A Toulouse, des bénévoles s’activent pour faire connaître la Primaire Populaire, une démarche citoyenne qui entend faire émerger un candidat unique de la gauche et des écologistes pour la présidentielle de 2022.
Ils ne veulent pas se résoudre à l’éparpillement des candidatures qui semble se dessiner du côté de la gauche et des écologistes en vue de l’élection présidentielle. A Toulouse, comme partout en France, des citoyens s’engagent pour la Primaire populaire, une initiative issue de la société civile visant à désigner un candidat commun en 2022. “C’est vraiment l’année ou jamais pour faire gagner l’écologie, la justice sociale et la démocratie. Nous savons que ce sera le dernier mandat pour agir sur le climat. Les urgences sont telles qu’on ne peut pas se permettre d’attendre encore cinq ans”, lance Robin Touzanne, bénévole toulousain de la Primaire populaire.
Agé de 21 ans, cet habitué des marches de la jeunesse pour le climat vit là sa première aventure sur le terrain politique. “Comme beaucoup de gens de ma génération je ressens une certaine angoisse pour l’avenir. Quand j’ai entendu parler de la Primaire populaire, ça m’a redonné espoir. C’est un système inédit et une belle opportunité pour redonner la parole aux gens et que nos revendications soient au pouvoir”, poursuit-il.
Ce processus de primaire ouverte invite en effet à chacun à parrainer un ou plusieurs candidat déjà présent sur le site, voire à en proposer un nouveau. Actuellement, une quinzaine de personnalités sont proposées. Des candidats déjà déclarés à la présidentielle comme Jean-Luc Mélenchon, Sandrine Rousseau, Yannick Jadot ou Anne Hidalgo. Mais aussi des candidats plébiscités par des citoyens à l’image de Christiane Taubira, en tête des parrainages à ce jour, François Ruffin, Clémentine Autain, Jean-Marc Jancovici, Pierre Larrouturou ou encore Cyril Dion.
En amont de cette phase de parrainage, l’équipe de la Primaire populaire a rencontré toutes les forces de gauche pour établir un socle commun qui serve de base à la démarche. Ce socle résume les valeurs de l’initiative ainsi que les dix principales mesures envisagées. “Nous sommes bien conscients qu’il y a de fortes différences entre tous ces partis. Mais l’idée de ce travail est d’insister sur ce qui nous unit, de rappeler qu’il y a aussi beaucoup d’idées communes”, explique Nejla Feliachi, autre bénévole de la Primaire populaire à Toulouse et militante au sein de Génération.s.
Actuellement, la Primaire Populaire revendique plus de 110 000 signataires. Les organisateurs visent ouvertement les 300 000. “Il faut atteindre cet objectif le plus tôt possible. C’est essentiel car c’est ce qui va nous permettre d’établir un rapport de force avec les candidats pour qu’ils adhèrent à la démarche”, assure Nejla Feliachi. Pas tout à fait à la hauteur espérée à cette période, le nombre de signatures connaît toutefois une forte croissance depuis deux semaines. Et du côté de la Primaire populaire, on mise sur la fin de la Primaire écologiste pour accélérer encore.
A l’issue de cette première phase qui prend fin le 11 octobre, les 10 candidats (5 hommes et 5 femmes) ayant reçu le plus de soutiens seront sélectionnés. Ils seront ensuite soumis à un vote par jugement majoritaire qui aura lieu les 9 et 10 décembre. Il s’agira pour les internautes de se prononcer sur chacun des candidats avec une appréciation pouvant aller de “Excellent” à “A rejeter”. “C’est une méthode très pertinente qui reflète bien mieux l’opinion des citoyens que la manière dont on nous a appris à voter. Et cela évite les dynamiques de vote utile. Il peut m’arriver de ne pas avoir envie de choisir entre tel ou tel candidat, je veux pouvoir me prononcer sur chacun”, s’enthousiasme Robin Touzanne.
En attendant, les bénévoles s’activent partout en France pour déployer la stratégie de mobilisation virale du mouvement. “Le but est d’identifier les gens éventuellement intéressés par le projet, de les inciter à en parler à d’autres personnes, etc…C’est un modèle exponentiel qui prend du temps à mettre en place mais cela peut grossir très vite”, détaille le jeune bénévole. A Toulouse, un week-end de rencontres et de formation des bénévoles pour faire grandir la Primaire populaire a réuni plus de 50 personnes la semaine dernière. Au total, une centaine de sympathisants s’activent pour faire marcher à fond le bouche à oreille et sillonner le terrain. Parmi eux, plusieurs élus Archipel Citoyen, dont la démarche était assez proche, comme Maxime Le Texier, Odile Maurin ou Aymeric Deheurles.
Comme leurs aînés, les jeunes bénévoles toulousains de la Primaire populaire veulent réenchanter la politique et revitaliser la démocratie. Ils sont pour autant conscients de la difficulté de la tâche. Car, à ce jour, seulement trois candidats présents sur le site ont déclaré qu’ils s’inscrivaient dans la démarche. “Rien n’est joué, insiste Nejla Feliachi, le nombre de signatures monte chaque jour et quand nous serons 300 000, soit plus de deux fois plus que les participants à la primaire écologiste, les candidats seront bien obligés de nous parler”. Reste à savoir si ces derniers seront sensibles à cette pression de la société civile pour une candidature unique.
Commentaires