Pas moral. Alors que le président sortant a déjà annoncé qu’il ne briguerait pas un nouveau mandat, les couloirs de l’hôtel du département connaissent des moments agités … Le JT a même entendu parler d’un parachute doré. Explications.
Par Julien Davenne
C’est beau le crépuscule. C’est beau, mais c’est pénible. Ça traîne en longueur, c’est lourdingue et à la fin, c’est mélancolie et nostalgie. Un truc pénible quoi. Au Conseil général de la Haute Garonne, c’est le crépuscule. Le président s’en va, les élus doutent de le rester, les têtes pensantes sont déjà ailleurs. Le CG va changer ; on ignore jusqu’où et avec qui, mais il va changer. Déjà, la garde rapprochée s’éloigne. Pendant des années, ces « emplois fonctionnels » ont entouré le président, fait exécuter ses décisions et encaissé ses humeurs. Ils sont taillables et corvéables, doivent une fidélité sans faille et sont en outre sur un siège éjectable. Ce sont des emplois de direction et de collaborateurs directs des exécutifs. Les emplois fonctionnels sont le nectar de l’administration. Ils tutoient le pouvoir, arrivent et partent avec lui. C’est peut-être pour prendre en compte cette douloureuse précarité que la loi du 26 janvier 84, a inventé le congé spécial. Spécial, en effet.
“Cinq ans de salaire, cinq ans offerts, c’est possible”
Ce congé permet aux fonctionnaires territoriaux occupant un emploi fonctionnel de se voir accorder un congé d’une durée maximale de cinq ans. Sans solde ? Non, la loi règle la question comme une évidence : « Pendant ce congé, la rémunération des intéressés demeure à la charge de la collectivité ou de l’établissement public concerné. »Cinq ans de salaire, cinq ans offerts, c’est possible, c’est légal, c’est normal.Normal, c’est ce qu’a pensé la directrice générale adjointe du pôle administration générale, éducation et intervention départementale au Conseil général. Alors, elle en a profité, avec une rémunération excédant les 5000 € mensuels, on peut s’organiser.Les syndicats du Conseil général luttent depuis lurette contre la précarité, pour l’évolution des carrières, pourtant, le congé spécial ne passe pas. Dans un tract dénonçant le « parachute doré », Sud Solidaires, la CGT et FO listent les litiges et conflits toujours ouverts. Peu enclins à la mélancolie, ils soulignent la précarité lancinante de 550 agents contractuels, les attentes de nominations, les promotions oubliées, les départs à la retraite non remplacés, les agents qui y sont mis d’office. Dans ce climat particulier d’une transition annoncée, c’est un peu le solde de tout compte que présentent au président partant les syndicats majoritaires du Conseil général. L’union syndicale est une chose suffisamment rare pour souligner la performance. Si l’UNSA et la CFDT n’ont pas été invités à se joindre à la protestation, c’est que leurs positions coutumières ne les placent pas en pôle position de la combativité. Le secrétaire de la CFDT ayant par ailleurs qualifié « d’indécent » le tract unitaire. C’est, semble-t-il, la première fois qu’un congé spécial est accordé au sein de la collectivité. Faut-il y voir la manifestation de cette politique de la terre brûlée que relèvent certains ? peut-être. Pour en savoir plus il ne faut, hélas, pas compter sur les explications du président, notre demande d’interview étant restée sans réponse.Toujours est-il que les organisations syndicales prennent date et donnent au successeur de Pierre Izard la tonalité des revendications qui lui seront présentées au lendemain de son élection.Dès l’aurore sans doute.
La rédaction
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