Suite de notre série sur les voix toulousaines incontournables, avec aujourd’hui le portrait de Jean Rességuié, l’homme aux 1 850 matchs commentés sur RMC, dont l’accent du Sud s’impose comme une évidence à tous les amoureux de football.
« Souvent, on me dit : ”Je vous ai reconnu à votre voix” », confie Jean Rességuié. Cette dernière est en effet identifiable entre toutes. Et il en cultive chaque intonation. « Il m’arrive de perdre mon accent quand je suis à l’antenne, mais je fais tout pour le garder ! Même si je continue à me faire chambrer avec des ”On sait d’où vous venez vous !” », Jano, comme le surnomment les auditeurs de RMC, vient évidemment du Sud. Né en 1963, à Montauban, il est le « catchounil, celui qui n’était pas prévu au programme », choyé par ses parents et sa grande sœur.
C’est à la mort de son père que Jean Rességuié, 19 ans, lâche les études de photo qui le prédestinaient à reprendre le magasin familial, pour se lancer tête baissée dans la radio, sa passion. « Je me souviens, lorsque je cherchais une station sur les grandes ondes, à l’époque où la FM n’existait pas : il y avait quelque chose de magique ». Enfant des radios libres, comme il se définit lui-même, Jano devient bénévole sur Radio Ingres, puis commence à piger pour Bas Quercy Radio. Écumant les stades de foot, il fait ses premières armes de commentateur sportif aux côtés de Jean Abeilhou, une autre voix du sport et du Sud devenue incontournable.
En 1987, Jean Rességuié se fait entendre pour la première fois sur RMC, en tant que correspondant au bureau de Toulouse. Il traite de tous les sujets. Police, justice, aéronautique, faits divers… et un peu de rugby, de football, de basket et de handball. L’époque est « dorée, insouciante ». Jano et ses collègues des radios concurrentes ne se quittent plus. « Il y avait des liens très forts entre nous : nous finissions nos journées de reportage ensemble, nous faisions des soirées, j’étais jeune et célibataire… C’était l’insouciance ». Sur les matchs du TFC ou du Stade toulousain, Jean Rességuié impose son style à l’antenne. Et, à partir de 1997, on ne lui confie plus que des sujets sportifs. « C’était mon objectif ».
Au tournant du siècle, tout s’accélère. Alors que ses audiences coulent, RMC est rachetée et Jean Rességuié monte à Paris. « Les nouveaux propriétaires avaient une idée très précise de ce qu’ils voulaient faire. Ils proposaient des choses innovantes, notamment en faisant intervenir les auditeurs ». Le Montalbanais devient alors LA voix du foot. Accompagné par Jean-Michel Larqué, Rolland Courbis, Luis Fernandez, Eric Di Meco, tous les dimanches et sur tous les grands rendez-vous. En 2012, pour installer sa voix « comme une marque », on lui demande de ne plus faire que des commentaires de matchs. Il en a aujourd’hui 1 850 à son compteur. « J’ai, en quelque sorte et en toute modestie, pris la suite d’Eugène Saccomano (journaliste sportif sur Europe 1 et RTL, décédé en 2019, NDLR.) ».
Il a beau être le doyen de sa station, Jano a toujours le même plaisir au micro, « qu’il s’agisse d’une rencontre au sommet ou en Coupe de France. Mon métier c’est de raconter le foot. » Reconnaissant envers tout ceux qui l’ont fait avancer, il se dit qu’il n’a pas perdu son temps en 40 ans de carrière et que son père serait fier de lui. « Malheureusement, il est parti trop vite et n’a jamais entendu ma voix derrière le poste ». La retraite ? Jean Rességuié l’imagine « le plus tard possible, après encore une ou deux Coupes du monde… Mais je n’irai pas jusqu’à 70 ans. J’ai envie de faire autre chose », comme arpenter les brocantes et les puces et collectionner les antiquités. À Montauban bien sûr, « qui n’a jamais été aussi près de Toulouse ». Et toujours à portée de main d’un micro, « histoire de réveiller la passion ».
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