Malgré l’engagement pris, en signant la charte éthique d’Archipel Citoyen, Caroline Honvault fait le choix de cumuler ses deux mandats au sein du conseil municipal de Toulouse et du conseil départemental de Haute-Garonne. Une décision qui la pousse à quitter le mouvement qu’elle a pourtant participé à fonder.
Il aura fallu un mois à Caroline Honvault pour prendre sa décision et l’assumer face aux militants d’Archipel Citoyen. L’élue d’opposition au sein du conseil municipal de Toulouse vient d’annoncer, ce lundi 26 juillet, qu’elle cumulera bien son mandat avec celui de conseillère départementale. Une décision qui entre en contradiction avec la charte éthique d’Archipel citoyen et qui la contraint, poussée vers la porte par le cercle éthique de l’association, à quitter ce mouvement de rénovation politique qu’elle a pourtant participer à fonder.
« Ça a été une décision douloureuse. J’ai eu le sentiment de me retrouver devant un tribunal », regrette l’élue qui, face aux divergences provoquées par le sujet au sein du mouvement et à l’opposition du cercle éthique, abandonne sa qualité d’adhérente et s’engage à ne plus apparaître au titre de membre d’Archipel citoyen. Une décision dont la mouvement a pris acte dans un communiqué de presse.
En effet, depuis son élection au conseil départemental de Haute-Garonne en binôme avec Marc Péré, le 27 juin dernier, Caroline Honvault se trouvait dans une situation de cumul des mandats pourtant proscrite par la charte éthique d’Archipel citoyen. Un document dont elle a participé à l’élaboration. « Quand nous avons rédigé ce code éthique, qui va au-delà de ce qui est imposé par la loi, nous l’avons fait avec les connaissances dont nous disposions à ce moment et qui étaient forcément incomplètes. De même, quand je l’ai signé, je n’avais jamais été élue et j’ignorais la réalité de cette charge. Avec l’expérience on se rend compte que certains principes se heurtent à la réalité du terrain », justifie-t-elle avant d’évoquer son expérience d’élue d’opposition.
Militante au sein des Maisons des jeunes et de la culture avant d’entrer au conseil municipal, Caroline Honvault a du mettre son engagement associatif de côté afin de se consacrer à son mandat. « Depuis un an que je suis dans l’opposition, comme je ne suis pas dans l’exécutif, je ne peux plus rien faire de concret. C’est extrêmement frustrant. En cumulant avec le mandat de conseillère départementale, qui est également non exécutif, j’aurai accès à plus d’informations et je pourrai être plus percutante dans chacune de mes deux fonctions. De plus, plutôt que de m’enrichir, le cumul des indemnités de mes deux mandats me permettra de me mettre en disponibilité de mon travail et ainsi, d’avoir une action la plus efficace possible », argumente-t-elle.
Une nuance que le collectif citoyen a décidé de prendre en compte en révisant son code éthique afin de mieux s’adapter à « la réalité des mandats que ce soit dans la majorité mais aussi dans la minorité » et aux « articulations qui pourraient exister entre différents mandats et les règles applicables en cas d’accords électoraux ».
Une argument de complémentarité des deux mandats qui s’ajoute à un contexte électoral particulier. « Si je me suis engagée dans les départementales c’est parce que nous avions des difficultés à trouver des candidates femmes pour constituer un binôme avec Marc Péré. Je n’étais pas le premier choix et je ne pensais même pas que nous gagnerions cette élection. Mais, aujourd’hui, former un groupe minoritaire au conseil départemental me semble constituer une opportunité qui va me permettre d’être encore plus efficace. Si je ne la saisis pas, je crains que le bilan soit décevant et que, dans six ans, nous ayons encore plus de mal à trouver des candidates femmes hors des partis politiques pour porter notre projet », ajoute Caroline Honvault.
Mais tous les militants d’Archipel citoyens ne sont pas convaincus par cette vision pragmatique de l’engagement politique. « Au sein d’Archipel, il y a deux positions. Ceux qui pensent que l’on doit être purs et respecter ses engagements et ceux, comme moi, qui pensent que nous avons toujours construit notre mouvement en marchant. En discutant des difficultés au fur et à mesure où elles se sont présentées. Nous nous sommes engagés avec une charte éthique, mais ce n’est pas le seul texte. C’est avant tout un outil qui doit se mettre au service de la ”raison d’être” de notre mouvement : redonner le pouvoir aux citoyens. Or, je me sens parfaitement en phase avec cette dimension et je suis convaincue que nous devons nous donner les moyens de mettre en œuvre ce projet. D’autant qu’il y a une véritable urgence démocratique, sociale et environnementale », rappelle Caroline Honvault qui quittera tout de même le mouvement par « respect » pour celui-ci.
Un départ du groupe Archipel qui ne préfigure pas nécessairement d’une éviction des groupes constitués au sein des deux assemblées : au conseil municipal ou au conseil métropolitain. Chaque groupe étant amené à prendre sa décision, à la rentrée, indépendamment de celle du mouvement. Si ces derniers s’alignaient sur le choix de l’association, Caroline Honvault se verrait alors contrainte de siéger en tant que conseillère municipale et métropolitaine non rattachée.
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