Baptême. Avant même sa création officielle au 1er janvier prochain, la nouvelle grande région pose une question qui intéresse et préoccupe chacun de ses habitants. Comment devra-t-on l’appeler ? Entre priorité à l’identité historique ou au rayonnement économique, la problématique divise.
Par Thomas Gourdin
Le sujet est sensible. Le nom de la future grande région Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées focalise les attentions et heurte les sensibilités. Un enseignant-chercheur toulousain expérimenté, spécialiste de ces questions, s’est d’ailleurs refusé à tout commentaire «pour éviter une récupération politique». Et parmi les principaux candidats au scrutin régional, peu ont répondu à nos sollicitations – avant, il est vrai, que la campagne ne soit suspendue suite aux terribles attentats qui ont frappé Paris. À l’exception du maire divers gauche de Montpellier Philippe Saurel, qui a publiquement fait part de son inclination pour le terme ‘’Midi’’, les têtes de liste, de la socialiste Carole Delga à l’écologiste Gérard Onesta par exemple, partagent la volonté de soumettre ce choix aux habitants. Un moyen d’éviter que la nouvelle région soit uniquement baptisée depuis Paris, puisque c’est le Conseil d’État qui sera chargé d’entériner le nom avant octobre 2016. Et preuve, aussi, que ce thème pourrait avoir un impact dans les urnes.
L’un des rares à réagir à nos sollicitations, le candidat frontiste Louis Aliot s’est contenté de rappeler sa position. Celle d’une «consultation de la population à choix multiple», sa préférence allant vers Languedoc-Pyrénées ou Occitanie-Pays catalan. Le plus disert sur la question a été Dominique Reynié. Tout en lyrisme, le candidat de la droite et du centre pose l’enjeu principal selon lui : «Choisir le nom de la région, c’est interroger son identité, c’est retrouver des sentiments et des sensations qui s’imposent à toutes et à tous (…) c’est comprendre l’accord du temps présent avec le temps passé, c’est déchiffrer cette alchimie du vivre ensemble qui existera pendant encore longtemps.» En résumé, la nouvelle appellation doit avant tout permettre aux habitants de s’y identifier. «Il serait paradoxal de se replier sur une marque commerciale, glaciale», appuie-t-il.
« Conjuguer l’histoire du territoire à son évolution récente »
Une précision qui sonne comme une réponse aux aspirations du monde économique. «Il est important que la région soit identifiable simplement dans le monde entier », milite Philippe Robardey, président régional du Medef. « Que nous puissions la promouvoir auprès de nos clients, qu’ils soient touristes, acheteurs d’avions, de produits médicaux ou agroalimentaires. Pour cela, il faut une marque forte, un nom facile à prononcer dans de nombreuses langues. Ce sont les critères économiques primordiaux. Mais il reviendra aux dirigeants politiques de juger quel est le principal enjeu du nouveau nom.»
Concilier la dimension identitaire et culturelle à celle du rayonnement. Voici donc le casse-tête à résoudre. Jean-Louis Chauzy, président du conseil économique, social et environnemental (Ceser) de Midi-Pyrénées, étaye cette problématique : «Il faut conjuguer l’histoire du territoire à son évolution récente, avec le boum aéronautique qui a fait venir plusieurs générations issues d’autres régions. Comment recréer un sentiment d’appartenance pour générer les solidarités ? Comment prendre en compte les particularismes locaux, dont certains sont exacerbés ? Et dans ce monde ouvert, comment nous situer ?» Autant de questions qui mobiliseront à coup sûr la nouvelle assemblée régionale sitôt élue.
La rédaction
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