Comme le personnel soignant, les pharmaciens sont en première ligne face à l’épidémie du Covid-19. Lydie, travaille dans une officine de l’agglomération toulousaine. La pharmacienne raconte “le vent de folie” qui a suivi l’arrivée du Covid-19 en France.
CC Max Braun/Flickr“Au début, nous étions très en colère parce que nous prenions des risques pour des personnes qui ne respectaient pas les mesures de confinement pour limiter la propagation du Covid-19”, confie Lydie, pharmacienne dans une officine de l’agglomération toulousaine. Exerçant un métier de service, elle sait qu’elle doit se rendre sur son lieu de travail malgré le confinement. Elle le fait avec plaisir mais les dix premiers jours qui ont suivi la mise en place des restrictions des déplacements ont été difficiles. “Nous avons accueilli à la pharmacie une foule de personnes qui avaient peur de ne pas avoir de médicaments ou d’attraper le virus parce qu’ils n’avaient pas de masques ni de gel”, raconte Lydie. L’affluence au sein de la boutique a vite augmenté, passant de 250 clients par jour à 350. Et le téléphone s’est mis à sonner en continu. Avec ce vent de panique, la pharmacienne et son équipe se sont retrouvés confrontés à l’agressivité et aux demandes parfois insolites des clients : “Les gens nous demandaient de leur livrer des médicaments parce qu’ils avaient peur de se déplacer et d’être contaminés alors qu’ils étaient bien portants. Ils considéraient qu’ils ne pouvaient pas prendre de risques mais nous, ce n’était pas grave”, rapporte Lydie. Elle ajoute : “D’autres nous demandaient des masques pour aller se promener. Il a fallu expliquer que non, ce n’était pas possible. Les masques sont exclusivement utilisés pour éviter de contaminer et non pour se balader.”
Dès le début de l’épidémie en France, les employés de la pharmacie ont dû revoir leur organisation de travail. “Nous avons décidé de laisser les clients patienter à l’extérieur et de les faire rentrer un par un. Et les médecins nous envoient directement les ordonnances pour que les gens passent le moins de temps possible dans l’officine”, explique Lydie. Avant d’ajouter : “Toute personne atteinte du virus ou qui présente des symptômes doit désormais nous appeler pour que nous puissions aller la servir dans sa voiture.” Au sein de la pharmacie, des mesures de sécurité ont également été mises en place : des marquages au sol ont été ajoutés pour délimiter les distances de sécurité et un sens de circulation, et des vitres en plexiglass ont été installées sur les comptoirs. L’équipe porte des masques à longueur de journées et désinfecte l’ensemble des surfaces toutes les deux heures. Lydie l’affirme, le coronavirus occupe son esprit en permanence, que ce soit au travail ou le soir en rentrant chez elle. “Je me demande toujours si je ne vais pas le ramener à la maison donc dès que je passe la porte, je vais me doucher par peur de le transmettre à ma famille”, avoue-t-elle.
Malgré la crainte de contaminer leurs proches, toute l’équipe de la pharmacie a répondu présente. Et c’est dans une “ambiance détente” que le personnel exerce son métier : “Nous prenons des pauses. Nous nous réservons des moments de convivialité durant lesquels les fous rires sont fréquents… Pour lâcher la pression”, déclare Lydie. Après un début de confinement chaotique, elle a pu observer un changement dans le comportement des gens ces dernières semaines. Lydie et ses collègues reçoivent de plus en plus de remerciements et constatent un élan de solidarité de la part de leurs clients. “Des couturières ont remarqué que nous n’avions pas de masques et nous ont proposé d’en fabriquer en tissu”, raconte la pharmacienne. Des clients sont également venus chercher des médicaments à la place de personnes âgées ou de celles qui ne peuvent pas se déplacer. Ce circuit d’entraide met du baume au cœur de ces professionnels de la santé, en première ligne dans la lutte contre le coronavirus.
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