Directeur du Théâtre de la Cité de Toulouse depuis 2018, le dramaturge d’origine bulgare Galin Stoev n’en oublie pas pour autant de donner vie aux grands textes de ses contemporains, comme en témoigne sa dernière création : “IvanOff“, d’Anton Tchekhov. Alors, entre deux mises en scène, il prend place dans la salle, pour répondre à nos questions… décalées.
Galin Stoev, quelle est la pire soirée que vous ayez connue ?
Je devais remplacer un comédien – à qui l’on venait de proposer une pub – dans une de mes mises en scène. Comme je connaissais le texte par cœur, je n’avais pas d’appréhension particulière. J’étais donc sur scène mais, au lieu de jouer, je surveillais ce que faisaient les autres acteurs. À cause de ça, je faisais des pauses complètement déplacées, qui n’étaient pas du tout dans la direction de jeu que j’avais donnée, et ça m’énervait. Comme si j’étais en guerre avec moi-même. Après la représentation, je me suis effondré dans la loge et je virais tous les comédiens qui essayaient de me dire que ce n’était pas si mal… C’était la honte totale ! Je ne veux plus jamais revivre ça.
Un souvenir de ce que vous avez acheté après avoir touché votre premier salaire ?
Je me suis acheté une voiture Fiat polonaise – l’équivalent dans les pays de l’Est de vos 4L. Je conduisais très mal, c’est un miracle que je n’aie pas commis d’accident grave.
La situation la plus délicate que vous ayez connue ?
Après une représentation, un homme est venu me parler en se présentant comme comédien et m’a dit qu’il voulait qu’on se rencontre dans le cadre du travail. Moi, je n’étais pas très concentré. Je lui ai dit de me laisser ses coordonnées et que je l’appellerai. Il a écrit timidement son nom et son numéro sur son billet. Je l’ai retrouvé quelques jours plus tard et j’ai tapé son nom dans Google. J’ai alors vu qu’il s’agissait d’une grande star de cinéma et c’était vraiment embarrassant de ne pas l’avoir reconnu.
Votre principale phobie ?
Me retrouver coincé entre des rochers, très étroits, au fond d’une grotte.
“Je me souviens des nuits d’été, pleines de lucioles”
Le plat que vous détestez ?
Le bloempanch (gros boudin noir de 10 centimètres de diamètre, NDLR).
Une recette de cuisine à nous conseiller ?
Les pennes de Jamie Oliver, avec tomate, cannelle, thon, échalotes, piment, citron râpé et basilic.
Votre destination de vacances préférée ?
Une seule ? Ce n’est pas possible. La montagne Rodopi en Bulgarie, les Philippines, et la région de l’Istrie en Croatie.
Votre endroit préféré à Toulouse…
Un banc au bord du Canal, un peu loin du centre, où je vais à vélo.
Ce que vous ne supportez pas chez les autres ?
C’est dur comme question ! La trahison.
L’animal qui vous fait peur ?
L’animal qui, par son expérience, voit les êtres humains comme une menace. Cette idée me fait toujours peur.
Un souvenir de vacances ?
Quand j’étais petit, j’avais cette notion d’« aller en vacances » (une notion que j’ai perdue depuis). Je me souviens des nuits d’été, pleines de lucioles. Attraper une bête, mettre un peu de salive et la coller sur son front. Cela je ne l’ai pas vu ni vécu depuis très, très longtemps.
Un concert marquant : “celui d’Ibrahim Maalouf”
La carrière que vous n’auriez jamais pu embrasser ?
Rugbyman.
Un concert qui a marqué votre vie ?
Dernièrement, le concert d’Ibrahim Maalouf, au Zénith. Dans un moment de détresse totale comme celui dans lequel nous sommes, où chacun vit séparément dans une sorte d’isolement qui n’est pas seulement social mais émotionnel aussi. Et, alors qu’on ne sait pas encore parler de cette expérience, cet artiste arrive à relier les gens les uns avec les autres à travers sa musique et son énergie. Lors de ce concert, il a réussi à créer un chant commun où nos énergies se rencontraient et je trouve ça très digne d’un geste artistique. C’est quelqu’un qui arrête de déconstruire et qui commence à construire.
Quel est votre plus grand regret ?
J’essaie de faire en sorte qu’on ne me pose pas cette question.
Une remarque désobligeante qu’on vous a faite récemment ?
Je pense que les gens disent souvent des choses désobligeantes parce qu’ils n’arrivent pas à prendre en compte tous les éléments de la situation et à la regarder d’une manière multidimensionnelle. C’est souvent des erreurs de communication qui produisent des commentaires désobligeants.
Films références : “Sexe, mensonges et vidéo” et “Raison et Sentiments”
Vous souvenez-vous d’un (gros) mensonge d’adolescence ?
Une fois, j’ai dit que mon vrai père était un grand comédien bulgare. Et j’ai été étonné de me rendre compte que quelqu’un l’avait cru, alors que c’était une blague.
Votre film référence ?
“Sex, Lies, and Videotape” (“Sexe, mensonges et vidéo”) de Steven Soderbergh. Là, j’ai vu comment on créait une structure et des constellations entre les personnages de manière très simple et épurée, presque mathématique. Et en même temps, il y a une fragilité et une poésie très émotionnelle dans les rapports entre les êtres dans ce film.
“Sense and Sensibility” (“Raison et Sentiments”) de Ang Lee, avec ce duo d’écriture de Jane Austen et Emma Thomson, deux femmes complètement différentes qui arrivent à créer une passerelle et raconter l’histoire d’une seule.
Si la fin du monde approchait, que vous empresseriez-vous de faire?
Je vous incite à regarder le film “Don’t look up : un déni cosmique” de Adam McKay. Je pense que c’est un film manifeste qui arrive à nous faire rire sur un sujet comme la fin du monde. Je pense que je regarderais ce film.
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