Dirigeante d’une agence de communication à Toulouse, Anouk Déqué vient d’être élue présidente du réseau national Femmes Chefs D’entreprises. L’objectif de son mandat est identique à celui poursuivi tout au long de sa carrière : défendre l’entrepreneuriat féminin.
« Je travaille quotidiennement de 6h à 23h ». Après avoir présidé la branche départementale du réseau national Femmes Chefs d’Entreprise (FCE) en Haute-Garonne, Anouk Déqué, emblématique directrice de l’agence de communication éponyme basée à Toulouse, vient d’être élue à la tête de la FCE France. Cette association a été fondée par Yvonne-Edmond Foinant il y a plus de 75 ans. « Comme beaucoup de femmes, elle a repris la direction de l’entreprise de son mari parti au combat pendant la Seconde Guerre mondiale. Lorsque les hommes sont revenus du front, et qu’ils ont voulu récupérer leurs emplois, elle a dit : “Non. Pourquoi les femmes n’auraient pas leur place à la tête des entreprises ? ” » raconte, avec admiration, Anouk Déqué.
France Chefs d’Entreprises se bat encore aujourd’hui pour défendre l’entrepreneuriat féminin. L’association comprend 62 délégations dans l’hexagone et l’outre-mer. « Notre objectif est d’encourager les femmes à créer leur entreprise, à reprendre la gestion de sociétés existantes, à s’engager dans les institutions sociales, politiques, syndicales et patronales », résume l’entrepreneure toulousaine : « Notamment par le biais d’événements, de formations, de mentorats, de partages d’expériences et d’ateliers organisés plusieurs fois par mois dans toute la France ».
« Le syndrome de l’imposteur est encore très présent chez les femmes dans le monde du travail », regrette Anouk Déqué. Elle fait partie des personnes qui se sont toujours battues contre. Au sortir de ses études de droit des affaires, et après avoir passé cinq semaines à arpenter les États-Unis avec pour seul bagage un sac à dos, la jeune juriste se lance dans l’entrepreneuriat en créant, à Toulouse, sa « boîte de com’», un secteur « très masculin dans les années 1990 », observe-t-elle.
« Être communicante, c’est un peu comme être avocate. Je défends la cause de mes clients »
Beaucoup ont tenté de la décourager. Un banquier a même souhaité s’assurer qu’elle bénéficiait bien de l’accord de son mari pour monter sa société. « Heureusement, j’ai toujours eu un entourage très bienveillant. Ma mère était elle-même chef d’une entreprise de quincaillerie dans les Hautes-Pyrénées. Elle m’a inculqué la ténacité, l’autonomie, l’indépendance et m’a appris à ne pas compter mes heures de travail », évoque-t-elle. Son grand-père, gérant d’une société dans le BTP, a également été d’un grand soutien. « Quand je me suis lancée, il m’a dit : “Tu es fonceuse, ça fait partie de toi, alors fonce”. Il faisait pourtant partie d’une génération où avoir un métier, c’était devenir médecin, avocat, ingénieur… », se souvient Anouk Déqué.
L’Agence Anouk Déqué compte aujourd’hui une dizaine de salariés spécialisés dans le développement et la communication d’influence pour les entreprises et les institutions. « Mon travail est passionnant. J’aime rencontrer de nouvelles personnes, découvrir leurs métiers, leurs savoir-faire, m’engager dans leurs projets et les voir grandir. Être communicante, c’est un peu comme être avocate, je défends la cause de mes clients », assure l’entrepreneure.
Engagée, Anouk Déqué l’est aussi auprès de sa ville, et plus globalement de sa région. Dans les années 2000, elle prend la tête de la Confédération des petites et moyennes entreprises de Haute-Garonne (CPME 31). « Là aussi, à cette époque, il n’y avait pas beaucoup de femmes autour de la table », remarque-t-elle. En parallèle, elle occupe la place de membre élue de la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) Occitanie, avant de devenir, en 2016, vice-présidente de la CCI de Toulouse. « J’ai tenu à défendre l’entrepreneuriat féminin dans chacun de ses mandats. J’ai également toujours souhaité mettre en lumière les petites entreprises, favoriser la diversité, l’inclusion… Mais aussi, tenté de faire comprendre que les diplômes ne font pas tout. Ce qui compte, c’est l’envie, la bienveillance, la curiosité et l’engagement ».
Anouk Déqué se dit amoureuse de Toulouse. « C’est une ville très dynamique, dans laquelle règne une ambiance chaleureuse de jour, comme de nuit », sourit la communicante. Elle y a rencontré ses amis, avec lesquels elle partage des « moments essentiels » malgré un emploi du temps souvent surchargé. « Je ne suis pas la plus fine des cuisinières, mais j’adore recevoir mes proches autour d’un bon repas, et surtout, d’une bonne bouteille de vin », plaisante-t-elle.
« J’aime partir à l’aventure, sans avoir de destination ou de programme précis »
Fervente supportrice du Stade Toulousain – rugby masculin, comme féminin – elle ne cache pas son affection pour l’Aviron bayonnais. Le pays Basque occupe en effet une grande place dans son cœur. « Là-bas, il y a un certain respect des notions de valeur et de reconnaissance, notamment envers la famille et les anciens », poursuit-elle. Anouk Déqué y passe beaucoup de temps en vacances, même si elle ne prend que trois semaines de congés par an. « Nous ne sommes pas obligés d’aller très loin pour découvrir de superbes paysages. Nous avons de la chance de vivre dans le Sud de la France », soutient-elle.
La toulousaine a tout de même voyagé dans de nombreux pays, comme en Espagne, au Royaume-Uni, en Hollande, en Belgique, en Écosse, au Portugal, aux Seychelles, en Martinique et en Guadeloupe. « J’adore particulièrement l’Italie, Rome et Florence en tête », ajoute celle qui n’est pas du genre à se prélasser au bord d’une piscine. Au contraire, elle préfère partir à l’aventure, « sans avoir de destination ou de programme précis. Mais simplement avec l’envie de visiter et de découvrir de nouvelles cultures ».
Anouk Déqué se passionne globalement pour toutes les activités qui lui permettent « d’ouvrir son esprit », tels que la littérature, la musique, le théâtre, la poésie, le cinéma. Elle s’accorde peu souvent le temps d’aller voir des spectacles. « Mais parfois, même si je suis fatiguée, je m’oblige à quitter le bureau plus tôt pour aller voir une pièce. Je ris, je pleure et quand j’en sors, je me sens bien », admet-elle. Elle regrette d’ailleurs ne pas avoir eu le temps d’aller voir le film biographique de Simone Veil, “Le voyage du siècle“. Mais elle assistera, en avril, à une représentation théâtrale de la pièce “Simone Veil, les combats d’une effrontée“, par Cristiana Reali. Et lorsqu’on lui demande si elle compte lever un jour un peu le pied pour consacrer plus de temps à ses activités extra-professionnelles. Sa réponse est claire : « Un jour, oui. Lequel ? Je ne sais pas ».
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