Le Columérin Abdel Chouari, qui a appris le breakdance dans la rue, a réussi à rafler quatre titres de champion du monde. Après plusieurs années de sacrifice pour atteindre ce niveau, il a arrêté la compétition en individuel pour se consacrer à son école de breakdance et ses festivals de danse, notamment. Mais ce n’est pas pour autant qu’il ne se lance plus de défis.
« Tous les dimanches, nous nous retrouvions dans le centre de Colomiers avec nos postes radio cassette pour danser », raconte Abdel Chouari, quatre fois médaillé d’or au Championnat du monde de breakdance et directeur de Break’in School, première école de breakdance en France. Né en 1984, le Columérin découvre le hip-hop à l’âge de 12 ans. « Je me suis dit : “C’est quoi ce truc de fou” », se souvient-il.
« Piqué » par cet univers, Abdel Chouari, qui a vécu toute son enfance au sein du quartier du Val-d’Aran à Colomiers, décide de se mettre au breakdance. Il esquisse ses premiers pas de danse dans la rue. « Il n’y avait pas d’école de breakdance avant », rappelle-t-il. Des “grands” de son quartier, qui décèlent un certain talent chez lui, le prennent sous leur aile. « Ils venaient chez moi et demandaient la permission à ma mère pour m’emmener danser avec eux », sourit Abdel Chouari.
À cette époque, la danse n’est pas le seul sport qui l’attire. Son cœur balance effectivement entre le breakdance et le football. « Je faisais les deux en même temps. Mais à 15 ans, j’ai décroché du football », précise Abdel Chouari. Il abandonne donc le ballon pour se consacrer aux jeux de jambes. « Le hip-hop diffuse des valeurs de partage et d’échange qu’on ne retrouve pas forcément dans certains sports qui sont collectifs, mais pourtant très individualistes comme le football », explique Abdel Chouari.
Un choix qui va forger la personne qu’il est aujourd’hui. Selon lui, le breakdance l’a « construit en tant qu’homme ». « Cela m’a permis de trouver une échappatoire. On extériorise le négatif, comme les mauvaises émotions, par le positif, la danse. C’est une thérapie pour essayer d’avancer », confie le Columérin.
Avec sa première compagnie “Les Gremlins”, Abdel Chouari donne plusieurs spectacles dès 1998. Mais c’est au début des années 2000 que tout s’accélère pour le danseur. C’est le début des “battles”. Il monte alors un autre groupe avec quelques amis d’enfance. « Nous avons commencé par faire des compétitions dans le Sud, puis partout en France. Cela a été une très bonne formation », estime Abdel Chouari. Rapidement, il se fait remarquer par « une grosse écurie » : le Vagabond Crew.
Abdel Chouari saisit sa chance et rejoint ce groupe de breakdance. Un choix décisif puisque sa carrière internationale va ensuite décoller. Il décroche son premier titre de champion du monde de breakdance en 2006. Abdel Chouari a alors 22 ans seulement. Il obtiendra quatre titres mondiaux au total. Mais pour arriver à ce niveau, il a dû faire des « sacrifices monstres ».
« Je n’ai pas eu la même jeunesse que certains amis qui faisaient la fête tout le temps. J’ai mis ma vie de côté. Cela a été très dur. Mais je ne le regrette pas. Je voulais réussir dans mon sport. Le reste n’était pas prioritaire », estime le danseur. Aujourd’hui, Abdel Chouari se dit épanoui à tous les niveaux. Il est marié, père de deux enfants, directeur d’une école de breakdance qui compte 300 élèves et continue de danser.
En revanche, le Columérin ne fait plus de compétition individuelle. « Ma carrière et mes titres sont derrière moi. J’ai atteint mes objectifs personnels dans le breakdance, je suis allé au plus haut niveau », constate-t-il. Mais le danseur se voit encore faire de la compétition en équipe « pour le kiff ». « Une battle internationale avec mes élèves me plairait », avoue-t-il.
Le groupe de jeunes danseurs de son école, les “Break’in Kids”, va d’ailleurs représenter la France lors des championnats du monde de breakdance en décembre prochain au Japon. « C’est exceptionnel. Nous allons essayer de faire le plus beau résultat possible », assure Abdel Chouari. Il ajoute : « C’est un gros challenge pour moi puisque je suis du côté coach cette fois. Ce serait incroyable d’avoir un titre en tant qu’entraîneur. ».
Un nouveau défi parmi tant d’autres pour Abdel Chouari. Le Columérin adore en effet « battre des records ». C’est d’ailleurs ce qu’il compte faire avec le Pink City world Battle, son festival de breakdance, dont la seconde édition a eu lieu les 14, 15 et 16 octobre dernier. « D’ici deux ou trois ans, j’espère que ce sera le plus gros événement dédié au breakdance dans le monde », souhaite-t-il.
C’est le deuxième événement de ce genre qu’organise Abdel Chouari. Il a effectivement lancé le Nothing2Looz en 2012. Depuis, ce festival de danses hip-hop a lieu tous les ans à Colomiers. En plus de ces événements et de son école, le danseur a par ailleurs créé un organisme de formation, AC Formation & Conseil, qui vise à accompagner le montage d’associations. S’il a arrêté la compétition, Abdel Chouari cherche donc toujours à donner du mouvement à son quotidien.
« C’est compliqué de tout concilier. Mais je mets la même exigence que j’avais pour ma carrière sportive dans mon travail », indique-t-il. Tout son investissement a récemment été récompensé. Abdel Chouari a obtenu l’ordre national du Mérite en juin dernier. « C’est une très belle reconnaissance. Cela prouve qu’on peut arriver à de belles choses si on s’en donne les moyens », souligne celui qui vient d’une « famille très modeste ».
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