Haute-Garonne :
« Non cela ne changera pas la donne électorale. Par contre, cela donne plus d’équité, notamment durant les semaines avant le premier tour et une équité absolue pendant la campagne officielle. Cependant, sur la période qui précède cette campagne officielle, il y a aura une pondération en fonction de la représentativité des candidats jaugés en fonction des résultats électoraux les plus récents. L’équité se fait ou non en fonction de ces critères. Il est effectivement très difficile pour les médias d’assurer l’égalité d’expression de tous les candidats, qui sont particulièrement nombreux lors du premier tour. Un autre point abordé est la transparence des parrainages, qui seront désormais tous publics. Il en va d’une responsabilité politique autour de ces parrainages qui n’ont, de ce fait, pas à rester cachés. Tout comme les comptes de campagne comptabilisés sur une période d’un an, qui permettront de tenir compte des primaires qui participent bien sûr à la période électorale du candidat définitif. Quant à la transparence des sondages, qui reprend une proposition de loi qui avait été votée au Sénat, faire mentionner la proportion des personnes n’ayant pas répondu ainsi que les résultats bruts évitera des distorsions par les instituts de sondage. Il y a une critique de la part des petits partis, mais aujourd’hui la multiplicité des mass-médias fait qu’ils ont l’opportunité de se faire entendre. Les temps de parole sont, de toute façon, sous la surveillance du CSA. L’égalité absolue avant la campagne officielle est devenue ingérable étant donné la multiplicité des candidats et serait particulièrement rébarbative pour les auditeurs. Cette réforme, à elle seule, ne changera pas la donne pour les élections présidentielles. »
Damien Lempereur, Avocat en droit du travail, Délégué National pour Debout la France, ex-tête de liste pour les régionales en LRMP:
« Comme souvent, on cache derrière le mot “modernisation” une régression, un vrai retour en arrière. En effet, cette loi va restreindre l’offre politique au premier tour de la présidentielle au profit des soi-disant « grands » partis, à savoir ceux qui ont tout échoué depuis 30 ans. Comment ? D’abord, la publication au fur et à mesure du nom des parrains rendra plus difficile pour les candidats l’obtention des 500 parrainages. En effet, les intimidations des élus locaux ne sont pas rares et la publicité immédiate de leur parrainage sera un élément de pression supplémentaire pour les dissuader de soutenir des candidats indépendants. Cela sera d’autant plus vrai pour ceux qui n’auront pas la chance – contrairement à Debout la France – de pouvoir s’adosser sur un parti bien implanté dans le pays. Pire, l’égalité du temps de parole sera désormais réduite aux deux dernières semaines avant le premier tour ! C’est désormais le principe « d’équité » qui s’appliquera pour tout le reste de la campagne, en tenant compte notamment de la « représentativité » sondagière de chaque candidat ou de ses résultats électoraux précédents ! Une arnaque lorsque l’on connaît le niveau d’abstention dans notre pays… La loi ouvre la porte à la totale subjectivité des chaînes et du CSA, dont les décisions ne seraient pas susceptibles d’appel… Ainsi, seuls les « gros candidats » pourraient parler et surtout être entendus par les Français. C’est contraire à tous les principes démocratiques ! Un peu comme si on autorisait dans un match de foot l’une des deux équipes à jouer un quart de plus par mi-temps. Le gouvernement, incapable de résoudre les maux qui traversent le pays (chômage, insécurité, pauvreté) préfère de nouveau truquer le thermomètre plutôt que d’essayer de faire baisser la fièvre. Malheureusement, la démocratie ne sort pas indemne de ces mauvais traitements. »
Myriam Balavoine
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