Lors d’un Conseil municipal de Toulouse houleux, un amendement ”spontané” a été voté pour passer à quatre le nombre d’élus nécessaires pour constituer un groupe. L’opposition dénonce un coup de force orchestré pour dissoudre un des deux groupes minoritaires. Le Conseil municipal de Toulouse a été marqué par une séquence qui a provoqué la colère de l’opposition ce jeudi 8 octobre ©Patrice Nin
Un groupe d’opposition purement et simplement dissous par un amendement proposé sans discussion préalable. C’est la scène peu habituelle qui s’est déroulée ce matin lors du Conseil municipal de Toulouse et qui a provoqué la fureur de l’ensemble de l’opposition. Tout est parti d’une prise de parole en apparence anodine de Philippe Perrin, conseiller municipal membre de la majorité, notamment en charge du vélo.
À l’issue de la présentation classique d’une délibération portant sur le règlement intérieur du Conseil municipal, le nouveau venu s’est interrogé « naïvement » pour savoir s’il ne serait pas judicieux d’harmoniser le nombre d’élus nécessaires pour constituer un groupe avec celui du Conseil métropolitain. Ce seuil étant de quatre à la Métropole et de deux au conseil municipal, nombre fixé par Jean-Luc Moudenc lui-même lors de son arrivée au Capitole en 2014. Une décision qui remettrait en cause l’existence d’un des groupes d’opposition.
Se sont alors enchaînées plusieurs prises de parole de la majorité dans un concert qui semblait orchestré, contrairement à ce que laissaient paraître les intervenants. Laurence Arribagé, Jean-Jacques Bolzan ou encore Emilion Esnault ont ouvert tour à tour leur micro pour souligner la pertinence de la proposition du « novice », dixit Jean-Jacques Bolzan. Daniel Rougé finissant donc par proposer un amendement au règlement intérieur pour faire passer à quatre le nombre d’élus minimum pour constituer un groupe.
« Mascarade », « théâtre », « comédie », « scène pathétique », « hold-up en bande organisée »… Les élus d’opposition n’ont pas manqué de mots pour s’insurger contre ce qu’ils qualifient de « coup de force tout sauf spontané ». Et qui revient donc à dissoudre le groupe socialiste et communiste intitulé « De l’énergie pour Toulouse » et formé par Vincent Gibert et Pierre Lacaze, tous deux présents sur la liste Une de Nadia Pellefigue au premier tour des dernières municipales, avant la fusion avec Archipel Citoyen.
« En privant de parole notre groupe, vous écartez de la vie démocratique les 18% de Toulousains qui ont voté pour notre liste. Vous vous asseyez sur la démocratie », adresse Vincent Gibert à Jean-Luc Moudenc. Antoine Maurice, président du groupe Archipel Citoyen, s’étonne, lui, que la proposition n’ait pas été présentée lors des réunions de groupe qui précèdent le conseil : « cette mise en scène ridicule enlève tout l’intérêt au travail que nous réalisons en amont et nous en venons à nous demander s’il est encore utile d’y participer ».
Après une nouvelle intervention de Romain Cujives dénonçant « un bâillonnement des adversaires », le ton est même monté quand Philippe Perrin a repris la parole constatant que « les chiens [étaient] lâchés ». Un climat tendu que Pierre Eplugas-Labatut, autre élu de la majorité n’a pas contribué à apaiser : « Nous vous offrons l’occasion de nous faire mentir en montrant votre unité. Et je vous rappelle que c’est vous qui avez souhaité la fusion au deuxième tour. Deux, c’est un couple, au delà, c’est un groupe », pique, non sans ironie, l’adjoint au maire en charge des musées.
Revenant au fonds du problème, Pierre Lacaze a rappelé de son côté qu’il n’y avait aucun souci d’harmonisation avec la métropole : « le nombre d’élus à la métropole (133, ndlr) est deux fois supérieur à celui de la mairie (69, ndlr), il est tout à fait normal que le seuil pour constituer un groupe soit proportionnel. C’est donc déjà harmonisé. Mais quand bien même, nous aurions tout à fait pu discuter du sujet dans des conditions normales, en réunion de groupe. Cela pose la question du fonctionnement démocratique de cette assemblée », conclut l’élu.
Mettant fin au débat, Jean-Luc Moudenc a finalement soumis au vote l’amendement, adopté sans surprise, à la majorité. Il n’y a désormais et pour l’instant plus qu’un seul groupe d’opposition au Conseil Municipal.
Commentaires